-“Fêter la mort d’une personne est, pour moi, une limite qu’il ne faut jamais franchir. Peu importe qui était cette personne, ce qu’elle représentait, ses idées ou ses actes. Se réjouir de la disparition de quelqu’un abaisse celui qui s’en félicite. La mort est un rappel universel de notre humanité et de notre fragilité. Elle transcende les désaccords, les conflits, voire les affrontements les plus profonds et appelle au respect, pas à la haine

 

Se réjouir de la mort d’un être humain, c’est nier une part essentielle de ce qui fait de nous des êtres conscients et responsables. Cela revient à basculer dans une logique destructrice où les principes que nous défendons sont piétinés au profit de la vengeance ou de l’aveuglement émotionnel.

Pourtant, je suis convaincu que pour être crédible et pour agir efficacement, il est impératif de rester fidèle à ses valeurs même lorsque la tentation d’y déroger est grande.

On ne peut pas dénoncer des abjections tout en se comportant de manière tout aussi indigne. Si nous combattons la haine, l’injustice ou la bassesse, alors nos paroles et nos actes doivent refléter les valeurs opposées : la dignité, le respect et la justice.

Répondre à la haine par la haine, ou à l’injustice par une indignité semblable, c’est donner raison à ceux que nous critiquons. C’est aussi perdre la hauteur morale et éthique qui donne du sens à nos combats.

Cela ne signifie pas qu’il faille renoncer à être ferme ou exigeant. En 2002, face à Jean-Marie Le Pen et en désaccord total avec ses propos maintes fois relatés, je n’avais pas hésité à appeler clairement à voter « contre » et à le faire avec une dureté assumée*. Ce n’est pas parce qu’on conserve son humanité qu’on doit transiger sur ses valeurs ou renoncer à se battre avec conviction. Mais cette fermeté doit toujours s’exprimer avec dignité sans sombrer dans les mêmes excès que ceux que l’on dénonce.

J’ai toujours pensé que la véritable force réside dans la maîtrise de soi. Affronter l’injustice, la bassesse ou même l’abjection sans jamais céder à ces travers, c’est ce qui distingue un combat légitime d’une vendetta personnelle.

Rester droit, respectueux et exemplaire, c’est non seulement préserver sa propre intégrité mais aussi donner à son message une force et une crédibilité inébranlables.

Par ailleurs, certains devraient aussi se livrer à un examen de conscience. L’extrême gauche, par exemple, qui propose de légaliser le cannabis en suggérant que les dealers pourraient être reconvertis en commerçants de cette même substance, ou qui va jusqu’à envisager d’abolir l’infraction d’apologie du terrorisme, ferait mieux de réfléchir avant de donner des leçons. Lorsqu’on défend de telles idées, la moindre des décences serait de se taire plutôt que de jouer aux censeurs.

Si nous justifions nos propres excès par les actes de ceux que nous condamnons, alors nous devenons semblables à eux. Et si nous perdons cette distinction, nous perdons aussi notre légitimité. Nous ne pouvons pas réclamer un monde plus juste, plus respectueux, plus humain, si nous ne nous appliquons pas ces principes à nous-mêmes.

Je crois profondément que rester fidèle à ses valeurs, même dans l’adversité, est une forme de courage. Cela demande de maîtriser ses émotions, de résister aux instincts les plus primaires, et d’incarner le changement que l’on souhaite voir.

La dignité, le respect, et la responsabilité ne sont pas des faiblesses ; ce sont des forces. C’est en agissant avec hauteur et responsabilité que nous pouvons espérer transformer réellement les choses.

Finalement, dans une société parfois tentée par les raccourcis de la violence et de la haine, il est essentiel de montrer qu’une autre voie est possible. Une voie qui privilégie le respect de l’Humanité, même face à l’inacceptable.

C’est en restant humain et en refusant de céder à la facilité de la vengeance que l’on peut espérer construire un avenir plus digne pour tous”.

 

Xavier Roca, citoyen de Pézilla-la-Rivière

 

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