(Vu sur la Toile)

 

L’astuce illégale de certains enseignants pour obtenir une mutation
(Julia Solans – Rédaction du magazine Capital)

 

 

Capital.-  Pour se rendre dans la ville de leur choix, de nombreux enseignants organisent de faux pacs pour récolter plus de points et augmenter leur chance de mutation.
De nombreux enseignants attendent avec impatience d’obtenir une mutation vers la destination de leur choix. Mais les démarches sont longues et difficiles. Ce qui en amène certains à organiser de faux PACS, que l’on appelle des “PACS blancs”, pour être mutés plus rapidement. Bien qu’elle soit illégale, cette pratique reste très courante et difficile à contenir. Ce mercredi 26 janvier, nos confrères de RTL ont réalisé une enquête pour mieux comprendre ce phénomène, en partant à la rencontre de ces enseignants.

Le principe est simple : se pacser pour emménager dans la ville souhaitée. Parmi ces enseignants, beaucoup souhaitent retourner dans leur ville d’origine. C’est le cas de Jade, 26 ans. Dès l’obtention de son diplôme, la jeune femme a été envoyée à Amiens, loin de ses amis et de sa famille : “Je passais des journées à pleurer, à faire des crises d’angoisse et à enchaîner les arrêts de travail. Pour moi, c’était la seule solution, mis à part démissionner, mais j’aime mon travail, donc je n’avais pas envie de démissionner”, a-t-elle avoué à RTL.

 

150 points supplémentaires en étant pacsé

 

Pour retourner à Grenoble, d’où elle est originaire, Jade s’est pacsée avec l’une de ses amies. Le but étant de récolter un maximum de points et d’avoir plus de chance d’être mutée lors de la rentrée 2022. En effet, la mutation est basée sur un barème de points : vingt points sont remportés par année d’ancienneté, puis cinquante au bout de quatre ans. Mais certains éléments peuvent rajouter un bonus conséquent. En l’occurrence, être pacsé permet d’en obtenir 150. Nos confrères rappellent que les académies les plus demandées comme Montpellier ou encore Bordeaux valent jusqu’à 1 000 points.
L’illégalité de cette pratique n’empêche pas des centaines d’enseignants d’y avoir recours. D’ailleurs, ces “PACS blancs” ne sont pas un secret dans la profession. Sonia, actuellement professeur de philosophie à Nancy, s’est également pacsée avec un ami pour retourner à Clermont-Ferrand : “L’année dernière, cette région avait plus de 500 points et moi il me fallait une dizaine d’années pour l’obtenir. Le PACS, ça donne 150 points, ce qui est une bonne marge par rapport à ce que les profs ont en moyenne”, a-t-elle expliqué.

Pour limiter les faux PACS, la solution serait de rendre “attractifs les territoires qui aujourd’hui ne le sont pas”, a affirmé Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées et des collèges. Certaines villes peu attrayantes, manquent cruellement de jeunes enseignants. Pour rappel, une prime existe déjà pour ceux qui partent enseigner dans certaines villes. En Seine-Saint-Denis, celle-ci est d’un montant de 10 000 euros pour récompenser cinq ans de service. Un geste qui ne serait pas suffisant : “On voit des collègues dans des situations complètement désespérées, donc ils se mettent en danger au regard de la loi, parce que leur situation n’est pas reconnue”, a déclaré Elisabeth Allain-Moreno, membre du syndicat SE-UNSA.