(Photo Amado Jover)

 

C’était il y a trente-et-une années… très exactement le 22 novembre 1993. Au deuxième rang du public, à droite, dans l’hémicycle du Conseil Général des Pyrénées-Orientales de l’époque, présidé par feu le docteur René Marquès (par ailleurs sénateur-maire UDF-AD de Saint-Laurent-de-la-Salanque : un inconnu qui va très vite devenir célèbre, Christian Bourquin. Il ne va pas rester longtemps dans l’ombre. Il a 39 ans. Il est ingénieur en topographie. Quatrième enfant d’une famille d’agriculteurs roussillonnais, il est le gendre du maire de Millas, feu François Beffara. Natif de Saint-Féliu-d’Amont, dans le Ribéral, il rentre de Montpellier, où il a été “élevé” – politiquement s’entend -, à l’école de Georges Frêche. Ce dernier le repère immédiatement lorsqu’il entre, en 1977, à la mairie de Montpellier (où le socialiste Georges Frêche vient d’être élu maire en lieu et place de Me François Delmas), en tant qu’ingénieur territorial. Ils travailleront ensemble jusqu’au tout-début des années 90. En 1993, lorsqu’il apparait sur cette photo sur les bancs du public de l’Hôtel du Département des P-O, Christian Bourquin est un parfait anonyme, solitaire ; c’est (presque) par le plus grand des hasards que celui qui dirige maintenant l’antenne locale de l’OPAC (l’Office HLM en lien avec la Ville de Perpignan), est photographié par le photo-reporter du Groupe Les Journaux du Midi, Amado Jover. Bien qu’ayant adhéré au Parti socialiste (PS) dès l’âge de 19 ans, en 1975, il n’a aucun mandat d’élu en main. Cependant, la politique, ça le démange ! Depuis toujours. Il n’a aucun réseau local sur lequel s’appuyer, il n’est pas un héritier – comme le sont traditionnellement beaucoup trop d’élus en Pays catalan -, mais il est “bien décidé à empoigner la vie perpignanaise”, sûr et certain de conquérir la scène politique départementale. Son ascension va être fulgurante, spectaculaire, exceptionnelle, sur l’ensemble du territoire catalan : le 1er avril 1994, moins de six mois après cette photo, il est élu conseiller général des P-O (canton de Millas) ; le 23 juin 1995, il devient maire de Millas ; le 12 juin 1997, député de la 3e circonscription des P-O ; le 27 mars 1998, président du Conseil Général des P-O ; le 10 novembre 2010, président du Conseil Régional Languedoc-Roussillon ; le 25 septembre 2011, sénateur des P-O. C’est inédit dans le département. Un lycée porte même son nom, à Argelès-sur-Mer. Le 26 août prochain, cela fera 10 ans pile qu’il nous a quittés.

 

L.M.