Lettre ouverte du Collectif national Harki et de André Azni, président de l’association “Les Harkis et leurs amis”
–“Nous dénonçons avec indignation la récupération politique et idéologique du Mémorial des Rapatriés par une partie de la gauche, qui n’a jamais respecté ni reconnu la souffrance des Harkis.
Honte à ceux qui, se réclamant enfants de Harkis, cautionnent cette dérive en s’alliant à ceux qui ont toujours méprisé la mémoire et la dignité de nos anciens.
Il y a dix ans déjà, la direction du Mémorial s’était tristement illustrée : les Harkis avaient été interdits d’entrée dans ce lieu pourtant consacré à la mémoire des rapatriés. Un vieil ancien, en fauteuil roulant, s’était vu refuser l’accès ; il fallut l’intervention de Serge Klarsfeld et de l’architecte du lieu — qui remit personnellement son badge — pour qu’il puisse enfin entrer.
Nous conservons toujours la vidéo de cet incident, et elle sera prochainement rendue publique.
En février 2024, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Semseddine Hafiz, devait venir rendre hommage à la mémoire juive dans ce même lieu mémoriel. Il a finalement annulé sa visite, conscient qu’il s’agissait aussi d’un haut lieu de la mémoire harkie.
Le 25 septembre 2025, lors de sa visite, le député Julien Jacobelli a constaté que, dans cet espace censé honorer les Harkis, il était question de tout… sauf d’eux. Il a justement dénoncé un “temple du wokisme” ; nous partageons entièrement ce constat.
Aujourd’hui, 19 octobre 2025, les associations harkies expriment leur profonde colère face à cette volonté manifeste de détourner un lieu de mémoire au profit d’un discours politique partisan, alors même que la gauche n’a cessé d’ignorer ou de travestir notre histoire.
Rappelons que ni Emmanuel Macron, président de la République, ni Carole Delga, présidente de la Région Occitanie (représentée récemment par Agnès Langevine), n’ont jamais déposé la moindre gerbe en hommage aux Harkis. En revanche, le 17 octobre, avant-hier, ils ont commémoré dans de nombreuses villes les victimes du 17 octobre 1961, les “noyés de la Seine”.
Nos morts à nous — ces 150 000 Harkis massacrés, égorgés, abandonnés par la France —, eux, on les oublie.
Nous, enfants de Harkis, refusons ce silence.
Par devoir de mémoire et par fidélité à nos parents, nous continuerons de rappeler cette tragédie trop longtemps occultée”.
Collectif national Harki
André Azni
Président de l’association Les Harkis et leurs amis