(Amado JOVER, par JR).

 

Pendant quarante ans, “au nom de L’Indépendant”, il a photographié toutes les stars – artistes, acteurs ou chanteurs, peintres ou sculpteurs, sportifs de haut niveau, hommes politiques, très grands chefs de cuisine – qui sont passées dans le Roussillon, que ce soit sur scène au casino de Canet-plage, lors des conférences du Centre Méditerranéen de Littérature (CML), dans les coulisses de l’USAP, sur les rings du Boxing club perpignanais, au Parc des expos route de Bompas, au Palais des congrès, etc.-etc. Le temps d’une “pose”, il a fait “ambiancer” sur les linoléums d’Argelès-plage des générations de jeunes hollandais, en orange et noir, venus passer l’été à Los Argeles… Il avait le don avec son “périscope” (qui le faisait repérer à mille lieues à la ronde), d’immortaliser la moindre saynète de boulevard pour en sortir des comédiens (de l’anonymat) prêts ensuite à monter les marches du Palais des festivals, à Cannes, sur papier-glacé…

Il savait tout photographier. Son style dans les pages du journal L’Indépendant (du Midi) était reconnaissable entre tous. Il n’avait pas besoin de signer ses clichés. Au bout de son téléobjectif, il y avait toujours l’idée, l’inspiration, l’envie… le déclic d’avance ! Il n’avait pas besoin de courir pour rattraper l’événement, il était le photographe-événement du département des Pyrénées-Orientales. Il avait inventé le photojournalisme de proximité en quelque sorte ! En un clin d’Å“il, il avait le don incroyable de se glisser dans la peau des personnages qu’il photographiait  pour mieux en explorer, en extirper, la quintessence, le caractère, l’accent, la beauté, les travers. Pour lui, l’ombre était une lumière, le noir et le blanc les plus belles des couleurs. D’une scène de la vie au quotidien saisie avec sa pellicule, il tirait une fresque, un itinéraire, toute une histoire. C’était là la marque du grand professionnel, certes, c’était surtout la preuve d’une certaine élégance, de son immense élégance de cÅ“ur car il répondait toujours présent aux invitations et, pour nombre des gens d’ici, il faisait partie de la famille.

Ses rencontres avec le Maître Salvador DALI, que ce soit du côté de Cadaquès, de l’autre côté des Pyrénées, où chez Georges BOHIGAS à l’Hôtel de France, sur le quai Sadi-Carnot à Perpignan, en compagnie de Georges BROUSSE (l’un des anciens propriétaires de L’indépendant), l’avaient profondément marquées.

Il aura été un grand témoin de son époque. Il aura donné à la photographie des allures de peinture. Il aura, enfin, fixé la société catalane pour l’éternité et d’une manière magistrale, tellement il était capable de la montrer – et de la raconter –  les yeux fermés !

La rédaction de ouillade.eu adresse ses plus sincères condoléances à ses filles,  Hélène et Lorraine, à leur mère, à ses trois petits-enfants, à sa sœur Carmen, à toute sa famille, à ses proches, à ses très nombreux amis.

Les obsèques d’Amado JOVER auront lieu le mardi 17 mai 2016, à 17h, au crématorium de Perpignan (Vernet). Originaire de Valencia, Amado était né en 1938.