D’origine espagnole ne veut pas dire obligatoirement que nos ancêtres ont franchi la frontière pendant la “Retirada” en 1939.
Pour mon cas personnel, mes grands-parents maternels sont nés tous les deux à Barcelone. Ils sont arrivés en France dans les années 30 pour des raisons économiques et se sont installés à Argelès-sur-Mer pour créer un atelier de fabrication de bouchons de liège.
Aujourd’hui, dans un certain microcosme, dire “ma famille a passé la frontière pendant la Retirada” est bien vu. C’est une façon d’enrichir à bon compte le roman familial, de créer une petite mythologie personnelle à moindre coût. C’est une façon de vivre dans le mensonge. Alors qu’en réalité ils ont franchi la frontière au Perthus, en voiture, dans les années 50/ 60, à la recherche d’un emploi en France. Chose que l’on peut comprendre aisément.
Mais alors pourquoi vouloir cette reconnaissance familiale, d’un passé douloureux qui a marqué ces hommes et ces femmes, fuyant le franquisme pour la liberté en France ? Peut-être est-ce simplement une façon de se prendre pour la grenouille de la fable, celle qui veut se faire aussi grosse que le bÅ“uf ?!…
Je suis de plain-pied avec ceux qui ont fui le fascisme en 1939, avec leurs enfants, leurs petits-enfants. J’en connais beaucoup ici à Argelès-sur-Mer et dans le département des Pyrénées-Orientales.
Mais je m’insurge contre ceux qui se targuent d’un passé familial qui n’a jamais existé. J’en connais aussi.

 

 

Charles Campigna, conseiller municipal d’opposition de la Ville d’Argelès-sur-Mer