Les parkings payants d’Argelès-plage pris d’assaut en soirée… une image qui serait trompeuse, selon les professionnels du tourisme argelésiens !

 

 

Alors que les organes de propagande institutionnels traditionnels – genre Offices de tourisme, plateformes communautaires des collectivités locales et territoriales, Facebook d’élus délégués au tourisme… – se gargarisent sur les réseaux sociaux en affichant un optimisme délirant, tellement qu’il en devient surréaliste pour ne pas dire ridicule, le son de cloche est à l’opposé chez une majorité des professionnels du tourisme du département des Pyrénées-Orientales lesquels, à mi-saison estivale, ne masquent pas leur inquiétude

 

A Collioure, par exemple, le 14 juillet, jour de Fête Nationale, quatre grandes enseignes de la restauration locale – La Frégate, les Halles Catalanes, La Marinade et l’emblématique Hostellerie des Templiers – étaient portes closes ! Du jamais vu.

Explications de l’un d’entre eux : “Entre les exigences du personnel et les exigences de la clientèle, nous avons préféré trancher. Dorénavant nous fermerons un jour par semaine, voire deux s’il le faut. De toutes façons, tous calculs faits, nous ne perdons pas d’argent, c’est l’essentiel, même si nous n’en gagnons pas plus. Si, j’allais oublier : nous gagnons en qualité de vie ! Le personnel est content, il a ses jours de repos et/ ou de congés en pleine saison pour aller s’installer dans sa vie privée pour faire un break hebdomadaire… et nous, employeurs, nous découvrons les joies de l’anti-stress en fermant une à deux journées par semaine ! Quand aux clients, il y a suffisamment d’établissements dans le village”.

Et voilà. En quelques phrases, tout est dit. Un autre patron de restaurant de confirmer : “Après tout, dans tous les secteurs d’activités c’est maintenant comme ça. Nous étions les derniers. Regardez les salons de coiffure, autrefois ils fermaient les dimanches et lundis, désormais vous pouvez ajouter un troisième jour de fermeture hebdomadaire, généralement le mercredi. Et les médecins ? Cela fait belle lurette qu’ils ferment leur cabinet le vendredi après-midi, jusqu’au lundi. Et que souvent ils ne sont pas remplacés ! Personne n’y trouve à redire”.

Si les problèmes de personnels sont récurrents – logement pour les employés saisonniers, salaires, horaires, jours de repos hebdomadaire… -, la plupart des patrons rencontrés répondent que cette situation, accentué par le carcan administratif, devenue insupportable et insoluble leur a permis d’ouvrir les yeux sur une certaine qualité de vie : “En fermant une à deux journées par semaine, même en haute saison estivale comme c’est le cas en ce moment, et bien sûr dans la mesure où la gestion de nos établissements nous le permet, en relation avec nos objectifs et les attentes des uns et des autres, on savoure une autre composante de la qualité de vie. Tout simplement”.

 

Le Petit-Train, un mode de transport estival plébiscité par tous les Argelésiens, résidents à l’année ou visiteurs… un avis cependant loin d’être partagé par l’actuelle Municipalité !

 

Plus au nord sur la côte vermeille, à Argelès-sur-Mer, la station balnéaire leader du littoral roussillonnais, avec près de 200 000 habitants* de mi-juillet à fin août, selon le calendrier des vacances scolaires, nombre de professionnels du tourisme – hôtellerie de plein air, restauration, etc.-etc. – fustigent les post sur les réseaux sociaux de certains élus et de l’Office de tourisme concernant le déroulement de la saison : “Au risque de les contredire, les estivants ne sont pas encore (tous) là. Loin s’en faut ! Pour preuve, beaucoup de mes collègues et moi-même avons de la disponibilité, ce que nous n’avions pas connu depuis longtemps”, nous a confié, hier matin, le propriétaire d’un camping historique de la station balnéaire.

Moins de monde et, surtout, un pouvoir d’achat qui serait en berne, sauf, signe des temps : dans les grandes surfaces alimentaires (Intermarché, Lidl, Aldi…) qui elles cartonnent !

Toujours à Argelès-plage, un restaurateur nous interpelle : “Attention, l’image des parkings payants affichant complet en soirée est trompeuse ! Si cette saison 2022 les parkings sont très fréquentés, c’est surtout et avant-tout parce que le Petit-Train** a considérablement réduit ses dessertes locales, n’évoluant que dans le cadre d’un partenariat avec certains campings. Chacun doit désormais prendre sa voiture pour se rendre en soirée à la plage, avec des embouteillages à la clé. Ceci explique cela. La mairie porte une large responsabilité dans ce contexte pénalisant pour l’attractivité touristique et le déplacement des touristes, et pourtant à entendre la Municipalité : tout va très bien, tout va très bien !”.

A suivre.

 

L.M.

 

*200 000 habitants en comptant la poignée de dizaines de milliers de personnes séjournant dans les Albères et le Vallespir et dont Argelès-sur-Mer est leur plage naturelle (comme les Perpignanais vont logiquement à Canet, les Rivesaltais et les Laurentins au Barcarès…). Sinon, la capacité réelle d’accueil touristique d’Argelès-sur-Mer (campings et locations saisonnières) est de 120 à 140 000 personnes.

**Société de transport Trainbus.