(Communiqué)

 

Communiqué de presse de FRENE 66 du 8 aout 2022 :

 

-“L’association FRENE66 siège au comité « ressource en eau » du département en représentation des associations de défense de l’environnement.

Elle y a exprimé ses plus vives inquiétudes pour la ressource en eau au regard de la situation de sécheresse qui sévit dans le département des P-O, et plus généralement en France.

Lors de la dernière réunion du 26 juillet 2022 de ce comité départemental, les informations de relevés des seuils de débit et niveaux des nappes rendaient nécessaire de mettre le secteur Tech au niveau « critique » (rouge).

Ce niveau ultime n’a pas été retenu par le préfet dans l’arrêté départemental de restriction temporaire en date du 2 août qui a décidé de maintenir ces secteurs en « alerte renforcée » (orange). Cela permettait de maintenir une irrigation pour l’agriculture, certes réduite, alors qu’elle aurait dû être interdite suivant les recommandations de l’Arrêté Cadre Sécheresse du département.

Ce choix préfectoral a été opéré afin de sauver une agriculture en souffrance. Suffira-t-il ?

La Fédération regrette que cette instance de concertation sur la gestion conjoncturelle de l’eau au niveau local ne trouve aucune articulation avec les instances en charge de la gestion structurelle, quand elles existent (SAGE), et comme le prévoit pourtant le document d’orientation de bassin.

Certains secteurs sont encore dépourvus de cet outil qui date pourtant de 1992 avec la loi sur l’eau. C’est le cas pour le bassin versant de l’Agly tout autant en souffrance que les autres.

L’administration ne peut pas continuer à gérer uniquement la pénurie en période d’étiage. Il faut des solutions sur le plan structurel à plus long terme et qui ne se résument pas à « capter l’eau qui part à la mer » comme on peut l’entendre dans cette commission.

Le cycle de l’eau est bien plus complexe et il est clairement établi pour nombre de ces projets de réserves déjà réalisés qu’elles puisent leur eau dans les nappes.

La commission des pétitions du Parlement européen à auditionner le 13 juillet dernier les collectifs issus de la société civile qui ont déféré la question de l’irrigation et des bassines devant cette instance. Il ressort un constat sur les violations par la France de huit Directives Cadres Européenne lors de la construction de ce type d’infrastructure. Cette commission fait donc injonction à la France de se mettre en conformité.

Par ailleurs, ces auditions ont montré que ces projets de bassine mobilisent des moyens financiers conséquents qui ne bénéficiaient qu’à très peu d’agriculteurs et accentuent la sécheresse et les inondations. Selon les derniers chiffres du recensement agricole entre 2010 et 2020, l’irrigation a augmenté en moyenne de 14 % la surface agricole utile irriguée dans le pays. Dans le même temps, l’urbanisation et l’artificialisation des sols continuent et même s’amplifient sur certains secteurs côtiers. Aujourd’hui, pour l’essentiel, la ressource se partage pour moitié entre l’alimentation en eau potable et l’eau pour l’irrigation nécessaire à l’agriculture.

Les pistes de réflexion pour préserver la ressource passent nécessairement par une réflexion urgente sur le changement de modèle agricole et son adaptation au changement climatique, mais également par des actions concrètes sur l’urbanisation et l’artificialisation des sols.

Néanmoins, les plans locaux d’urbanisme prévoient toujours la construction de piscines individuelles et les golfs ont des dérogations pour arroser une partie de leurs parcours. Onze mois après l’adoption de la loi climat, l’Association des maires de France a le culot de demander un moratoire à l’application du volet Zéro Artificialisation Nette en saisissant le Conseil d’État. Enfin, les documents d’urbanisme (SCoT et PLU) des Pyrénées-Orientales favorisent l’emballement de l’urbanisation dans les communes du littoral comme en zone de montagne et attestent d’une volonté de certains élus locaux pour que rien ne change et même pour que la situation s’aggrave.

La sécheresse c’est aussi l’occasion de remettre en cause les orientations irresponsables prises avec le seul objectif de la croissance, du toujours plus, en zone urbaine comme en zone rurale”.