Tribune Libre/ Claude Barate* : “François, un propos contradictoire ?”
par adminLuc le Mai 3, 2023 • 18 h 34 min Aucun commentaireFrançois, un propos contradictoire ?
*par Claude Barate, universitaire (député des P-O de 1986 à 1997)
Dans un récent voyage en Hongrie, le pape François a exhorté les peuples européens, à préserver l’âme européenne et en même temps, à accueillir les migrants qui le souhaitent.
Préserver l’âme européenne, c’est préserver les racines gréco-romaines du continent, mais également les racines judéo-chrétiennes qui l’ont forgée.
Préserver l’âme européenne, c’est en préserver la nature profonde, définie par de nombreux auteurs.
Ainsi, Jean – Paul II a pu dire devant le parlement européen : « L’histoire de l’Europe est un grand fleuve dans lequel se jettent de nombreux affluents et la diversité des traditions et des cultures qui la forment est une grande richesse ». Il a ajouté que « ces cultures ne doivent pas cacher l’existence d’un humus chrétien. L’Europe est chrétienne dans ses racines ».
D’autres auteurs, avant lui, ont été dans le même sens.
Pour Goethe : « La langue maternelle de l’Europe est le christianisme »
Pour Kant : « L’évangile est la source d’où notre civilisation a jailli.
Pour Thomas S. Eliot : « Un citoyen européen peut ne pas croire que le christianisme est vrai, et pourtant ce qu’il dit et fait provient de la culture chrétienne dont il est l’héritier. »
Plus récemment Michel Onfray, philosophe athée reconnaît : « Je ne fais pas partie du monde des chrétiens, mais je vis dans le monde que la chrétienté a créé »
Paul Valéry a apporté une définition de l’Europe : « Il y a Europe là où les influences de Rome sur l’administration, de la Grèce sur la pensée, du christianisme sur la vie intérieure, se font sentir toutes les trois. »
Et Benoît XVI a résumé l’ensemble : « L’Europe c’est la triple rencontre entre Jérusalem, Athènes et Rome, entre la foi au dieu d’Israël, la raison philosophique des grecs et la pensée juridique de Rome. C’est là que réside l’identité profonde de l’Europe ».
C’est ce que reconnaît, indirectement, le traité de Lisbonne, puisque dans son préambule, il est dit que « L’Union s’inspire des héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe à partir desquels se sont développés les valeurs universelles que constituent les droits inaliénables de la personne humaine ainsi que la liberté, la démocratie, l’égalité et l’Etat de droit. »
Préserver l’âme européenne, c’est préserver le christianisme qui a élaboré la notion de personne humaine pour exprimer la foi en Dieu et a conçu cette personne, dotée de liberté et de raison.
Préserver l’âme européenne,
– c’est préserver les régimes démocratiques qui la composent et qui s’appuient sur les commandements de Jésus, « l’amour du prochain » transformé par les philosophes des lumières en « Fraternité »
– c’est s’appuyer sur le principe de laïcité développé par Jésus « Rends à César ce qui appartient à César et à Dieu, ce qui appartient à Dieu », ou encore sur le principe d’égalité entre les hommes et les femmes, lui aussi établi par Jésus « Marthe, Marthe, tu t’agites… Marie a pris la meilleure part qui ne lui sera point enlevée ».
En demandant aux Européens de préserver l’âme européenne, le pape François est dans son rôle de défenseur des racines chrétiennes de celle-ci !
Lorsqu’il demande d’accueillir les migrants qui le souhaitent, il ne peut donc vouloir, en même temps, que l’Europe accueille des vagues migratoires composées d’une multitude de personnes de cultures différentes qui viendraient en changer la nature et donc l’âme de cette Europe.
En conséquence, l’appel du pape François concerne seulement les candidats à l’immigration qui souhaitent s’assimiler aux peuples européens et continuer à conforter l’âme européenne.
Et peu importe, leur couleur de peau, leur religion. Peu importe qu’ils soient chrétiens ou athées, l’essentiel, c’est qu’ils défendent les valeurs européennes, d’humanisme, de liberté, d’égalité hommes femmes et de laïcité
Comme le philosophe athée, Michel Onfray le relève « L’Europe a des racines chrétiennes qu’on le veuille ou qu’on ne le veuille pas -et je suis athée (..) Je suis un athée chrétien car il y a un athéisme qui relève de la sphère chrétienne, parce que l’Europe relève de la sphère chrétienne. Il y a des racines historiques et spirituelles à toutes les civilisations.»
Ainsi, le discours du pape est logique Les immigrés du pape doivent s’assimiler, respecter nos coutumes, notre mode de vie et nos racines, même les chrétiennes…
C’est ce que disait déjà dans une émission d’Ushuaia, un vieux chef indigène d’Amazonie : « Etranger, tu es le bienvenu, à condition de respecter nos coutumes ! »
Claude Barate, universitaire