–“Un département en déliquescence”, diagnostiquait au tout-début des années 1990, depuis Montpellier, Yves-Jean Bentegeac, alors préfet de l’Hérault et de la région administrative Languedoc-Roussillon. Trois décennies plus loin, plus tard, le constat reste le même, d’actualité, voire en pire…
A l’époque où le Préfet Bentegeac tenait ces propos, les affaires politico-médiatico-judiciaires se succédaient à un rythme effréné sur le sol roussillonnais : feu l’ancien député-président de la CCI66 Jacques Farran venait d’être condamné pour “abus de confiance et ingérence” à deux ans de prison (et à une amende d’un million de francs) dans l’affaire du château médiéval de Corbère… feu l’ex sénateur-maire de Perpignan Paul Alduy était embourbé dans le financement d’un livre sur sa ville… le sulfureux projet de Port Méry à Port-Vendres… Alain Ferrand, déjà , est inquiété au plan judiciaire et condamné pour “abus de biens sociaux et recel” à trois ans de prison avec sursis et à une interdiction de gérer des établissements de jeux… jusqu’à “l’affaire Madrénas”, au printemps 1993, lorsque le maire de Bages, Jean-Claude Madrénas (CDS), alors candidat à la députation sur la 4e circonscription des P-O, réchappa miraculeusement à la mort lors d’un attentat à la voiture piégée à Elne. Il sera amputé de la jambe gauche.
Tout ça, c’était avant, c’était dans les années 1980 à 90, et pourtant…
…Pourtant, trois décennies plus loin, aujourd’hui, la situation n’a guère évolué, s’agissant du personnel politique du département :
-le 1er vice-président de la métropole Perpignan-Méditerranée et maire (le Divers Droite Alain Ferrand – Le Barcarès, 64 ans) est en prison à Aix-en-Provence. Le 28 avril 2024, il est mis en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour soupçon de favoritisme concernant l’organisation du marché de Noël du Barcarès. Il est arrêté avec 30 000€ et 10 000 dollars en liquide) à sa descente d’avion à Montpellier, le 30 avril 2024, mis en examen et placé en détention provisoire. Il est toujours emprisonné à ce jour.
-la présidente du Département66 (la socialiste Hermeline Malherbe, 55 ans) est mise en examen pour “favoritisme, corruption passive, trafic d’influence et prise illégale d’intérêts” et placée sous contrôle judiciaire, dans le cadre d’une enquête sur l’attribution suspecte de marchés publics. Son passeport lui a été confisqué, elle a également dû verser une caution de 50 000€.
-le maire d’Eus (José Montessino, 59 ans) condamné au printemps dernier à dix mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Perpignan. Il était poursuivi pour violences aggravées (les faits se sont déroulés le 23 mars 2023).
Aux procédures en cours, qui concernent d’autres maires des P-O – notamment devant le tribunal administratif pour des raisons environnementales (au sens propre comme au sens figuré), il faut également ajouter l’état désastreux du département dans divers domaines incontrôlés (alors qu’ils devraient l’être) par nos décideurs et décisionnaires du Pays catalan aux responsabilités : qu’il s’agisse notamment des secteurs sanitaire et de la voirie, sans oublier évidemment l’épisode historique de sècheresse – dont on attend toujours, encore et encore, des Assises départementales pour mener une réflexion incontournable sur l’état des réseaux et l’avenir de la gestion de l’eau sur le territoire -, les symptômes pour qualifier le département des P-O de “déliquescent” sont malheureusement légion.
Si on y additionne aussi la façon déplorable (et hallucinante) dont les élus, ces derniières semaines, ont géré l’arrivée massive de campements illégaux venus de tous horizons sur l’ensemble du littoral roussillonnais, il y a vraiment de quoi être (très) inquiet… et on ne nous dit pas tout !
Mais, on vous rassure, cela ne les a pas empêché, ni gêné d’ailleurs, d’aller s’attabler au festival Les Déferlantes et d’immortaliser à coups de selfies leur présence joyeuse aux côtés du Majordome du maire embastillé.
“Douce France, Cher pays de mon enfance, Bercée de tendre insouciance…”.
L.M.