Le centre d’art ACMCM en partenariat avec le magazine ArtPress  présente une réalisation à quatre mains entre  l’écrivain Michel Butor et l’artiste Francesca Caruana

 

 “BUTOR, 12 poésures…et en corps”

 

Il s’agit d’un ensemble de douze toiles montré pour la première fois  avec des poèmes manuscrits par l’écrivain Michel BUTOR  et interprétés en peinture par Francesca CARUANA. Le centre d’art vous accueillera au vernissage  le vendredi 3 janvier 2025 à partir de 18H. Exposition du 04 au 25 janvier 2025. Ouverture du mercredi au dimanche de 14H à 18H.

 

Après de merveilleuses rencontres avec l’écrivain Michel Butor, un projet est né. Je lui ai apporté des toiles vierges accompagnées d’un fagot de feutres. Il a écrit douze poèmes sur les toiles en préservant des zones blanches. L’ensemble rend compte de la démarche que Michel Butor et moi-même avons imaginée à la suite de cette écriture sur toile : Lier l’image et le texte.

Créer des Poésures qui feront directement écho aux univers qui l’ont intéressé : le « monde moderne », les voyages, la poésie et sa relation à la peinture. Ces poésures s’actualisent dans une approche « sauvage» du texte par la peinture.

Pour la première fois Butor a écrit avant que l’artiste ne peigne. Et c’est à partir de ce principe des « blancs laissés à l’artiste » que l’exposition s’est construite.

Parmi les 12 poèmes que Michel Butor m’a offerts, un, s’intitule : Narthex. Par analogie à cet espace qui fait référence à l’intérieur et à l’extérieur, à cette limite qui indique continuité et différences, le lien entre peinture et écriture se fait naturellement. Cette conception absorbe ici mes ancrages culturels (XVIe siècle italien, les grandes abstractions, l’Arte Povera, les tentations exogènes) et la possibilité d’en travailler l’acquis, de le détourner, Les mots proposent des passages entre espaces, formes et lieux, tel un narthex. L’espace de la toile ou de l’installation est la narration plastique du geste.

La gestualité est à prendre comme une unité de travail plastique, et l’écriture comme unité de transitivité car la peinture n’en a aucune, elle ne livre pas son objet. Elle livre l’exigence d’un mouvement lié à une viscosité particulière des pigments pour une bonne tonicité du mouvement. L’image ne transmet rien directement, le langage très peu ! Les formes  produites par les gestes picturaux sont accessibles dans leurs dimensions poétiques, rituelles, émotionnelles ou…en dernier lieu intellectuelle !

Cette exposition a pour vocation d’être donnée à un musée qui en sera preneur, à condition que soit édité un catalogue, selon l’entente initiale et conditionnelle avec Michel Butor.

 

 Auteurs du  catalogue (non publié encore)

Serge Bonnery  journaliste, écrivain, directeur du Centre de Lagrasse

Mireille Calle-Gruber, universitaire spécialiste de Michel Butor – Exécutrice de l’édition des Å“uvres complètes-et de Michel Butor, Claude Simon, et Pascal Quignard.

Alain Freixe , poète, 

B-T-N  écrivain, critique d’art

-Skimao , poète, critique d’art

 

Tous ont entretenu une relation amicale, scientifique ou artistique avec Michel Butor.

En 2013, J’ai organisé un colloque à l’université de Perpignan, « Ecritures et inscriptions de l’art, en présence de Michel Butor » à l’université de Perpignan et au musée d’art moderne de Céret. (ouvrage publié chez L’Harmattan 2014) .

 

 

Michel Butor & Francesca Caruana : Le Dialogue entre Texte et Image

 

L’exposition met en lumière la collaboration entre Michel Butor (1926-2016), écrivain et explorateur du langage, et Francesca Caruana, artiste peintre. Ensemble, ils ont imaginé les relations entre texte et image, créant des œuvres où écriture et peinture s’entrelacent sur la toile, engageant un dialogue profond et innovant.

Pour Michel Butor, le texte n’est pas un commentaire de l’image, mais un élément à part entière du paysage visuel dans la page. Pour Francesca Caruana, la gestualité picturale, ses compositions riches en graphismes et en couleurs, créent une résonance visuelle à la poésie de Butor. Sur leurs toiles communes, l’écriture devient matière, s’intègre aux formes et aux pigments, tandis que la peinture ouvre des espaces où les mots se déploient, se perdent ou se réinventent.

Cette collaboration n’est pas une simple juxtaposition mais une fusion créative dont ils avaient discuté des modalités : chaque médium enrichit l’autre, donnant naissance à des œuvres hybrides qui interrogent nos façons de voir et de lire. Ensemble, Butor et Caruana repoussent les frontières entre le lisible et le visible, faisant de chaque toile un espace de réflexion et d’imaginaire.

Ces œuvres sont une invitation à comprendre le lien organique entre texte et image, où les mots prennent des couleurs et où les formes racontent des histoires. Une symbiose artistique qui invite le spectateur à expérimenter l’art comme un espace ouvert, sensoriel et poétique.

 

francesca caruana

Démarche artistique

L’influence du groupe Support/Surface, l’attrait pour Matisse, pour Sam Francis, pour l’Arte Povera ont amorcé les premières formes durables de son travail. Un travail qui ne se départit pas non plus de ressources textuelles (rapport texte/image de la poésie lettriste ou du Nouveau Roman)

Sa recherche s’appuie sur un rapport entre hasard (du geste) et construit (de la couleur et de la ligne), le savant et le spontané, la conception esthétique et les matériaux trouvés. De ces dialogies sont issus des gestes simples, charpentés par des lignes de fusain ou de graphite voisines de formes organiques, fibreuses … Les questions d’espace et de spatialisation sont sous-tendues par le trait, et une forme de détournement au sens où l’exprimait Verlaine « ni tout à fait la même ni tout à fait une autre » (cf. expo à Nouméa, KWê , signifiant l’aiguille, le lien, en langue Kanak).  Le geste pictural par rapport à la surface, est sans recherche d’effet volontaire, si ce n’est celui produit par la peinture lâchée en plein mouvement.

Dans la mise en place des peintures, un dispositif orthogonal intervient souvent, au sein duquel la toile est mise en relation avec le sol à l’aide d’objets divers (paille, os, bois flottés…). Ces toiles appelées peintures installées insistent sur une vision critique traditionnellement frontale léguée par l’imposante « fenêtre d’Alberti ». Il s’agit ici de considérer les deux plans horizontal/vertical dans leur ensemble, les objets exogènes, de brocante, ou d’os, thématisent les graphismes gestuels de la toile.

Plusieurs voyages en Nouvelle-Calédonie à la rencontre des artistes Kanak ont alimenté son goût pour les sociétés tribales, sources généreuses d’inspiration converties en installations.

On trouve ainsi dans le travail un hiatus organisé entre peinture et petits volumes, entre gestualité spontanée et l’espace aléatoire qu’elle détermine.

Lorsque la peinture est présentée sans objets associés, elle est le plus souvent en séries, c’est une déclinaison de la surface à peindre, même format, même identité graphique. Là encore le procédé interroge ce que fut la peinture traditionnelle : pas de dessin préalable pour recevoir la couleur. A contrario les lignes du dessin arrivent en dernier, pour donner son squelette à la surface de couleur. Les tracés et graphismes organisent des tensions avec les couleurs du dessous et désignent un espace à atteindre.