Mardi 16 juillet 2024, avant-hier, dans le cadre de son émission populaire très regardée, “Zone Interdite”, la chaîne de télévision M6 diffusait un reportage à sensation – du moins si l’on se référait strictement à la bande-annonce, intitulé : “Invasion de touristes, le coup de gueule des locaux”

 

Dans ce reportage, il était notamment question des stations balnéaires du littoral roussillonnais : Le Barcarès et Argelès-sur-Mer.

S’agissant de la première station – dont le maire, Alain Ferrand, est toujours en prison depuis maintenant bientôt trois mois – c’est son “bébé”, l’EMF (pour l’Electrobeach Music Festival aux retombées médiatiques internationales uniques et sans équivalent dans les P-O et en région Occitanie) qui était pointé du doigt par des riverains excédés par le bruit, au bord de la crise de nerf, etc.-etc.

Bien évidemment, les auteurs du reportage n’ont eu aucun mal à dénicher une tribu de jeunes festivaliers alcoolisés pour légender leur sujet… On notera, au passage, qu’en aucun moment il sera formellement précisé que l’EMF n’est plus, que le festival n’existe plus ! Que l’édition 2024 a été stoppée net, certes pour d’autres raisons (plutôt financières) que le tonnerre insupportable des décibels, nous en convenons, mais…

S’agissant d’Argelès-sur-Mer, le reportage s’appuie sur les témoignages de trois pèlerins retraités – lesquels ont eu le mérite et le courage, eux, de s’exprimer à visages découverts, il est bon de le souligner ici -, visiblement d’une autre époque, du temps d’avant, puisque parlant de “dancing”* pour désigner les bars-musicaux de la plage…

A partir de là, toute une série de confusions, d’erreurs et de méprises va naître entre ces combattants anti-bruit et les tenanciers d’établissements auxquels les premiers reprochent un raffut permanent, qui dépasse de loin les limites de l’entendement et de l’acceptable, de “bordéliser” la station en installant et institutionnalisant un tapage nocturne “épouvantable”, excessif en tout cas.

Pour le trio anti-bruit, les commerçants ciblés par leur colère “ne respecteraient pas l’arrêté municipal” qui interdit tout tintouin en terrasse des établissements dans leur viseur  après minuit.

Pour les gérants et saisonniers des lieux festifs (bars-musicaux essentiellement) le son de cloche est évidemment tout autre : “La loi, c’est l’arrêté préfectoral. Et en l’occurrence, l’arrêté préfectoral dans les P-O nous autorise à ouvrir jusqu’à 2H du matin. Point à la ligne”. On notera au passage qu’aucun des commerçants interviewés n’a eu le courage de s’exprimer ni de défendre son point de vue à visage découvert… Les journalistes ont dû couvrir l’info en caméra cachée. Surréaliste !

Entre méconnaissance des règles, mésentente entre voisins, indifférence estivale, etc.-etc., l’incompréhension est apparue totale.

Profondément ancré dans mon fauteuil, je regardais donc ce reportage de Zone Interdite à la télé quand, soudain… Eh, eh, Zorro est arrivé, sans s’presser, le grand Zorro (le beau Zorro)…

Ici, on l’aura compris, Zorro désignant le maire d’Argelès-sur-Mer, Antoine Parra (Divers Gauche/ DvG) et par ailleurs très influent président de la communauté de communes Albères – Côte Vermeille – Illibéris (CC-ACVI), deuxième plus importante intercommunalité des P-O.

Lui, Antoine Parra, en revanche, à contrario, s’est exprimé sans masque, ni voile pour cacher son identité.

C’est très courageusement, en dépit d’un reportage sympathiquement à charge, qu’il a défendu les commerçants de la plage (front-de-mer et allées piétonnes), acteurs essentiels d’une économie touristique dynamique et vitale. Ce n’est pas courant, dans le département des P-O, de voir et d’entendre un élu, un maire qui plus est, retrousser les manches et prendre le taureau par les cornes (même s’il n’y a plus d’arènes à Argelès-sur-Mer depuis plus de trois décennies), pour défendre l’économie touristique en dépit de certaines et réelles nuisances. Mais, après tout, cela ne dure que deux mois… sur douze que compte une année. Faut savoir prendre son mal en patience.

Le maire d’Argelès-sur-Mer a même passer la brosse à reluire sur “sa” Police municipale. Logique. Une Police municipale très décriée dans le reportage (ainsi qu’en général dans la population) par les anti-bruit qui lui reprochent de “ne jamais intervenir” quand ils l’appellent.

En quelques mots, sur un ton presque moqueur, Antoine Parra a souligné que si la Police municipale n’intervient pas, c’est qu’elle est déjà retenue sur un autre terrain par des priorités plus importantes. En traduction, cela donne : “On ne peut être à la fois au four et au moulin”…  Capito ?!

 

L.M.

*Dancing : terme désuet, vieilli, pour désigner un établissement public où l’on danse. En l’occurrence, ici, ce mot n’aucune raison d’être, of course !