Rien ne va plus à Argelès-sur-Mer, où commerçants et riverains des lieux les plus fréquentés par les touristes en ont ras la casquette : “Cette année, on touche le fond !”, ne décolère pas une habitante du centre-plage : “Tous les matins, je dois m’armer d’un seau, d’un balai et d’une serpillère pour décaper la façade sur laquelle nos très chers touristes ont pris l’habitude d’uriner… Ils le font chez eux, ça ?! Cet été, on a même des gens qui se baladent à poil au petit matin dans Argelès-plage. C’est “écrit” sur les réseaux sociaux, où ces gens-là s’en vantent. Torses nus et huile solaire dégoulinante dans les rues, on ne leur dit rien, alors tant qu’à faire… Mais quelle image cela donne de nous ?”.

A ses côtés, une vendeuse s’exprime sans filtre : “On savait que les Aoûtiens sont des touristes compliqués, sans gêne, qui ne respectent rien la plupart du temps, mais je dois admettre également que cette année avec eux on a touché le gros lot, on a décroché le pompon et la timbale qui va avec ! Ils sont impolis, incorrects, insolents. C’est à croire que tous les vainqueurs de la bêtise humaine, de la connerie pour parler plus cru, se sont donnés rendez-vous à Argelès ce mois d’août”.

Dans les résidences et rues qui irriguent le front-de-mer, notamment dans le secteur Plage nord, qui court géographiquement du quartier central piétonnier jusqu’au camping municipal Le Roussillonnais, les exemples d’incivilités sont légion : “On ne voit jamais un flic dans le secteur, sauf pour se balader à cheval ; ça sert à quoi s’ils ne verbalisent pas les véhicules en stationnement interdit, qui circulent en sens interdit, s’ils ne font pas des rappels à la loi ?!… En revanche, sur les parkings payants, alors que vous êtes bien garés, si vous ne payez pas ou que vous dépassez la durée horaire du montant acquitté, alors là c’est immédiatement panpan-cul-cul… Ne parlons pas des touristes qui viennent faire caguer leurs chiens sur la plage, tous les matins, en toute impunité ! Oui, je suis furieuse ! J’ai les boules comme on dit”, s’indigne la propriétaire d’une résidence secondaire, boulevard de la Mer. “En trente ans, je n’avais jamais ni vu ni connu ça !”.

Une autre, résidente à l’année sur l’avenue du Tech, confirme et en rajoute : “Au fait, savez-vous et pouvez-vous me dire s’il y a des élus dans cette mairie d’Argelès ? Car à la Plage, en été, on ne voit jamais, ja-mais, quelqu’un de la Municipalité. Les élus doivent être en vacances aux fins fonds de l’Andalousie… ou sur un yacht en Méditerranée ! C’est le bordel, on voit même des artisans qui rénovent des maisons alors qu’un arrêté municipal est censé l’interdire jusqu’au 31 août, ils nous pourrissent nos vacances. C’est tout bonnement scandaleux. On n’en peut plus !”.

Ce je-m’en-foutisme ambiant est souvent décrié par la majorité de la population qui subit les comportements insouciants d’une minorité particulièrement agissante.

Même si la situation, sur un plan général, n’est pas comparable à ce que subissent les habitants d’Etretat (Normandie), en colère face à l’afflux d’un tourisme de masse – le territoire de la commune d’Argelès-sur-Mer est vaste, avec près de 6 000 hectares – au-delà d’un “envahissement” estival incontrôlé, ce que reprochent les Argelésiens c’est le manque de fermeté des autorités face à des écarts de conduites certes marginaux mais jamais sanctionnés, et l’absence d’une véritable politique touristique raisonnée et durable : “Pour notamment mettre un terme aux incivilités de certains touristes qui gâchent les vacances de tous… C’est la loi du plus fort, il n’y a plus de maintien de l’ordre. Peut-être, certainement même, que les autorités n’ont plus les moyens pour l’assurer, mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras et capituler face à des Aoûtiens sans foi ni loi” ! Parfois, on le voit avec les déjections canines sur le sable (et sur les trottoirs et dans les allées piétonnes), mais pas que, cela peut aller jusqu’à créer une situation sanitaire critique.