Témoignage…

 

Embarquement pour Cythère ?

 

Comment est pensé ce nouvel itinéraire du car LIO, ligne 540 et cette conception du service public par chez nous ? Mis en route pendant la saison estivale depuis plusieurs années le parcours scabreux est prolongé cette année à partir du 1er septembre. Ce parcours quel est-il ? Sur la fiche horaire de la ligne LIO 540, il s’effectue sans discontinuité de Perpignan à Banyuls-sur-Mer et vice-versa. Sur le papier uniquement car ce parcours est celui de l’usager combattant…

 

Après avoir desservi Banyuls et Port-Vendres il s’arrête à l’arrêt dit « Stade Eric Cantona », un no-man land près du port d’Argelès et au lieu de traverser la vaste commune, il la fuit et prend la tangente : la route à quatre voies direction Perpignan, mais retourne par un chemin de campagne jusqu’au lycée Bourquin, pendant l’été, jusqu’au Pôle multimodal depuis cette rentrée. Nous sommes toujours sur la commune d’Argelès-sur-Mer.

Là, tout le monde descend (ce qui n’est pas précisé sur la fiche horaire) et sous un soleil de
plomb l’été (quelques arbres chétifs et un seul banc) et dans la froide tramontane l’hiver, vous
attendez… Vous attendez au minimum 1/2h ou 3/4h l’embarquement. L’embarquement pour
Cythère ? Pas tout à fait.

Car quand la navette arrive enfin qui, elle doit vous mener à votre destination, le conducteur prend une pause. Puis cette navette vous mènera exactement de là d’où vous venez… en traversant l’Eldorado, la Terre Promise, sa zone d’activité ou le centre d’Argelès. Et ce débarquement-embarquement se fait aussi dans l’autre sens Banyuls – Perpignan… Vous descendrez ou monterez aussi à cet autre no man’s land que sont le lycée Bouquin et/ou le Pôle multimodal et pour ceux qui oseraient visiter la côte Vermeille, grâce à la ligne dans l’autre sens, à partir d’Argelès, là c’est au « Stade Cantonna » qu’il faut poirauter dans les mêmes conditions, voire pire : sans arbre, sans banc … à moins que l’on préfère retourner au lycée Bourquin ou au Pôle multimodal – vous me suivez toujours ? – grâce à la navette municipale cette fois, un mini-car ou un taxi … pour rejoindre le Saint Graal : le départ de la navette LIO…

Quid des étrangers ou personnes âgées qui ne comprennent pas bien ce fonctionnement ? Mais ce sont surtout les locaux qui en pâtissent.

Nous pouvons réfléchir, une fois notre stupéfaction et colère passées sur l’utilité de cet
exercice coercitif. Les voyageurs usagers du service public, empruntent ces cars LIO 540 pour
un but ou un projet bien précis pour eux : aller travailler, se rendre à un rendez-vous médical,
s’entraîner à la piscine, se détendre en ville, visiter ses proches, etc.

Mais avouez que ça casse un peu l’enthousiasme du déplacement ce débarquement-embarquement contraint, surtout lorsque les familles arrivent du Nord ou de l’étranger avec bagages à roulettes, enfants fatigués et parasols flambants neufs. Pas une partie de plaisir donc ce parcours LIO 540, mais alors qui ou à quoi ça sert-il ?

Et bien tout simplement à offrir du temps aux chanceux utilisateurs de cette ligne pour
admirer les dernières œuvres architecturales en partie financées par la Région Occitanie : le Stade Cantona et le lycée Bourquin… à moins que le maire d’Argelès-sur-Mer, Monsieur Parra, n’accepte que seuls les camions, les vans, les SUV et les caravanes, mobile homes et les tracteurs ne traversent sa ville. C’est un peu fort de diesel, quand on connaît la recommandation actuelle sur la réduction des émissions à effets de serre…

Mais restons réalistes : la Région Occitanie ne prend jamais le car 540, ni Monsieur le maire d’Argelès-sur-Mer pour se rendre à leur rendez-vous médical, à la gare ou au camping ou faire ses courses en ville… Les usagers de cette ligne ne peuvent qu’espérer que ces trois plateformes – Stade Cantonna, lycée Bouquin et Pôle multimodal -, deviennent de vrais sanctuaires afin de s’y mettre à l’abri en toute saison et prier Cythère que la ligne LIO 540 redevienne une ligne dite de service public, simple et pratique”.

Fabienne PotheratÂ