(Vu sur la Toile)

 

Quatrième nuit de violences en France : 994 personnes interpellées dans la nuit de vendredi à samedi
(Article de www.nouvelobs.com)

L’Obs.- Des nouvelles scènes de pillages et de violences sporadiques ont secoué plusieurs villes de France vendredi mais la nuit a été marquée par des violences d’une « intensité bien moindre » que les précédentes selon les autorités, quatre jours après la mort de Nahel, tué par un tir policier lors d’un contrôle routier à Nanterre.

 

Mort de Nahel à Nanterre : comment l’IGPN enquête sur les tirs mortels de policiers

En déplacement à Mantes-la-Jolie (Yvelines), le ministre de l’Intérieur a annoncé vers 2H 30 des violences d’une « intensité moindre » avec 471 interpellations au niveau national, et des poches de tensions notamment à Marseille et Lyon.

Ce matin, ces chiffres étaient revus à la hausse : quelque 994 personnes ont été interpellées dans la nuit de vendredi à samedi. Il y a eu « 79 policiers et gendarmes blessés », a ajouté le ministère, dans un bilan encore provisoire. 1 350 véhicules ont été incendiés, 234 bâtiments ont été incendiés ou dégradés et 2 560 incendies ont été comptabilisés sur la voie publique.

Gérald Darmanin avait annoncé dans l’après-midi, à l’issue d’un deuxième comité interministériel de crise en deux jours, la mobilisation « exceptionnelle » de 45 000 policiers et gendarmes et unités d’élite comme le GIGN pour éviter une quatrième nuit consécutive d’émeutes et ce quelques heures avant l’inhumation de Nahel samedi dans le chef-lieu des Hauts-de-Seine.

Des dizaines de fourgons de policiers étaient ainsi positionnés non loin de l’entrée du quartier du Vieux pont à Nanterre, épicentre des violences urbaines et rythmé vendredi encore par des tirs de mortiers d’artifice.

De leur côté, les joueurs de l’équipe de France de football ont envoyé dans la soirée un « appel à l’apaisement, à la prise de conscience et à la responsabilisation ». « Le temps de la violence doit cesser pour laisser place à celui du deuil, du dialogue et de la reconstruction », ont exhorté les Bleus.

 

Heurts et pillages à Marseille

Dans la soirée, Marseille a été à nouveau le théâtre de heurts et de scènes de pillages, du centre-ville puis plus au nord dans ces quartiers populaires longtemps laissés pour compte que le président Emmanuel Macron a visités en début de semaine.

Vers 2H, la police a annoncé 88 interpellations depuis le début de soirée, des groupes de jeunes, souvent masqués et « très mobiles » pillant ou tentant de le faire plusieurs enseignes. Un important incendie, « lié aux émeutes », selon une source policière, a éclaté dans un supermarché.

Des scènes de pillage de commerces et d’affrontements entre manifestants cagoulés et forces de l’ordre ont également enfiévré la soirée dans certains quartiers de Grenoble, Saint-Etienne et Lyon alors que dans la région ouest, des points de tension comme à Angers ou Tours et sa région il ne restait en milieu de nuit que quelques groupes très mobiles face aux forces de l’ordre.

 

Incidents en régions parisienne

 

Les violences ont également eu lieu en Ile-de-France mais avec une intensité moindre que la veille, selon un bilan de l’AFP réalisé samedi à 3H à partir de sources policières.

A Nanterre (Hauts-de-Seine), ville où vivait le mineur de 17 ans tué mardi par un tir policier lors d’un contrôle routier, la nuit a été caractérisée par des tirs sporadiques de mortiers d’artifice ainsi que des tentatives d’érection de barricades.

Neuf personnes y ont été interpellées par des policiers de la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) en possession d’un jerrican d’essence et de cocktails Molotov, a indiqué sur Twitter la préfecture de police de Paris.

Des fourgons de police étaient également déployés en nombre à Colombes, où la situation était tendue et où flottait une forte odeur de brûlé. Les pompiers éteignaient une voiture en feu, a constaté un journaliste de l’AFP sur place.

Dans le département voisin des Yvelines, des départs d’incendies ont été recensés dans un Franprix de Mantes-la-Ville, La Poste de Chanteloup-les-Vignes et un local des Restos du Coeur à Vaux-sur-Seine.

 

« Très puissants, 5 pour 15 euros, 8 pour 20 euros ! » : le business du marché parallèle des mortiers d’artifice

 

En Seine-Saint-Denis, des heurts ont éclaté dans de nombreuses communes de ce département populaire, avec une « activité importante » dans les secteurs d’Aulnay-sous-Bois, Sevran et Bondy, selon une source policière. Dans cette dernière ville, des groupes de jeunes ont attaqué et pillé un grand magasin Conforama. De multiples magasins alimentaires et grandes surfaces ont été visés à travers le territoire.

Dans la grande ville de Saint-Denis, un feu volontaire a sévèrement endommagé le centre administratif. « Attaquer la maison du peuple, c’est attaquer la République. Cette nuit des vies humaines ont été mises en danger. Cet acte inqualifiable ne restera pas impuni », a tweeté le maire (PS) Mathieu Hanotin.

Dans le centre-ville de Bobigny, des tirs de mortiers sporadiques ont résonné pendant près de deux heures passé minuit derrière la mairie, barricadée, a constaté un autre journaliste de l’AFP. Un nuage irritant de gaz lacrymogène imprégnait l’atmosphère.

En Seine-et-Marne, les pompiers luttaient contre l’incendie d’un centre commercial de 1 500m² à Dammarie-les-Lys, protégés par les forces de l’ordre.

Dans le Val-d’Oise, la mairie de Persan et le poste de police municipale ont été brûlés et en grande partie détruits. C’est dans cette même ville qu’est mort en 2016 Adama Traoré, autre jeune homme érigé en emblème des violences policières.

(Source L’OBS/ Le Nouvel Observateur)