(Vu sur la Toile)

 

Royaume-Uni : La justice confirme la déchéance de nationalité d’une adolescente qui avait rejoint l’EI
(Article de 20 Minutes avec AFP)

Londres avait déchu de sa nationalité britannique Shamima Begum en 2019

 

Journal 20 Minutes.- Malgré son combat judiciaire, Shamima Begum ne peut toujours pas rentrer au Royaume-Uni. La justice britannique a confirmé ce mercredi 22 février 2023 la déchéance de nationalité de cette jeune femme qui avait rejoint à l'(âge de 15 ans le groupe djihadiste Etat islamique en Syrie. Illustrant le défi posé aux gouvernements occidentaux par le retour de leurs ressortissants djihadistes et leurs familles, ce cas de cette ex-lycéenne londonienne avait marqué l’opinion.

Londres avait déchu en 2019 Shamima Begum de sa nationalité britannique invoquant la sécurité nationale. Mais la jeune femme, désormais âgée de 23 ans et toujours dans un camp en Syrie, avait fait appel de cette décision. Ce jugement signifie qu’elle n’est pas autorisée à rentrer au Royaume-Uni. Le ministre de l’Intérieur a salué cette décision. « La priorité du gouvernement reste (…) la sécurité du Royaume-Uni et nous défendrons fermement toute décision prise dans ce sens », a déclaré un porte-parole.

 

Bangladaise par ses parents

Début 2015, Shamima Begum avait quitté son quartier de l’est de Londres avec deux amies. En Syrie, elle avait épousé un djihadiste de l’EI d’origine néerlandaise, de huit ans son aîné, et avait eu deux enfants morts en bas âge. Après avoir fui les combats, elle s’était retrouvée en février 2019 dans un camp syrien. Enceinte d’un enfant mort peu après sa naissance, ce qui avait suscité des critiques contre le gouvernement britannique, elle a exprimé le souhait de rentrer au Royaume-Uni mais Londres l’a déchue de sa nationalité.

Début 2020, la Commission spéciale chargée des appels en matière d’immigration (SIAC) avait jugé que la décision ne faisait pas de Shamima une apatride, car elle était Bangladaise par ses parents. Mais Dacca a refusé de l’accueillir car elle n’avait jamais demandé la nationalité bangladaise. Le recours contre cette déchéance a été examiné en novembre par la SIAC.

 

Des suspicions d’« exploitation sexuelle »

Dans son jugement rendu mercredi, la Commission a reconnu qu’il existe une « suspicion crédible » que Shamima Begum a fait l’objet d’un trafic vers la Syrie à des fins d’« exploitation sexuelle » et aussi que des services de l’État ont commis des « manquements discutables à leurs obligations » en l’autorisant à se rendre dans ce pays. Mais le juge a estimé que cette « suspicion » était « insuffisante » pour que les arguments de la défense de Shamima Begum l’emportent.

Lors de l’audience en novembre, la défense de la jeune fille l’a présentée comme une victime d’un trafic mis en place par l’EI. « Cette affaire concerne une enfant britannique âgée de 15 ans qui a été influencée (…) par la machine de propagande efficace et déterminée de l’EI (…) pour être donnée en mariage à un combattant de l’EI », avait dit son avocate Samantha Knights. « C’est une affaire de sécurité nationale (…) Ce n’est pas une affaire de trafic d’enfants », avait pour sa part plaidé l’avocat du gouvernement James Eadie.

 

Du manque de regret aux suppliques

En 2021, Shamima Begum avait supplié le Royaume-Uni de la laisser rentrer. « Je sais que je n’ai rien fait dans l’EI à part être une mère et une épouse », avait déclaré, en débardeur, la jeune femme sur la chaîne ITV. « Le seul crime que j’ai commis était d’avoir été assez stupide pour rejoindre l’EI ». Mais elle avait suscité l’indignation l’année précédente dans une interview où elle n’avait exprimé aucun regret. Elle arborait alors un voile noir tombant jusqu’aux pieds.

Dans un podcast de la BBC sorti en janvier, elle se défend d’être une « mauvaise personne ». Elle y explique comprendre la colère des gens contre elle. « Mais je ne pense pas que ce soit contre moi. Je pense que c’est contre l’EI. Quand ils pensent à l’EI, ils pensent à moi parce que j’ai été tellement médiatisée », a-t-elle dit. Le retour des familles des djihadistes capturés ou tués en Syrie et en Irak est une question délicate dans plusieurs pays, notamment en Europe, depuis la chute en 2019 du « califat » de l’EI. (Sources 20 Minutes avec l’AFP)