“Loin de toute outrecuidance narcissique, je me crois moralement obligé de livrer à l’état brut le témoignage suivant :

D’abord ce fut l’irruption du néant, lors d’une belle journée d’août 2014, avec un accident grave de la circulation occasionnant un traumatisme crânien à mon fils âgé de douze ans.

S’en suivit une hospitalisation lourde à l’hôpital des enfants de PURPAN à TOULOUSE suivie d’une longue rééducation au Centre Paul DOTIN à RAMONVILLE SAINT AGNE avec la perspective envisagée par les médecins et l’équipe soignante d’un suivi thérapeutique d’urgence dès la sortie avec séances d’orthophonie à compétence neurologique.

Cette prise en charge serait assurée sous l’égide du CMP (Centre Médico Pédagogique) dont c’est la vocation, en vue notamment de la restauration de la normalité nécessaire à la reprise scolaire

Dès la sortie de mon petit, je me suis empressé de régulariser formellement une telle prise en charge par le CMP… Mais en fait je me suis retrouvé dans le rôle de ceux qui attendent GODOT : un mois d’appels téléphoniques en forme de «bottage» en touche, et ce afin d’organiser un rendez vous pour simplement constituer un dossier, qui ne verra pas le jour malgré l’urgence…

Quant à la recherche d’une orthophoniste ayant compétence en neurologie, ce fut plus lapidaire : les orthophonistes contactés, me précisant au passage que le CMP accusait un retard de six mois, déclinèrent, car surbookés, toute prise en charge. Ils s’enquirent d’obtenir des disponibilités chez leurs collègues. Au bout d’un mois ils me répondirent négativement au motif que tous étaient surchargés !

D’évidence une question taraude mon besoin existentiel de sens : nos enfants sont-ils une espérance, une promesse d’un «mieux», ou simplement des éléments extérieurs du train de vie et considérés sous l’angle de l’adage « marche ou crève» ?”.

Jean-Marie Escaro

Magistrat retraité.