Témoignage.- Ce que les agriculteurs demandent est pourtant simple. Comme des millions de Français, ils réclament : « de la reconnaissance, un revenu et surtout exercer leur métier avec moins de charges et d’entraves »

 

La colère qui s’exprime est un ras-le-bol « lorsqu’il y a un trop-plein, il faut purger tous les sujets ».

-« Certains services de l’Etat sont intransigeants et déconnectés de notre réalité ».

Un exemple parmi tant d’autres : l’an dernier, à la suite de contrôles, j’ai dû investir plusieurs dizaines de milliers d’€uros pour me mettre aux normes de la grippe porcine sauf que les banquiers n’accordent pas ce genre de financement.

Mais comme les normes sont les normes et que le glaive de la répression est redoutable, j’ai été contraint, immédiatement, d’appliquer la loi. Comprenez qu’à 63 ans ça peut être très, très dur à vivre !

Cette spirale des contrôles a été amplifiée par un zèle intrusif totalement inhumain et entièrement couvert par la hiérarchie !

Le suicide des agriculteurs, ayant vécu ce que j’ai vécu, je peux le comprendre. Il suffit d’être confronté à ce genre de réalités. Dans mon cas, ils sont venus à quelques jours d’intervalle et durant plusieurs semaines ; ils étaient trois contrôleurs, fouineurs dans les moindres détails, pour dérouler plusieurs chapelets d’intransigeances !

J’ai dû imposer des rendez-vous à leurs directions, faire des lettres recommandées au Procureur de la République à Perpignan et au Préfet des P-O. Personne n’a réagi, alors qu’il est évident que j’avais face à moi des fonctionnaires aigris qui voulaient ma peau… Très sincèrement, ce qui ne va plus dans notre Pays c’est qu’il n’y a aucun recours face à cette dictature de la norme !

Ce sont là les raisons pour lesquelles, par solidarité et vécu, comme au tout début du mouvement des Gilets Jaunes (en décembre 2018) je pars ce matin sur le rond point du cadran solaire avec de la nourriture et de quoi faire griller sur place.

Les agriculteurs, comme à l’époque du début du mouvement des Gilets jaunes, on ne demande pas à travailler moins, on veut juste se sentir respecté, mais aussi dégager un revenu suffisant, sans être écrasé de charges, de taxes et de contrôles.

Cinq ans se sont pourtant écoulés depuis les Gilets jaunes, mais c’est devenu pire !”.

 

*Hubert Levaufre, la Ferme de Découverte Saint-André et Saint-Pierre Lafeuille, vice-président de l’OTI Pyrénées-Mediterranée, vice-président APLPO