Ci-dessous l’intégralité de l’intervention de Marie-Pierre Sadourny (PS), maire-adjointe d’Ortaffa, lors de la séance publique du Conseil Municipal de la commune d’Ortaffa, présidée par le maire Raymond Pla, et qui a eu lieu ce mercredi 30 avril, en début de soirée. A l’ordre du jour figurait entr’autres, à la demande du Premier Magisttrat, la suppression du poste de 1er adjoint, 1re adjointe en l’occurrence, puisque cette fonction était occupée jusqu’ici par Marie-Pierre Sadourny, par ailleurs vice-présidente du Département66 :
–“M. le Maire, juste avant de passer au débat et par la suite au vote, j’aimerai m’exprimer sur la décision que vous prenez à mon sujet et qui ne mérite aucune réponse de votre part.
Je souhaiterai dire à tous les élus et particulièrement au groupe majoritaire que j’aimerai que vous suiviez la décision du maire, car c’est ce que je souhaite aussi, ardemment.
Il n’est plus possible de continuer ainsi, car il y a un moment que je ne partage plus rien avec le maire. Il arrive parfois, que les relations humaines ne se passent pas comme nous l’envisagions, comme nous l’aurions souhaité, nous arrivons à ce moment-là , où les chemins se séparent.
Mais ils se séparent dans l’intelligence collective, le respect, la loyauté, du moins c’est ma façon d’être, de voir la situation et de faire.
Vous comprenez tous, que je souhaite rester digne, que je parlerai de cet éloignement avec un ton positif, enthousiaste même. Je retrouve ma liberté, liberté d’être la femme élue que je suis, liberté d’agir pour cette commune et ses habitants selon mes valeurs et convictions, avec mon savoir être et mon savoir-faire. L’intérêt de la commune passant avant toutes nos petites choses et nos égos.
Je vis cela sereinement comme une histoire qui va s’écrire différemment avec le maire. En revanche, j’ai beaucoup aimé être à vos côtés, votre altruisme, vos qualités humaines, votre soutien indéfectible au maire à la suite de cette douloureuse scission qui est née et dure depuis 2022.
Vous avez été à ses côtés, sans rien dire, sans rien demander, sans rien attendre. Vous méritez le respect que chaque élu doit avoir et le respect que chacun doit avoir avec vous, élus de la république.
La politique est une belle chose, vous avez été remarquables dans l’abnégation, n’en doutez jamais.
Quant à moi, il n’est plus possible de continuer. Le rôle du premier adjoint est essentiel pour le bon fonctionnement de notre municipalité. Il est le lien entre vous, le maire, et les citoyens, et en principe, ou du moins dans chaque municipalité, il joue un rôle clé dans la mise en œuvre des projets et des initiatives qui touchent le quotidien des habitants de la commune.
Quant à moi, Il n’est plus possible de continuer de rester 1re adjointe, quand je ne partage plus les décisions.
Élue depuis pratiquement vingt ans, je resterai fidèle à mes engagements, je n’ai pas besoin d’un titre sur une feuille de papier pour agir au quotidien pour les habitants d’Ortaffa et du canton La Plaine Illiberis, car comme certains le savent, je suis Conseillère Départementale depuis 10 ans maintenant et vice-présidente du Conseil Départemental, dans une équipe d’hommes et de femmes unie autour de la Présidente, de ses directeurs de Cabinet et des directeurs des services du Conseil Départemental des Pyrénées-Orientales.
Une équipe qui échange, débat, décide collectivement dans une démarche démocratique, où tout le monde à sa place, où chaque élu est écouté et respecté.
En vingt ans, j’ai travaillé avec d’autres maires, Jacques Bouille et Thierry Del Poso, des maires d’une commune différente à celle d’Ortaffa, de près de 12 000 habitants, deux maires de personnalités différentes, mais j’ai pu apprendre pendant ces vingt ans les mécanismes, et le fonctionnement d’une mairie. J’ai souhaité pourtant apporter cette expérience et ces longues années de route à la municipalité.
La commune d’Ortaffa, mérite des élus bienveillants, recentrés sur les attentes et les besoins de chacun et de tous.
Je ne connais pas le langage de la méchanceté, des coups de poings, de la trahison, de l’humiliation, de la vexation, de la misogynie politique, du mensonge, de la manipulation.
Je sais que la politique est dure et sans pitié, et nous connaissons tous la règle quand nous nous engageons, mais je sais fondamentalement que ce n’est pas comme cela que l’on doit faire de la politique.
La politique est une belle chose, c’est la vie dans la cité.
Je suis et resterai débout, digne, combative, pugnace, dynamique, je peux regarder droit dans les yeux, chaque habitant, car je n’ai rien fait de mal, rien fait contre, rien fait de répréhensible, de critiquable, de punissable, rien !
Je continuerais d’être bienveillante, telle que je suis et comme vous m’avez toujours connue. L’heure est à l’apaisement, le but n’est pas d’assombrir la situation déjà compliquée, ni d’être un blocage aux décisions qui concernent les habitants.
Une commune, ses habitants ont besoin de perspectives, d’ouvrir le champ des possibles, pas de se retrouver dans une impasse stérile voire toxique. Tous les habitants d’Ortaffa, peuvent compter sur moi, je serai toujours proche d’eux, je resterais le lien fort et réel entre la commune et le Conseil Départemental des Pyrénées-Orientales.
J’ai une pensée auprès des agents publics de la commune. Nous avons encore constaté leur extraordinaire mobilisation, dans cette situation compliquée.
L’action publique à Ortaffa est portée par des femmes et des hommes qui ont décidé de se mettre au service de la communauté, des femmes et des hommes qui tous les jours, construisent la République en actes et pérennisent son héritage.
Alors, oh les cœurs !
L’honneur est une chose trop précieuse à mes yeux pour rester au pouvoir et accepter toutes les turpitudes.
L’honneur c’est la conscience, c’est le respect de soi même. Les affronts à l’honneur ne se réparent pas.
Et puis, il y a eu un jour, où celle qui donnait sans compter, où celle qui pardonnait ou vivait avec cela, sans exiger. A ouvert les yeux. Elle a vu que le respect ne se mendie pas, elle a vu que l’indifférence éteint tout doucement la flamme, jusqu’à ne laisser qu’un glacial silence. Ce jour-là , elle n’a rien dit, juste souri, comme on sourit à une leçon apprise trop tard. Mais juste à temps pour ne pas oublier.
Il y a des moments ou les mots s’usent, alors j’ai cultivé ces dernières semaines les silences qui donnent de la valeur aux paroles.
C’est le moment de retrouver notre fraternité, le fil de notre histoire, de notre intelligence collective, de notre exigeante morale de valeurs républicaines, universalistes, de notre utilité pour notre commune, et pour celles et ceux que nous voulons représenter et défendre, notre unité, notre justice, envers chacun et chacune, toujours respectueux de la démocratie.
Je terminerai par la phrase de Camus, « L’avenir est un présent que nous fait le passé. »
Alors chers tous, chers amis pour certains, je viens de parler du passé, comme une promesse d’avenir.
Voilà à présent ma feuille de route !”.
Marie-Pierre Sadourny, élue de la Ville d’Ortaffa