Après le Petit livre rouge de feu Mao Tse-Toung, Gabriel Zucman, nouvelle égérie du socialisme populiste, nous propose une taxe sur les plus grandes fortunes françaises qui rapporterait selon les estimations de Philippe Aghion, professeur au Collège de France, ancien enseignant à l’université d’Harvard, seulement 5 Md€ par an, alors que les intérêts de la dette en 2025 avoisineront 62 Md€

 

Curieusement, Gabriel Zucman ne propose nullement l’application de cette taxe à l’ensemble des pays qui composent l’Union européenne, encore moins à l’échelle mondiale, mais exclusivement à notre pays, comme si la France baignait dans les eaux tranquilles d’une économie fermée, où les échanges avec l’extérieur sont ignorés, bref, à l’image du poisson rouge dans un bocal…

Et dire que la nouvelle vague des économistes de la rive gauche parisienne nous proposait naguère de faire rouler la dette, certes au moyen de nouveaux emprunts… À telle enseigne qu’à la fin du premier trimestre 2025, la dette publique française, au sens du Traité de Maastricht, s’élève à 3345,8 Md€, soit 114% du PIB.

Charles de Courson, rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale, vient de déclarer que la taxe Zucman ne tient pas la route, et qu’il vaudrait mieux lutter contre l’optimisation fiscale en visant les holdings familiales.

Mais il n’y a pas que l’optimisation fiscale dans le cadre des holdings familiales qui doit être entreprise. Il faut également s’intéresser aux niches fiscales, aux fraudes fiscales et sociales, aux dépenses improductives, au coût du millefeuille administratif territorial, à l’accroissement déraisonnable du budget de la défense, alors que l’Espagne refuse de dépenser plus de 2% de son PIB pour sa défense.

N’oublions pas que la dette fut le poison de l’Ancien Régime et plus tard de la IVe République. Avec Charles Gaulle, au début des années 1960, le remboursement de la dette contractée dans le cadre du Plan Marshall est allé de pair avec un plan audacieux de rénovation politique.

Et dire que la nouvelle vague des économistes de la rive gauche parisienne nous proposait naguère une nouvelle économie basée sur une société de services et de loisirs, tout en détournant le regard sur la délocalisation de nos industries vers les pays de l’Est et asiatiques.

Nous voilà donc au creux de la vague avec de tels économistes.

À maints égards, la taxe Zucman est de nature confiscatoire et au demeurant dérisoire par rapport à l’insuffisance des sommes qui seraient collectées. Inéluctablement, cette taxe viserait à réduire progressivement le capital des plus fortunés, et nuire dangereusement à la solvabilité des entreprises.

Finalement, une telle taxation finirait par s’étendre en cascade envers ceux qui détiennent des biens inférieurs.

 

Henri Ramoneda