Si vous n’habitez pas dans une station balnéaire, dans un secteur touristique (genre front-de-mer ou à proximité de campings par exemple), vous ne pouvez ni comprendre ni imaginer ce que les résidents permanents endurent comme calvaire – et le mot est plutôt faible ici -, tous les samedis de la haute saison estivale, plus particulièrement les samedis du mois d’août…
Il est cinq heures, Argelès-plage s’éveille**
Certes, il n’y a plus de travestis qui quittent le Pot-Chic*** pour regagner leurs tentes et aller se raser ; certes, les éboueurs ne sont pas encore passés ; certes, le café n’est pas dans les tasses (les rideaux des cafés et des boulangeries sont fermés baissés… il n’est que 5H) ; certes, les night-clubbers et autres fêtards touchés-coulés sont à l’ouest et n’ont plus la force de se ranger sur le chemin du retour…
Mais, mais… il est 5H Argelès-plage s’éveille quand même : c’est samedi, jour de fête pour tous les habitants “à l’année” ! C’est le jour de départ pour les uns, le jour d’arrivée pour les autres. Les vacances se terminent et elles (re)commencent, selon les Uns et les Autres. Toutes les locations saisonnières, tous les airbnb, toutes les taxes de séjour, sont en ébullition, davantage encore avec la canicule qui sévit actuellement sous le soleil du Roussillon.
Depuis 5H du matin, tous les samedis de juillet et d’août, avec plus de conviction et de générosité au mois d’août, les grands départs hebdomadaires donnent lieu à des scènes surréalistes, dignes d’“Anatole fait du camping” du génial dessinateur humoristique et affichiste Albert Dubout, ou encore un remake poussif des “Vacances de monsieur Hulot” de Jacques Tati…
Il est 5H, ce samedi 16 août 2025, les uns passent l’aspirateur fenêtres grandes ouvertes (avant la remise des clés au propriétaire ou à l’agent immobilier ou au boîtier d’airbnb) ; les autres lavent leur véhicule à grands coups de seaux d’eau (avant de prendre la route dans le sens du retour) ; d’autres se lancent dans un festival d’ouverture et de fermeture de portières et de coffre-arrière (tout doit rentrer quoi qu’il en coûte même les bouées gonflables achetées pendant les vacances et qu’on n’a pas déballonnées)… d’autres encore aboient (bizarrement d’ailleurs plus les enfants que les chiens de la famille).
Oui, je hais les samedis du mois d’août. Le soulagement, c’est qu’il n’en reste plus que deux sur le calendrier. Ouf !
L.M.
*Titre inspiré de “Je hais les dimanches” (interprétation de Juliette Gréco)
**Titre inspité de “Il est 5H Paris s’éveille” (interprétation de Jacques Dutronc)
***Pot-Chic, ex-emblématique club-discothèque gay de toute la façade méditerranéenne de la vaste région Occitanie, situé Plage nord à Argelès-sur-Mer ; rebaptisé aujourd’hui Ti Club.