Juin 2021 : Robert Ferré, ici avec l’actrice et romancière Annie Duperey, lorsqu’il a été élu nouveau président de l’association OFF de Perpignan, en remplacement de Didier Hoiry qui avait occupé la fonction pendant près de dix ans.
Les mots sont forts, à la hauteur de la colère tranquille de Robert Ferré, l’un des conseillers consulaires parmi les plus emblématiques et estimés de la Chambre de Commerce et d’Industrie des Pyrénées-Orientales (CCI66), élu pour la première fois en 1988, aux commandes depuis 2021 du festival OFF de Perpignan : “J’ai l’impression d’un immense gâchis, le sentiment d’une trahison, un trait de plume sur trois décennies d’un formidable boulot où l’union des commerçants perpignanais aura été une extraordinaire force. Je pense aussi à Bernard Fourcade* qui doit être extrêmement déçu. Pas question cependant de baisser les bras, de tourner la plage, nous continuerons avec d’autres à développer la plus belle animation commerciale annuelle de Perpignan. Je suis très confiant”
-Ouillade.eu : comment “l’affaire” a-t-elle commencé, quel a été le déclic de cette brouille entre la CCI des P-O et le festival OFF de Perpignan ?
-Robert Ferré : “Cela remonte en fait à la précédente édition du OFF, l’année dernière, en 2024. Une quinzaine de jours avant la tenue dudit festival, j’apprends que la CCI, notre partenaire institutionnel historique, s’apprête à nous couper les vivres. Très sincèrement, au départ, je n’y ai pas cru vraiment, tellement cela me paraissait incompréhensible, absurde. Pourtant, les derniers temps, j’avalais des couleuvres, j’aurais dû me méfier…”
-Ouillade.eu : comment cela s’est-il concrétisé dans les faits ?
-Robert Ferré : “Nous avions pratiquement trois personnes qui travaillaient en plein temps pour le OFF au sein de la CCI, deux permanents et un stagiaire. D’abord, le contrat de ce dernier n’a pas été renouvelé, il s’agissait pourtant d’un contrat aidé, qui ne ruinait donc pas les finances de la CCI. Lorsque je l’ai appris, j’ai contacté le président de la CCI qui m’a répondu de ne surtout pas m’inquiéter, “ne te tracasse pas”. On connait la suite, ce stagiaire n’a pas été renouvelé. Lorsque j’ai appris que l’un des deux autres salariés était également menacé, j’ai déclenché une AG au cours de laquelle le Bureau du OFF a fait des propositions, en présence du président de la CCI, notamment en créant des commissions pour alléger le travail de la CCI dans le cadre du partenariat qui la liait au festival OFF. Trois semaines plus tard, j’apprends qu’ils veulent également supprimer ce poste de permanent”.
-Ouillade.eu : à partir de là , la rupture était consommée…
-Robert Ferré : “On peut le dire comme ça. A partir de là , c’est le directeur de la CCI qui me répond “niet” aux propositions. Les arguments qui me sont susurrés du bout des lèvres ne tiennent pas la route. A partir de là donc, l’organisation du OFF devient Kafkaïenne d’autant plus que, en suivant, c’est le permanent restant, parmi les trois personnes qui collaboraient étroitement et formidablement à notre organisation, une salariée de la CCI en poste depuis plusieurs décennies, qui demandera à faire jouer la clause de rupture conventionnelle pour partir. Le climat ambiant est posé !”.
-Ouillade.eu : et maintenant, qu’allez-vous faire, que va devenir le OFF ?
-Robert Ferré : “Nous allons nous battre pour continuer à pérenniser la plus belle animation commerciale sur Perpignan ! Elle le mérite car elle a tous les atouts pourpoursuivre cette extraordinaire aventure qui, ne l’oublions pas, en aparté du festival international du photojournalisme Visa-Perpignan, rassemble annuellement une grosse centaine de photographes venus de France, en grande partie, d’Espagne, de Belgique, de Grande-Bretagne, de Suisse… et même l’an passé du Burkina-Faso ! Le OFF, c’est un festival, ou plutôt un voyage grâce à quatre-vingts lieux d’expositions chez les commerçants de la ville, et même très précisément jusqu’à quatre-vingt-trois l’an passé, lors de la 30e édition. Pendant quinze jours, le OFF permet de faire un incroyable tour du monde sans quitter Perpignan ! C’est une animation magnifique aux quatre coins de la ville, très complémentaire de Visa-Perpignan. On peut encore l’améliorer, créer des passerelles commerciales, professionnelles, culturelles, sportives, environnementales, toutes à caractère événementiel bien sûr, etc. Je suis à la fois très triste et très optimiste. Très triste car j’ai le sentiment d’une trahison. Très optimiste car je reçois de nombreux messages de soutien, de la part d’autres partenaires institutionnels mais aussi et surtout de partenaires privés avec lesquels et grâce auxquels le OFF va pouvoir perdurer dans d’excellentes conditions”.
-Ouillade : un dernier mot, peut-être ?
Robert Ferré : “Au suivant !”
-Ouillade.eu : que voulez-vous dire ?
Robert Ferré : “La CCI annonce la création d’un salon des Antiquaires dans le cadre de la prochaine foire-exposition… Tant mieux ! Mais je note que cela était déjà dans les cartons, cependant comme la plupart des antiquaires perpignanais avaient jusque-là refusé de s’y associer, à l’exception de deux d’entr’eux, la CCI des P-O a dû se rapprocher des organisateurs de la Foire’Expo de Perpignan pour tenter d’exister… Pour cela ils sont allés chercher des antiquaires hors département, des retraités de la profession… Entendons-nous bien, je ne dénigre pas, je ne fais là qu’un simple constat… A partir de là , je m’interroge justement sur les véritables raisons qui ont fait que la CCI66 s’est débarrassée du OFF…”.
Propos recueillis par L.M.
*Bernard Fourcade, expert-comptable, ancien président de la CCI des P-O. Laurent Gauze, hôtelier, adjoint au maire de Rivesaltes et vice-président de la métropole Perpignan-Méditerranée (PMM) lui a succédé en 2021.