Lettre ouverte à Gabriel Attal, ministre de l’instruction…
*Par Claude Barate, Universitaire, député honoraire
-“Monsieur le Ministre
Je dois vous avouer que j’ai été soulagé, lorsque le Président Macron a corrigé l’énorme erreur de casting qu’il avait faite en nommant votre prédécesseur. Erreur de casting qui a conduit notamment à une explosion des atteintes à la laïcité
M. Pap Diaye a peut être des qualités, mais l’indécision, le refus de reconnaitre le réel, ne sont pas les qualités recherchées chez un ministre.
Gouverner, c’est choisir !
Nous ne sommes pas de la même génération, et nos origines politiques sont franchement différentes, mais j’ai plaisir à vous dire que j’ai apprécié vos premières interventions en qualité de ministre, à propos des atteintes à la laïcité ou encore du harcèlement. L’autorité est nécessaire. Pourvu que ça dure, comme disait la mère de Napoléon.
Je vous adresse quelques remarques qui ont pour but de vous aider dans vos réflexions.
-1re remarque : comme vous avez pu le relever, je vous écris en votre qualité de ministre de l’Instruction. Je n’imagine pas en effet que vous soyez, comme Platon ou Robespierre, partisan de soustraire les enfants aux familles pour en confier l’éducation à l’Etat ?
L’éducation est de la responsabilité des familles alors que l’instruction, avec la transmission du savoir, est de l’ordre de l’Etat.
Ce qui implique de rendre les parents responsables de l’éducation de leurs enfants !
-2e remarque : dans la réflexion sur l’avenir de l’enseignement, n’oubliez pas l’essentiel. Le but ultime de l’enseignement, c’est la capacité de raisonnement. Il vaut mieux une tête bien faite qu’ une tête trop pleine.
Mais pour pouvoir raisonner, il faut un certain nombre de connaissances, du savoir.
Les deux objectifs sont donc clairs, transférer des connaissances, apprendre à raisonner.
-3e remarque : J’ai toujours été étonné de voir que nous étions dans le peloton de tête pour les dépenses d’instruction par tête d’élève, avec des professeurs mal payés et des résultats scolaires qui nous placent toujours dans le bas du tableau.
Puisque le mal n’est pas dans les moyens financiers, c’est qu’il est ailleurs, dans l’organisation pédagogique.
Je m’efforcerai de ne pas faire trop de critiques.
Mais quand même, est il indispensable qu’il y ait autant de matières, autant fouillées, est il nécessaires pour satisfaire l’orgueil de tel ou tel inspecteur général, d’ajouter le développement de telle ou telle valeur, de telle ou telle mode souvent éphémère.
On a voulu casser, au nom de la modernité, certains au nom d’une idéologie woke, la manière d’écrire, ou de raconter l’histoire avec les résultats que l’on connait.
-4e remarque : toutes les réformes qui ont réussi dans le monde, ont eu comme principal moteur, le suivi scolaire individualisé. Allégez les programmes, supprimez le superflu, réduisez au silence les soi-disant porteurs de modernité, à supposer qu’ils ne cachent pas un engagement idéologique, et développez le soutien scolaire.
Les résultats remonteront immédiatement.
-5e remarque : pour le primaire, l’objectif à atteindre est simple, il faut à leur sortie que les enfants soient en capacité d’écrire, de compter et de lire, c’est à dire, de comprendre ce qu’ils lisent.
Il est indispensable par ailleurs qu’ils sachent d’où ils viennent (histoire) et où ils vivent (géographie).
Enfin, la situation de la société est telle que les leçons de morale quotidiennes ne seront pas inutile. Pour le reste…
-6e remarque : la formation des enfants est une mission régalienne fondamentale. Pour former nos enfants, il faut recruter les meilleurs à qui il faut donner les salaires correspondants.
Vous avez été dans la bonne direction en faisant un premier pas de l’augmentation des salaires.
Il faut aller plus loin, et rejoindre les salaires des autres pays développés à quinze ou vingt pour cent supplémentaires. Vous trouverez les ressources dans la suppression de tout ce qui est inutile.
-7e remarque : si vous y êtes autorisé, et si vous en avez la force, n’hésitez pas lors d’une prochaine loi de décentralisation à transférer la gestion des personnels enseignants aux Régions, votre ministère n’en sera que renforcé sur ses missions régaliennes.
-Dernière remarque : depuis une quarantaine d’années, vos prédécesseurs sont restés, pour la plupart, dans la grisaille de l’histoire, parce qu’ils n’ont pas voulu faire de vagues.
Je souhaite de tout cœur que vous soyez un grand ministre, la noblesse de votre mission le mérite.
Veuillez agréer l’expression de ma haute considération”.
Claude Barate
PS. Si vous en avez l’occasion, expliquez au Président Macron que rassembler la droite et la gauche, ne consiste pas à faire, en même temps, une opération à droite, puis à gauche, mais autour de la grandeur de la France, du bonheur et de la fierté d’être Français.