(Vu sur la Toile)

 

Fin de règne et succession difficile, la CGT se dirige tout droit vers une crise interne
(Article de Florian Fayolle • Rédaction magazine Challenges)

 

Magazine Challenges.- A l’approche du congrès de Clermont Ferrand en mars prochain, un vent de fronde se lève à la CGT contre Marie Buisson, la candidate désignée par Philippe Martinez, l’actuel numéro un de la centrale, qui quitte son poste après deux mandats.

La guerre de succession à la CGT est bien lancée. Philippe Martinez, le secrétaire général, va en effet céder les rênes de la centrale en mars prochain lors du Congrès de Clermont-Ferrand après deux mandats. Il tente de transmettre le flambeau à Marie Buisson, secrétaire générale de la fédération de l’éducation, de la recherche et de la culture, qu’il a lui-même désignée. Mais un vent de fronde se lève contre l’actuel numéro un, de plus en plus esseulé à la tête de l’organisation. Qui ne peut plus éviter une véritable crise interne.

La candidature de Marie Buisson ne fait pas l’unanimité. Son profil dérange un certain nombre de caciques cégétistes. On lui reproche d’être à la tête d’une petite fédération en nombre d’adhérents et surtout d’avoir des idées progressistes sur l’écologie et le féminisme. Sa volonté de rapprocher son organisation d’ONG comme Oxfam ou Greenpeace, heurte les fédérations les plus dures comme celles de la Chimie ou de la métallurgie, toutes deux pro-nucléaires.

 

Vers un putsch ?

Les ultras commencent à donner de la voix. Selon Les Echos, la dernière réunion du Comité confédéral national (CCN), sorte de parlement de l’organisation qui réunit les numéros un des fédérations et des Unions départementales, a été très houleuse. Celle-ci a donné lieu à six heures de débat enflammé sur la succession de Philippe Martinez.

A la manÅ“uvre, les grosses fédérations qui demandent la construction d’une alternative de “rassemblement” à la candidature de Marie Buisson. Toujours d’après les Echos, Laurent Brun, le secrétaire général des cheminots, aurait déclaré : “Le temps du centralisme démocratique où le numéro un sortant choisissait le suivant était fini.” Son intervention n’a rien de surprenant : ce militant chevronné d’extrême gauche, se verrait bien prendre la place de l’actuel leader.

Pour l’instant, seul Olivier Mateu, de l’Union départementale des Bouches-du-Rhône, s’est déclaré candidat face à Marie Buisson. Si ses chances sont quasi nulles, d’autres sont en embuscade et pourraient bien sortir du bois dans les prochaines semaines.

En filigrane, se dessine le scénario d’un putsch comme cela avait été le cas en 2012 lors de la succession ratée de Bernard Thibault : sa candidate, Nadine Prigent, une réformiste, avait été obligée de renoncer pour laisser la place à Thierry Le-paon plus conciliant avec les ultras de la CGT.

Une solution de secours qui a échoué. Lepaon avait été obligé de démissionner à la suite des révélations du Canard enchaîné sur les dépenses de rénovation de son bureau et de son appartement. Était alors apparu dans le paysage Philippe Martinez qui, en bon manœuvrier, a pris le pouvoir. Mais grâce aux soutiens des plus radicaux, qui poussent encore la CGT dans la seule contestation et le rapport de force.

 

Une fin de règne compliquée

Le piège semble se refermer sur l’actuel leader. “Cela fait des mois que son autorité est contestée en interne, relate un observateur avisé. Les grosses fédérations ne prennent plus la peine de prévenir la direction confédérale lorsqu’elles veulent faire des mouvements de grève.”

Taxé d’autoritaire par les uns et de trop mou par les ultras, Philippe Martinez connaît une fin de règne difficile. Et ce, en plein conflit social sur les retraites. On peut donc s’attendre à des actions chocs de certaines fédérations qui n’obéissent plus à la centrale confédérale. Tout du moins jusqu’à mars prochain. (Source Challenges)