Tribune Libre/ Claude Barate* : Le Bal Des Hypocrites…
par adminLuc le Déc 24, 2023 • 18 h 29 min Aucun commentaire*Par Claude Barate, Universitaire, député honoraire
La loi sur l’immigration a vu s’affronter deux camps, celui des partisans de la destruction de la Nation et celui de ses soutiens
Pour les premiers, même avec des finalités différentes, il s’agit de détruire la Nation. Pour les uns, l’objectif est de mieux arriver à construire l’Europe ; pour les autres, il s’agit de supprimer le support de l’assimilation et favoriser, avec le communautarisme, le choc des communautés prélude à la révolution qui est censée leur donner le pouvoir.
Pour les seconds, il s’agit de construire l’Europe des Nations et de préserver la constante d’assimilation française, garante de l’unité d’un peuple quelque soit sa race ou sa religion.
Dans le premier camp, la quasi-totalité de la NUPES, une bonne partie du MoDem et certaines personnes du camp présidentiel, peut être même le Président lui-même, même s’il est confronté à la réalité du terrain, à la nécessaire maitrise de l’immigration et à la volonté largement exprimée de la population.
Dans l’autre camp, tous les autres, ceux qui veulent que la France reste maître de son destin.
Le duel et ses conséquences ont donné lieu à des prises de parole dont le moins qu’on puisse dire est qu’elles ont été étonnantes, curieuses, appelant le sourire parfois l’indignation, montrant presque toujours un caractère hypocrite.
A tout seigneur, tout honneur, les interventions de la NUPES donnent dans le ridicule. Ainsi les partisans de la loi seraient des fascistes, qui cherchent à retrouver le climat de Vichy (sic), la loi serait contre les principes républicains et de ce fait contraire à la Constitution.
Cette loi serait tellement horrible que les départements dirigés par la gauche ainsi que la mairie de Paris s’engageraient à ne pas l’appliquer. Il n’est pas venu à l’idée de ces « braves gens » que dans un pays démocratique, l’Etat de droit républicain impose à chacun d’appliquer la loi. Mais pour la NUPES qu’importe l’état de droit puisqu’elle seule est porteuse de morale… !
Chez la NUPES on n’en est pas à quelques contradictions près. Le vote des députés RN est le bien venu lorsqu’il supporte les actions de la NUPES (par exemple dans le vote de la motion de rejet, comme il aurait été légitime et bien venu s’il avait été contre le texte de loi). Il devient illégitime dès lors qu’il soutient le projet de loi. Cette analyse à géométrie variable ne parait pas gêner le moins du monde la NUPES, qui est persuadée que puisqu’elle est le bien, tout le monde doit la croire.
Autre contradiction sur le support du peuple.
Pendant la campagne sur l’allongement de la retraite, les divers partis de la NUPES demandaient au Président de retirer son texte parce que le peuple était largement contre.
La demande était logique même si elle n’était pas chiffrée. Sur le sujet de l’immigration, pour les partis de la NUPES, c’est très exactement le contraire. C’est ainsi que sortant d’une réunion avec le Président Macron, Fabien Roussel le patron du parti communiste (que j’avais vu meilleur que cela) dira que la démocratie venait de gagner une grande bataille parce que le Président avait écarté tout référendum sur l’immigration. Quand on sent le peuple favorable, on l’appelle à la rescousse, quand il est largement défavorable, il ne faut surtout pas le consulter. Peut-être faudrait-il changer le peuple !
Je n’évoquerai pas le problème de certains journalistes qui visiblement ne connaissent rien à la Constitution et encore moins aux jurisprudences du Conseil Constitutionnel, mais qui déclinent doctement tous les articles que ce dernier doit impérativement annuler.
Mais je reprendrai le comportement de l’exécutif qui, après avoir passé un compromis avec le groupe parlementaire LR, parait vouloir s’exonérer de l’exécution de ses propres engagements.
Que le Président demande l’avis du Conseil Constitutionnel avant de promulguer la loi, me parait tout à fait logique. Mais que sa Première Ministre désigne les articles qui doivent être sanctionnés, alors qu’elle devrait les défendre me parait hautement irresponsable voire malhonnête.
Certes on peut comprendre qu’elle s’efforce de rassurer la partie gauche de sa majorité qui lui a fait défaut, mais pas au détriment du compromis signé avec LR. Il n’est jamais bon que la parole de l’exécutif soit incertaine. Et il ne faudrait pas s’étonner, qu’à l’avenir plus personne n’ait confiance !
Il reste qu’aujourd’hui, malgré cette représentation politique théâtrale, un vainqueur réel apparait dans sa volonté de maitriser son destin, le peuple de France.
Il faudra bien qu’un jour ou l’autre, cette avancée du droit soit sacralisée par une modification référendaire de la Constitution.
Claude Barate, Universitaire, député honoraire