Depuis le 9 février 2011, le blog “l’affaire Bouille : un autre regard”,créé par Mme Marie-Antoinette Bouille, veuve de l’ancien maire UMP de Saint-Cyprien et ex-conseiller général de la Côte Radieuse, n’avait plus donné signe de vie… Avant-hier, suite à une nouvelle décision de justice, portant sur les conditions de détention de l’élu à la Maison d’Arrêt de Perpignan et qui avaient conduit à son suicide dans sa cellule de la prison Mailloles, dans la nuit du 23 au 24 mai 2009, c’est François Bouille, fils du docteur Jacques Bouille qui réagit  à propos de cette “nouvelle affaire Bouille” dans “l’affaire Bouille”…

On se souvient que Jacques Bouille avait été retrouvé pendu aux barreaux de sa cellule du quartier d’isolement de la prispon Mailloles avec la ceinture de son peignoir. Il étrait âgé de 62 ans – il était né le 2 novembre 1946 à Latour-Bas-Elne – et était incarcéré depuis le 17 décembre 2008, dans le cadre d’une enquête pour “prise illégale d’intérêt, blanchiment lié à la corruption, corruption active et passive, ingérence et favoritisme”. Au centre de cette enquête : l’achat d’oeuvres d’art par la commune de Saint-Cyprien, en 2006 et 2007, aujourd’hui introuvables…

Mme Marie-Antoinette Bouille, entre autres actions en justice dans cette “affaire Bouille”, avait décidé de poursuivre l’Administration pénitentiaire pour fautes graves ayant conduit à la mort par suicide de son époux, le docteur Jacques Bouille.

C’est donc son fils qui, après diverses interviews accordées aux médias, a décidé de réagir. Nous publions ci-dessous l’intégralité de sa version des faits.

Sous le titre “Affaire Bouille, l’Etat français condamné, François Bouille, 30 ans, commente : “Ce premier jugement est une grande victoire pour nous. Nous constatons tous le traitement particulier dont a été victime mon père dans cette affaire. La faute de l’Etat a été reconnue c’est déjà beaucoup mais on peut être choqué par l’évaluation de cette condamnation. A ce prix-là, l’Administration pénitentiaire pourra continuer presque impunément à traiter les prisonniers de la sorte. Ce jugement nous dit que la mort aurait pû être évitée. A l’avenir il faudra qu’elle soit évitée. Mais je ne suis pas sûr que cette condamnation serve de leçon à l’administration.

Ils sont nombreux ceux pour qui le tribunal a reconnu une faute de l’administration, trop nombreux. Au-delà des aspects politiques, cette affaire pointe du doigts deux problèmes de fond : celui, récurrent, des prisons et des mesures de surveillance inadaptées, du mépris des prisonniers, mais aussi celui de la lenteur de l’instruction et de ses nombreux préjugés entraînant des mesures violentes, dégradantes à l’égard des mis en examen, tout aussi inadaptées puisqu’elles conduisent parfois des personnes présumées innocentes jusqu’à leur mort. Les exemples sont nombreux.

Dans le cas présent, comment ne pas comprendre qu’un homme, présumé innocent, coupé de véritables contacts avec son épouse, laissé à l’isolement pendant plus de cinq mois dans une cellule insalubre de quelques mètres carrés, finalement rendu impuissant à se défendre et dont, en outre, les tendances suicidaires sont connues de tous, ne finisse par se donner la mort ?

Faut-il attendre un drame pour réagir ? Oui, il faut le croire. Et il faut croire également que cela se reproduira fatalement car l’Etat ne peut être condamné à la véritable hauteur de sa responsabilité. Est-ce que 25 000 euros est le prix d’une vie humaine ? Sûrement pas car la vie humaine n’a pas de prix. Mais 25 000 euros, ce n’est même pas une cpondamnation pour diffamation. De plus, les responsables, qui sont-ils finalement, dans le cas présent ? L’Etat – notion vague… vous, moi, nous tous et, en définitive, personne – est condamné, c’est tout. Voilà le fond du problème : toutes ces erreurs d’appréciation, ces fautes lourdes de l’administration, se reproduiront encore parce que leur condamnation est dérisoire en proportion de leurs conséquences, et que personne n’est véritablement responsable.

Pour arrêter ce massacre il faut que les vrais responsables puissent être inquiétés et prennent la mesure de leurs actes”.

NDLR. Rappelons que dans cette “affaire Bouille”, la veuve de l’ancien maire de Saint-Cyprien réclame à l’Etat français  1 070 000 euros “en réparation de son préjudice matériel et financier” ainsi qu’une somme de 100 000 euros “en réparation de son préjudice moral du fait du décès de son mari imputable à une faute particulièrement grave de l’administration pénitentiaire doublée d’une incompréhension totale des services de la justice (…)”. Et la justice vient de lui accorder 25 000 euros. Mais, comme le martelle la famille Bouille : “Nous n’en faisons pas une affaire d’argent”.