(Communiqué)

 

“Mobilisons-nous pour une alternative positive à ce projet !

 

Un projet datant de plus de dix ans, destructeur de terres agricoles, nuisible à la biodiversité et au patrimoine a des chances de voir le jour dans le Vallespir, à côté de la ville de Céret.
Cet endroit encore protégé et sauvage présente un potentiel formidable pour l’installation de nouveaux agriculteurs, arboriculteurs, pour garantir notre souveraineté alimentaire.
C’est pourquoi, nous, association « Bien Vivre en Vallespir » refusons cette fatalité et proposons des alternatives positives, bien moins coûteuses et pourtant plus intéressantes pour le Vallespir, ses habitants et le devenir de notre région.

 

Mais quel est le projet ?

 

Il comporte deux aspects : En premier, une déviation de route au Nord supposée améliorer la circulation à l’entrée de la ville de Céret. Et en second, un nouvel accès par le sud (via Maureillas ) qui nécessite la construction d’un pont gigantesque, source majeure des problèmes à venir si cela se
fait. Sur le plan technique, il s’agit d’un viaduc, de 330 mètres de long enjambant le Tech, de la création d’une voie nouvelle de 2,6 km, de trois ronds-points. La mise en place de ce projet nécessiterait le déblayage de 300 000 m3 de terre végétale ! (1)

 

Critique du projet :

 

• L’augmentation du trafic routier censée justifier la route du Nord il y a dix ans, ne s’est pas produite. Ce premier argument tombe de lui même. Il y a d’autres solutions bien moins chères et moins nuisibles pour améliorer la circulation. Nous les proposerons à l’administration quand elle voudra nous entendre et réexaminer ce dossier,
• Quant à la construction du pont qui est devenue prioritaire pour certains élu(e)s du canton et du Conseil Départemental, elle représente un budget initial de plus de 40 millions d’Euros ! (2)
• Les surfaces à acquérir représentent trente-deux hectares (dix-neuf hectares de terres agricoles, viticoles et vergers, six hectares de zones naturelles. Cinq hectares de bâti et deux hectares pour la sablière) qui seront détruites (3)
• La construction de ce pont se fera au détriment d’une zone de rivière sauvage (Le Tech), d’une campagne traditionnellement cultivée, et de deux zones naturelles d’intérêt écologique faunistique et floristique et d’une zone Natura 2000 abritant de nombreuses espèces protégées, parmi lesquelles figurent une espèce rare de tortue et de nombreux oiseaux,
• Elle entrainera aussi la destruction d’un mas “historique” qui a servi à faire passer en Espagne des combattants pendant la seconde guerre mondiale
• Cette seconde partie du projet est devenue prioritaire, parce que s’ajouteraient à ce pont la construction d’un ensemble touristique et d’un golf ! (4)

Il faut savoir que cette région n’a pas du tout besoin d’un nouveau golf : il en existe de nombreux dans les alentours. Savoir aussi que le Tech et les nappes phréatiques seraient largement impactées par un pompage excessif et des infiltrations de produits biocides … Économiquement, il est plutôt improbable que les emplois, que les promoteurs du projet font miroiter, soient au rendez vous. Il n’y aura pas de bénéfice pour le Vallespir à court et à long terme. Par contre, nous sommes certains de la destruction de ces terres et des problèmes écologiques qui seront posés, certains de l’impact qu’auraient ces travaux sur le paysage, la circulation et la pollution engendrée par le développement du projet.

 

Que proposons-nous ?
En ce qui concerne les difficultés d’entrée dans la ville de Céret, nous proposons des solutions techniques que nous ne détaillerons pas ici. (Mais que vous pouvez trouver sur notre site internet).
Mais aussi le développement d’un ensemble d’alternatives pour faciliter les mobilités et donc améliorer la vie des gens qui ont besoin d’utiliser cet axe pour leurs déplacements (professionnels ou autres).
Sur la seconde partie du projet (pont), nous demandons l’abandon pur et simple de celui ci ainsi que celui du projet touristique, et son remplacement par la mise en place d’une Régie Municipale (ou Intercommunale) foncière dont l’ objectif serait d’approvisionner la restauration collective du canton en produits biologiques, la création d’une légumerie-conserverie / abattoir au service des producteurs locaux, la création d’un espace horticole, la création d’un espace test agricole en mettant à disposition le foncier, les matériels, les bâtiments, le développement des formations aux métiers de l’agriculture et de l’agro-écologie. En fait, tout un ensemble de créations qui viendrait assurer notre sécurité alimentaire, procurer des emplois pérennes, tout cela en s’appuyant notamment sur le Plan Alimentaire Territorial porté par le Pays Pyrénées Méditerranée.
Si la France était autosuffisante, il y a cinquante ans, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Que se passerait-il si les camions arrivant d’Espagne et du Maroc ne pouvaient plus passer la frontière que ce soit à Bayonne ou dans les P-O ?
Les P-O sont une région avec un potentiel agricole formidable, et pour l’instant bénéficiant d’un climat qui permet une agriculture durable, la production de produits de qualité bons pour une alimentation saine et accessible à tous.
Rejoignez-nous pour poursuivre la réflexion.: nous travaillerons sur le développement des alternatives que nous souhaitons mettre en place.
Ce 4 juillet, nous avons organisé une journée festive et de réflexion avec la tenue de plusieurs ateliers. Un grand succès car de nombreux participants sont venus et ont pu faire une balade sur les bords du Tech, pour voir le site qui serait détruit si ce projet se réalisait, écouter les exposés qui ont été faits par l’avocat qui soutient notre combat, et par les membres du collectif pour expliquer les alternatives envisagées. Mais, le point d’orgue fut l’intervention de Marie Monique Robin sur la biodiversité, les pandémies, la responsabilité du système et de chacun d’entre nous dans cette course absurde vers la destruction du vivant et peut-être à terme de l’humanité. Marie Monique Robin a de plus accepté d’être la marraine de notre combat et nous tenons à la remercier tout
particulièrement pour cela.
Nous organiserons d’autres moments de réflexion et de discussion avec les habitants de Céret et des autres villages (réunions publiques), de nouvelles balades le dimanche sur les lieux . Cela afin que chacun prenne conscience du problème soulevé et se pose des questions sur ce projet soutenu par quelques élu(e)s locaux. Site : https://www.bienvivreenvallespir.com/
« Bien Vivre en Vallespir » a besoin de votre soutien pour gagner ce combat, car en fait, ce schéma de projet qui n’a plus de sens aujourd’hui est aussi une image de ce qui se produit dans beaucoup d’endroits de notre Pays. Nous sommes tous concernés.
Vous pouvez nous écrire à notre adresse mail bienvivreenvallespir@gmail.com
Sources des informations données :
(1)- Les caractéristiques techniques du projet. Source : Dossier d’enquête préalable à la DUP, 2010.
(2)- Le coût du projet avait été estimé initialement en 2010 autour de 35 millions d’euros. Avec l’augmentation des prix de la construction (14,6%), le budget dépasserait aujourd’hui les 40 millions d’euros. La Communauté de Communes du Vallespir finance, quant à elle, des acquisitions foncières non bâties à hauteur d’1 million d’euros (Conseil communautaire du 14 décembre 2018).
(3)- Source : l’État parcellaire du projet officiel. L’État parcellaire fait état d’emprises impactant 39 propriétés. Les 79 parcelles concernées par le projet appartiennent à 57 propriétaires ou usufruitiers, dont la commune de Céret et la communauté de communes du Vallespir. Les emprises sont situées en zone agricole et en zone 4NA,
zone future d’urbanisation économique. Elles sont de nature très diverses : Terres : 129982 m2/ Bois : 25156/vignes : 35744/ sablière : 19152/terres et bâtis : 51462 /Terres en 4NA : 29248/vergers : 23196/canal : 253 / Au total : 314 193 m2. Le projet aura pour conséquence la destruction d’un mas, d’une maison, et d’un terrain cultivé avec casot aménagé en habitation.
(4)- La fameuse « plateforme d’excellence touristique » : une terminologie fumeuse pour un projet de longue date aux mains de quelques initiés. A ce jour, il est prévu une opération de plus de 150 hectares, comprenant près de 100 chambres d’hôtel, 200 à 300 résidences de tourisme, des équipements, un golf et de l’habitat : jusqu’à 375 logements (source : Conseil Communautaire du 27 janvier 2018).
(5)- Marie Monique Robin est une journaliste d’investigation, réalisatrice et écrivaine. Elle a réalisé plus de 35 films, dont, en 2008 : Le monde selon Monsanto ; en 2010 : Notre poison quotidien ; 2012 : Les moissons du futur, Terre souillée ; 2016 : Qu’est-ce qu’on attend ? 2017 : Le roundup face à ses juges… et son dernier ouvrage : « La fabrique des pandémies : Préserver la biodiversité, un impératif pour la santé planétaire. » Elle a reçu le prix Albert-Londres en 1995 et le 8 juin 2013, elle a été décorée de la Légion d’honneur à Notre-Dame des Landes – remise par la sociologue Dominique Méda.