Charles Campigna, conseiller municipal d’opposition de la Ville d’Argelès-sur-Mer, vient d’adresser le courrier suivant à tous les élus de la commune :

 

 

-“Mesdames, Messieurs les élus,

 

Par jugement n°2302426 rendu le 5 novembre 2024, le Tribunal administratif de Montpellier a annulé les délibérations de notre conseil municipal des 13 avril 2023 et 7 mars 2024 relatives aux conditions d’attribution des salles communales constituant une discrimination illégale

Le juge a rappelé, à juste titre, que de telles restrictions portent atteinte à la liberté d’association ainsi qu’au principe d’égalité d’accès aux biens publics, piliers fondamentaux de la démocratie locale et du fonctionnement républicain.

Or, près de sept mois après cette décision de justice, la commune refuse toujours de mettre une salle municipale à disposition de l’association ADREA (d’autres aussi), ce malgré une demande formelle transmise notamment dans le courrier adressé par vos services en date du 25 janvier 2025 (pièce jointe). Afin de vérifier la bonne foi de ce refus, je me suis rendu personnellement dans les lieux concernés aux dates proposées : Buisson, Espace Jean-Carrère, Valmy, Waldeck Rousseau, 14-Juillet, foyer communal, les salles de la plage… nombre de ces salles étaient inoccupées ???

La question est donc simple : qui peut considérer comme normal qu’une association argelésienne, respectueuse des lois, soit privée de l’accès à un bien public pourtant disponible, en violation manifeste d’un jugement exécutoire ? Mais pas que … Quelle image donnez-vous comme élu(e)s à nos administrés, à votre famille ?

Ce comportement rappelle tristement certaines pratiques politiques d’un autre temps, que l’histoire a largement condamnées, en France, en Espagne, au Chili… et ailleurs.

Votre silence persistant pose une véritable question démocratique.

Mesdames, Messieurs, vous reconnaissez-vous encore dans les valeurs de la République ? Ces valeurs que nous avons le devoir de défendre : la liberté, l’égalité, la fraternité, le respect de l’État de droit. Loin des postures ou des stratégies politiciennes, il s’agit ici d’un enjeu de principe : celui du respect de la légalité, de la dignité des associations locales, et de l’exemplarité de nos institutions.

Je suis fier, à titre personnel, de m’élever contre ces dérives, de le faire en tant que citoyen argelésien, de le transmettre à mes enfants, comme chacun devrait pouvoir en être fier devant les siens, pas vous, je le regrette.

Je vous invite, en conscience, à vous interroger sur la justesse de votre position et les valeurs de vos convictions.

Ces courriers seront envoyés au préfet, à Mme la sous-préfète, à la présidente de la Région Occitanie, à la présidente du Département66, aux élus du territoire, aux associations (Droit de l’Homme, Anciens Combattants, partis politiques…).

Après avoir refusé de débaptiser une rue d’Argelès-sur-Mer qui porte le nom d’un antisémite notoire*, refusé aujourd’hui une salle communale à des associations, vous avez choisi votre camp”.

 

Charles Campigna, conseiller municipal d’opposition d’Argelès-sur-Mer.

*NDLR. Alfons Mias, natif d’Amélie-les-Bains-Palalda, lequel pendant la Seconde Guerre mondiale a dénoncé des juifs, des résistants et des communistes, avant de partir se réfugier dans l’Espagne franquiste, à Barcelone (Catalogne), où il décèdera dans des conditions mystérieuses. La Commune d’Argelès-sur-Mer est la seule ville à lui rendre hommage en lui attribuant le nom d’une rue au village !