*par Claude Barate, Universitaire, député honoraire

 

-La drogue est un poison qui détruit progressivement une civilisation. Elle attaque la capacité de réflexion des personnes, détruit la santé de ceux qui la prennent, porte atteinte à l’ensemble de la société. Elle pose un problème en matière de santé publique, en termes de sécurité publique et en termes de souveraineté de la nation

 

En termes de santé publique d’abord : il suffit d’avoir vu un jour le destin d’un drogué pour comprendre la souffrance et la dégradation humaine qui résulte de son addiction et le danger qu’il peut causer aux autres. Les cas sont multiples et ce n’est pas l’humoriste, Pierre Palmade, qui me contredira. La lutte contre la drogue, c’est d’abord un problème de santé, qui ne se réglera que par une politique volontariste nationale de prévention, de sanction des consommateurs eux même, et d’obligation effective de cures de désintoxication.

En termes de sécurité publique ensuite : qui ne voit la dégradation au quotidien de la sécurité publique, les règlements de compte entre bandes rivales sèment la panique dans la population. Désormais personne n’est à l’abri de recevoir une balle perdue, à la rue, mais même dans son domicile.

Dans certains quartiers, souvent des quartiers populaires, l’angoisse l’emporte sur le plaisir de vivre et d’échanger avec les autres. Le droit à vivre en sécurité impose à tout état une obligation de résultat. La sécurité est un droit constitutif et fondamental de tout état.

En termes de souveraineté de la Nation enfin : qui ne voit que des quartiers de plus en plus nombreux échappent aux règles de la République. Les bandes prennent le pouvoir, les services publics reculent devant le danger de pénétrer dans ces principautés du crime organisé. Les lois de la République y sont remplacées par les règles de vie et d’ordre social des trafiquants et des voyous.

Bref, face à cette dégradation grandissante et ce très rapidement, il fallait que l’Etat réagisse C’est ce que le ministre de la Justice, Didier Migaud et son collègue de l’Intérieur Bruno Retailleau viennent d’engager le 8 novembre à Marseille, en faisant de la lutte contre le narcotrafic, une cause nationale. Bruno Retailleau a même utilisé le terme de guerre contre la pieuvre.

 

Les réformes engagées vont-elles, sinon régler rapidement le problème, du moins dans le bon sens ?

 

Sur le plan d’une approche nouvelle qui veut engager une guerre sans merci contre le narcotrafic, la réponse est oui. Cela fait longtemps que dans ce même journal, je demande la mise en place d’un parquet national contre le narcotrafic. Didier Migaud a précisé qu’il voulait qu’il soit étendu à l’ensemble du crime organisé, il a raison.

Avec le parquet national contre le crime organisé, seront réorganisées les juridictions spécialisées. Des procédures nouvelles simplifiées seront mises en place pour permettre une meilleure efficacité. Seront-elles suffisantes ? IL faudra s’adapter en permanence face à un ennemi qui ne reculera devant rien. Dans toute guerre, il ne faut pas hésiter à mettre en place avec une organisation d’exception, une législation d’exception.

J’aurais souhaité que soit mis en place une obligation de désintoxication. Il est vrai qu’elle nécessitera une réorganisation et un agrandissement des outils de santé. Mais je crois que ce point est aussi important que celui de la répression.

On voit bien l’ampleur et l’urgence de la tâche, c’est pourquoi je voudrais qu’après avoir été enrichi par des amendements de tout bord, ce futur projet de loi recueille à l’Assemblée, une large majorité.
Quand le pays est en danger, seul compte l’intérêt de la Nation.

 

*par Claude Barate, Universitaire, député honoraire