Nous avons appris, ce dimanche 11 décembre 2022, le décès de Jean-Louis Fabre, dit Le Tigre, figure emblématique du quartier Saint-Assiscle, à Perpignan, où il a officié pendant plusieurs décennies aux côtés de Michèle derrière le comptoir du restaurant-bar Le Foulon. Avec sa disparition, c’est une page entière de la fabuleuse histoire de l’USAP qui se tourne

Jean-Louis Fabre, dit « Le Tigre ».

 

Je ne connaissais rien au rugby. A XV ou à XIII. Peu importe. Et puis un jour j’ai mis les pieds dans l’antre, le sanctuaire, de l’Ovalie perpignanaise, au bar et restaurantLe Foulon, dans le quartier de Saint-Assiscle, derrière la gare TGV, plus précisément derrière l’hôtel de l’Agglo. C’était un lendemain de victoire d’un match de l’USAP. Les vieux de la vieille et quelques joueurs de la veille étaient là. Pour refaire le match, apéritif en main. L’USAP avait gagné, mais ce n’était pas suffisant. Treizistes et quinzistes y allaient de leur refrain pour commenter la partie.

A les entendre et à les voir se passionner, entre critiques louangeuses et palpitations, je découvrais l’existence de la 3e mi-temps. Derrière le comptoir, il y avait Le Tigre, Jean-Louis Fabre, et sa voix roque. Il ne disait rien, pour l’instant, se contentant de remplir les verres, mais c’était sûr et certain il était de la partie, il n’en pensait pas moins : un volume de mémoires, des réflexions désabusées et sereines, un point de vue impartial boosté par la spirale de la surenchère, une manière de chatouiller l’égoïsme des leveurs de coudes et d’enflammer l’imagination… tous les clignotants qui sous-entendent une indéracinable foi en leballon ovale.

Dans son bar, Jean-Louis Fabre – avec la bénédiction de Michèle – tel le Chah de Perse, trônait sur les effectifs et les palmarès. S’agissant des rencontres de l’USAP, il était incollable. Il en parlait comme s’il était le boss du Hit-parade, évoquant des galas et des remises « d’Oscars », et quand il était hors concours de la conversation, il se retirait pour aller râler dans son coin en essuyant trois verres, peut-être quatre, je ne me souviens plus.

Un sacré personnage ce Tigre ! Il connaissait toutes les langues – sauf la langue de bois -, coutumes et idiosyncrasies du rugby. Comme je vous l’écris. Incontestablement, et c’est incontesté, il était l’un des plus fervents ambassadeurs de ce sport sous le soleil du Roussillon. Il était à lui seul une époque, un style de l’USAP (dont il fut l’un des dirigeants dans les années soixante-dix), l’étincelant critique rugbystique des brèves de comptoir, lisant entre les lignes (du terrain) pour mieux s’exprimer au second degré… toujours dans l’objectif de faire avancer le ballon en le bottant dans le camp adverse pour marquer des points

Ces dernières années, il s’était retiré en toute sympathie, sur la pointe des pieds, à Amélie-les-Bains-Palalda, près de sa fille. Il est décédé à l’âge de 77 ans.

 

L.M.

 

La Rédaction de ouillade.eu présente ses sincères condoléances à sa famille, sa fille Florence, ses petits-enfants Hugo, Matteo et Eva Rodor, à Michèle Fabre, à ses très nombreux amis