Jean-Michel Solé, maire de Banyuls-sur-Mer, sur la célèbre plage des Elmes.
Cet été 2024, le village de Banyuls-sur-Mer a la côte ! Incontestablement, et c’est incontesté : si l’on en croit les nombreux commentaires élogieux qui fleurissent sur les réseaux sociaux, mais pas que, il serait même parmi les cinq communes qui composent la côte vermeille – Argelès-sur-Mer, Collioure, Port-Vendres, Banyuls-sur-Mer et Cerbère, du nord au sud – le village préféré des touristes. Il faut dire qu’il y règne un climat de douceur de vivre exceptionnel par les temps qui courent, ne serait-ce que comparativement à ses villes voisines, Argelès-sur-Mer et Collioure, asphyxiées et défigurées par le surtourisme. Rencontre avec le maire de Banyuls-sur-Mer, Jean-Michel Solé…
Banyuls-sur-Mer, son port, sa baie, sa plage…
Ouillade.eu : Ã mi-chemin de la saison estivale, quel premier bilan peut-on dresser ?
-Jean-Michel Solé : “Nous sommes un peu en-dessous, avec moins de fréquentation. Quand je regarde les chiffres ce n’est pas dramatique non plus, même si on ne peut pas nier qu’il y a une légère baisse. Le phénomène nouveau que nous avons noté, c’est la présence de nombreux touristes étrangers ; des Allemands, des Belges et des Néerlandais essentiellement. Ils sont venus en quantité et en qualité au mois de juillet. Il suffit d’aller à la plage, en terrasse de café, de se balader sur le front-de-mer ou dans les ruelles du village pour entendre parler allemand et hollandais.
Je suis extrêmement satisfait de nos touristes à Banyuls. C’est une clientèle familiale, fidèle, qui donne une image paisible et apaisée de Banyuls.
Après, il faut bien l’admettre, le reconnaître, la conjoncture n’est pas simple, nous ne sommes pas dans les meilleures conditions”.
Ouillade.eu : d’une manière générale alors, êtes-vous satisfait de cette saison estivale ?
-Jean-Michel Solé : “On pourrait faire mieux. Nous avons encore une large marge de progression. Personnellement, je crois beaucoup aux mois de septembre et octobre, traditionnellement c’est une période qui permet de nombreux réajustements au niveau de l’économie touristique, la fin de saison devrait être bonne. En tout cas, pour répondre plus directement à votre question, nous pouvons faire différemment et mieux.
L’idée n’est pas de faire déborder la saison en accueillant toujours plus de monde, mais c’est d’accueillir le maximum de personnes dans de bonnes conditions. Cela permet aussi de créer du lien entre les touristes et les professionnels”.
Ouillade.eu : à votre avis, quel est le principal “souci” en saison dans le département ?
Jean-Miché Solé : “Je pense que c’est la mobilité. Il faut revoir complètement la mobilité dans les Pyrénées-Orientales. Rendez-vous compte qu’il faut une heure et demie pour se rendre à Perpignan depuis Banyuls ! Soit trois heures de trajet aller-retour ! En 2024, cela est insupportable. Nombre de personnes en vacances à Banyuls souhaiteraient aller passer une journée à Perpignan, voir le Castillet et le Château des Rois de Majorque… elles abandonnent. Je les comprends. Très sincèrement, je pense que c’est là le point noir du Département et de la Région.
Pourtant, il y a d’autres possibilités, toujours au niveau des mobilités ; il y a une gare dans chaque ville de la côte vermeille. Encore faudrait-il impulser une réflexion adaptée à la saison estivale sur le sujet. Car je le répète, les gens ne restent pas dans un seul endroit durant toute la durée de leur séjour, ils bougent ! Ils veulent certes se baigner, mais aussi randonner, aller visiter Collioure, Argelès, Perpignan, trouver de bonnes tables, l’insolite, etc., aller également en Espagne.
D’où, par exemple, mon idée de jumeler Banyuls avec Llança, en Catalogne du sud. Nous allons réaliser ce jumelage. Les contacts sont pris, ils sont bien engagés, il y a beaucoup de sympathie et d’envie des deux côtés. Pour l’instant, “on fastege” comme on dit en catalan avant de se marier”.
Ouillade.eu : venons-en au port, votre grand projet, réalisé maintenant, réussite ou pas ? Si c’était à refaire ?
Jean-Michel Solé : “Je le referai, évidemment ! Pour moi, les deux grandes réussites dans mon mandat seront le Centre Hélio-Marin, avec 220 emplois sauvés, un projet qui me tenait particulièrement à coeur pour les retraités, pour leurs familles, pour les Banyulenques et les Banyulencs ; puis bien sûr la réhabilitation du port, entièrement. C’était devenu une obligation, car il était obsolète et dangereux. Nous y avons investis douze millions d’€uros, dont six millions d’€uros de subventions. Et en plus, pendant les travaux, nous avons dû affronter la tempête Gloria puis derrière le COVID avec des entreprises qui ont dû stopper leurs chantiers. Cela nous a couté 1,6 million d’€uros supplémentaires ! L’Etat, via la Préfecture des P-O, nous a été à ce moment-là d’un précieux soutien.
Le port aujourd’hui, c’est 390 anneaux… et des listes d’attente qui font peur ! Car il est complet, il est à bloc ! C’est un port où règne une belle ambiance.
Côté parking, il n’y a certes que 60 places de stationnement – pour donc 390 bateaux – mais les navigateurs, plaisanciers et pêcheurs, s’y rendent à pied, à vélo… Les plus belles places, on doit les réserver à la population et pas aux autos !”.
Ouillade.eu : la commune de Banyuls-sur-Mer abrite le Laboratoire Arago (l’Observatoire océanologique – institut de recherche), comment ça se passe ?
-Jean-Michel Solé : “Nous avons tissé des liens forts, que ce soit avec la direction du Laboratoire Arago et tous ses intervenants sous sa tutelle. On s’entend extrêmement bien. Pour nous, c’est une pépite ! On répond à leur demande comme eux répondent à la nôtre. Nous avons un partenariat gagnant – gagnant. Nous, Ville de Banyuls, nous avons construit sur le port des “aquariums de recherche”, des locaux de 200m² mis à disposition notamment de l’entreprise Plastic@Sea* qui les équipe. Notre ambition affichée est de créer un pôle entrepreneurial sur la croissance bleue, qui serait installé dans l’immeuble Bartisol, avec pour objectif la création d’une quarantaine d’emplois autour du Développement durable. Nous travaillons beaucoup ensemble ; ils ont besoin de nous, nous avons besoin d’eux. On rajoute une corde à l’arc de notre attractivité !
Le Pôle scientifique de recherche c’est 250 emplois. C’est le Pôle scientifique le plus important d’Occitanie et ça pullule de trésors”.
L.M.
*Plastic@Sea Située dans une zone marine protégée avec un accès direct et continu à l’eau de mer, Plastic At Sea offre un cadre scientifique et écologique unique pour tester la toxicité et la biodégradabilité de nos produits ou matières premières en milieu naturel.