Claude Barate et Paul Alduy (photo @SergeMoritz).

 

C’était il y a trente-et-un ans… très exactement le 31 mars 1993, à l’occasion des élections municipales anticipées de Perpignan, suite à la démission du Conseil Municipal présidé (depuis 1959) par Paul Alduy (UDF-PSD). Entre ce dernier et son 1er adjoint de l’époque, Claude Barate (alors député RPR de la 1re circonscription des P-O), la situation est plus que tendue, il y a plus que de l’eau dans le gaz, la rupture est consommée. Bref, vous l’aurez compris, à défaut de l’avoir vécu, le torchon brûle entre les deux hommes. En interne comme en externe, dissensions et embrouillaminis régissent désormais les rapports entre eux. Un exemple parmi tant d’autres, parmi les méthodes les plus expéditives, et après lui avoir supprimé toutes les aides et attributions liées à la fonction de maire-adjoint N°1, Paul Aduy change les serrures du bureau de Claude Barate… Un détail, mais désormais ce dernier n’a plus accès à la mairie ! Plus tard, lors d’un entretien avec un journaliste, Paul Alduy confiera en off, armé de ses gants diplomatiques et d’une finesse dans le verbe inégalée, avoir “des sentiments assassins” pour Claude Barate. Mais parmi les fins limiers de la machine politicienne alduyiste cela ne surprend pas : on se souvient, dans un climat de crime passionnel, d’une identique diabolique machination forcenée à destination de Jacques Farran (UDF-PR) et/ou de Paul Blanc (RPR), voire de René Marquès (UDF-AD). Une tension nerveuse perceptible, palpable, au détour d’une petite phrase, lors d’un déjeuner en ville, d’une conférence de presse, d’une inauguration quelconque, etc. C’est aussi la grande époque où, dans le Jardin municipal de La Loge – ou des Loges – fleurissent les lettres et tracts anonymes. Le plus surprenant, c’est que l’on assiste à des retours de courriers (expédiés en non recommandé tout de même et sans accusé de réception) à l’envoyeur… Les anonymes sont donc connus. Hallucinant. Dans tout ce bordel perpignanais ambiant, Paul Aduy, indestructible et indétrônable, haut-perché sur son Système, surfe au-dessus de tout et de tous. La Ville ne s’ennuie pas. La presse écrite locale, régionale et, parfois, nationale aussi, en fait ses choux gras. Tout se passe à droite. La gauche n’est pas dans l’arène. En tout cas, elle est invisible et inaudible pendant ce temps-là. Suprême délectation pour le Maître du jeu : Paul Alduy réussira même à choisir et à imposer – par la voix du peuple de Perpignan, certes -, son successeur : son fils Jean-Paul Alduy (UDF-CDS-MoDEM-UMP – élu conseiller général dans le canton du Haut-Vernet un an plus tôt), qui assurera le relais municipal, à la barre de La Loge jusqu’en 2009, jusqu’aux conséquences de la lamentable “affaire” de la fraude à la chaussette*

 

L.M.

*La fraude à la chaussette… Deux partisans de l’ancien maire UMP de Perpignan Jean-Paul Alduy ont été jugés pour leur implication dans la retentissante car très médiatsée “fraude à la chaussette”, un tripatouillage de Pieds nickelés qui avait provoqué l’annulation des municipales de 2008. Le 21 décembre 2011, le tribunal correctionnel de Perpignan est allé au-delà des réquisitions contre Georges Garcia en le condamnant à un an de prison avec sursis, tandis que l’autre prévenue, Marie-Madeleine Tjoyas, N°2 de la liste Alduy aux Municipales, était totalement relaxée. Jean-Paul Alduy sera quand même réélu et, à peine quelques semaines plus tard, passera le flambeau à son co-pilote Jean-Marc Pujol (UMP-PR). Jean-Paul Aduy restera président de PMCA (la communauté d’Agglomération qu’il a créée) jusqu’aux élections municipales de 2014, lors desquelles Jean-Marc Pujol sera conforté dans son mandat de 1er Magistrat (et deviendra également président de PMCA devenue Perpignan-Méditerranée Métropole/ PMM).