Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement National (RN) à l’Assemblée Nationale, députée de la 11e circonscription du Pas-de-Calais : “Nous avons fait le choix d’une campagne de terrain et de proximité, de rencontres et d’écoute, ce qui me paraît essentiel dans un pays abîmé par la vision du pouvoir déconnectée, solitaire et méprisante d’Emmanuel Macron. Il était également important de se rendre dans les villes que nous gérons et dont la gestion est saluée par les habitants. Perpignan en est un exemple emblématique (…)”.

 

 

-Le choix de venir à Perpignan pour fêter le 1er mai, c’est pour vous tout un symbole ? C’est LE lieu où vous vous devez d’être ce jour-là ?

Marine Le Pen : “Le 1er mai est dans l’histoire de notre mouvement une date importante, symbiose entre la fête de la nation incarnée par une femme, Jeanne D’Arc, symbole d’un pays debout qui ne renonce ni à sa liberté ni à sa souveraineté, et tous ceux qui la font vivre par leur travail.

Nous avons fait le choix d’une campagne de terrain et de proximité, de rencontres et d’écoute, ce qui me paraît essentiel dans un pays abîmé par la vision du pouvoir déconnectée, solitaire et méprisante d’Emmanuel Macron.

Il était également important de se rendre dans les villes que nous gérons et dont la gestion est saluée par les habitants. Perpignan en est un exemple emblématique. Pendant des années nos adversaires ont répété que nous serions incapables de gérer au quotidien des municipalités.

Nous avons démontré le contraire, dans les villes que nous administrons depuis 2014 et où la quasi-intégralité des maires a été reconduite dès le premier tour en 2020, et à Perpignan, où Louis Aliot et son équipe agissent et travaillent chaque jour, avec efficacité et pragmatisme au service des administrés, et ce malgré les multiples défis et complexités liées aux grandes villes. C’est une belle réussite que les électeurs perpignanais ont d’ailleurs validée lors des élections législatives de 2022 en envoyant quatre députées RN à l’Assemblée nationale*.

 

-Dans ce début de campagne pour les élections européennes que constatez-vous plus particulièrement s’agissant du comportement des Français (sur le terrain où vous êtes très active, ainsi qu’au travers des nombreux sondages en faveur de la liste présentée par le RN) ; s’agissant de vos adversaires politiques…

Marine Le Pen : “L’élection du 9 juin sera le seul rendez-vous électoral national avant la présidentielle de 2027, elle doit permettre aux Français de sanctionner un pouvoir fuyant, sectaire et sourd à leurs aspirations légitimes.

Depuis sept ans et de façon accélérée depuis 2022 , Emmanuel Macron a développé une relation toxique avec les Français, qu’il jette les uns contre les autres, en exacerbant les tensions par ses mots, son mépris et ses postures plutôt que d’essayer de recoudre le tissu national.

Partout, nous constatons cette aspiration au changement, cette soif d’alternance, ce besoin de se faire de nouveau entendre et respecter. La démocratie ne s’use et s’éteint que si on renonce à être pleinement acteur de son destin. Le peuple français doit reconquérir ce pouvoir que lui confère le bulletin de vote. C’est dans les urnes et c’est par une mobilisation massive, que s’enclenchera le changement tant attendu.

Face au projet macroniste qui entend transformer l’Europe en un État centralisé européen, nous voulons que la France reste une grande nation : puissante, indépendante et souveraine. Le choix est entre eux et nous. Les autres listes, de gauche comme de droite, ont peu ou prou soutenu depuis des années les politiques d’abdication de notre souveraineté, décidées à Bruxelles et mises en place servilement par Emmanuel Macron. Le seul vote utile et capable d’arrêter la course vers l’abîme sera le vote pour la liste menée par Jordan Bardella”.

 

-A l’occasion d’élections régionales en Espagne, le député européen séparatiste catalan Carles Puigdemont a décidé de faire campagne depuis la France, plus précisément depuis la ville d’Argelès-sur-Mer dans les P-O, où il tiendra quotidiennement ses meetings, à partir du vendredi 26 avril, et ce pendant deux semaines. Qu’est-ce que cette situation inédite pour le moins vous inspire ?

Marine Le Pen : “M. Carles Puigdemont fait l’objet depuis le 29 février 2024 d’une enquête pour terrorisme ouverte par la Cour suprême espagnole. Sans m’immiscer dans les affaires intérieures d’un État européen, frontalier, ami et avec lequel nous entretenons des liens anciens, on peut s’interroger sur le silence des autorités françaises quant à l’organisation de ces meetings sur le territoire de la République.

Silence qui interpelle au regard de la position du gouvernement d’Emmanuel Macron exprimée en 2020 et soulignant « l’attachement au strict respect de l’intégrité constitutionnelle et territoriale de l’Espagne qui est un pays ami et un partenaire privilégié de la France en Europe » et rejetant « la tentative avortée de sécession de la Catalogne d’octobre 2017 qui n’a fait l’objet d’aucune reconnaissance internationale, de même pour le “Conseil de la République” créé par l’ancien président de la Généralité de Catalogne »”.

 

-“Au Royaume-Uni, un aller simple vers le Rwanda pour les migrants illégaux” : qu’en pensez-vous ?

Marine Le Pen : “Nous sommes là dans le cadre d’un accord passé entre deux États souverains, le Royaume-Uni et le Rwanda, qui entérine le système validé en 2022 d’un partenariat économique renforcé avec ce pays d’Afrique de l’Est en échange de l’accueil des migrants illégaux arrivés sur le territoire britannique.

Sans me prononcer sur la viabilité d’un tel accord sur le long terme, il témoigne de la souveraineté du Parlement britannique et de ses lois sur les juridictions supranationales dans un domaine crucial, la gestion des flux migratoires et des demandes d’asile.

Il sera par ailleurs intéressant de voir si cette procédure fait baisser de manière substantielle les demandes d’asile dont nous savons que la plupart sont faites pour rester sur le territoire illégalement en cas de refus.

Sur le fond de la question, vous le savez, nous privilégions une approche différente, organiser le traitement des demandes d’asile dans les ambassades et consulats des pays d’origine pour éviter une immigration du fait accompli”.

 

Propos recueillis par L.M.

*En juin 2022, les quatre circonscriptions des Pyrénées-Orientales ont été remportées par le RN. Sophie Blanc (1re circonscription des P-O), Anaïs Sabatini (2e), Sandrine Dogor-Such (3e) et Michèle Martinez (4e).