Parfois, il est bon – et précieux – de remonter le cours de l’Histoire, “le fil du temps” comme on dit plus fréquemment… et ce afin d’éviter d’être englué dans une mémoire sélective qui généralement n’augure rien de bon pour la santé d’une démocratie. Quelle qu’elle soit !

 

Alors que la gauche – PS, PCF, LFI, EELV, Radicaux… – est vent debout et particulièrement déchaînée contre la décision de la Majorité du Conseil Municipal de Perpignan, présidée par Louis Aliot, maire et vice-président du Rassemblement National (RN), d’attribuer le nom de Pierre Sergent à une voie publique, voilà que l’histoire locale se rappelle à nous.

C’était en 2008. Pas si loin que ça de nous. Mais, effectivement, c’était avant. Jean-Paul Alduy était maire de Perpignan et, politiquement s’entend, s’auto-flagellait en se qualifiant “de maire de droite le plus à gauche du département” (dixit la presse locale). A droite, son propos n’a surpris… que lui. Et puis, cette année-là, y’avait d’autres chats à fouetter, on était en plein dans la retentissante affaire dite de “la fraude à la chaussette” : deux proches du Premier Magistrat, président et vice-présidente d’un bureau de vote (le N°4 pour ne pas le citer), étaient à l’origine d’un tripatouillage électoral tragi-comique, qui avait tout de même provoqué l’annulation des Municipales ; les deux partisans de Jean-Paul Alduy ayant été pris la main dans la chaussette. Une première du genre au plan (inter)national, qui à l’époque fit le tour des rédactions hexagonales, ainsi que des Instituts d’Etudes Politiques (IEP), en guise de “K” à étudier sur les bancs universitaires. On s’étonne encore et encore que le sujet, quatorze années plus loin, n’a toujours pas inspiré la production cinématographique…

Revenons à notre cargolade. C’était donc en 2008. Plus précisément au mois d’avril. Très exactement le 28 du mois. Lors d’une séance publique du Conseil Municipal de Perpignan-La-Catalane. Pierre Estève*, alors élu dans l’Opposition municipale – de gauche of course, cela va de soi -, ex-député socialiste (de juin 1988 à avril 1993), prenait la parole pour parler de Pierre Sergent et se souvenir d’une certaine époque, entre 1986 et 1988, où les deux hommes se côtoyaient dans l’hémicycle du Conseil Régional Languedoc-Roussillon, à Montpellier : “S’agissant de propos déclamés par M. Le Pen qui niait l’existence des chambres à gaz, j’avais dit à M. Pierre Sergent, en dépit de ce qui nous oppose au niveau des idées, vous êtes un ancien résistant, j’ai de l’estime pour ce que vous avez été, je comprends que l’Algérie vous ait amené à prendre certaines positions, même si je ne les approuve pas, mais est-ce que vous approuvez ces positions ? Il m’a dit non, ce sont des dérapages que je condamne. Je regrette que vous n’ayez pas la même attitude” (dixit Pierre Estève).

No comment.

L.M.

 

*Pierre Estève, né le 31 mai 1939 (83 ans) à Saint-Paul-de-Fenouillet, village dont il a été le maire ; ex-conseiller général des P-O pendant une quarantaine d’années (de 1973 à 2015).