Depuis hier soir, sur les réseaux sociaux, nous apprenons que la pétition lancée il y a une huitaine de jours à peine, pour soi-disant “préserver l’environnement du quartier historique du Mouré” de Collioure, aurait (r)amassé (presque) 17 000 signatures, dans un village peuplé d’à peine 2 500 habitants*… Air (re)connu : “Quand c’est f(l)ou, c’est qu’il y a un loup !”

 

Les Bizzar’s, du nom de l’illustre et indémodable fanfare colliourencque, n’auront donc plus le monopole de la bizarrerie locale. Cela, même vu d’en haut, ne sera pas pour déplaire au très regretté Guy Jouanin, artiste et musicien – de talent(s), cela va de soi -, l’Auvergnat le plus célèbre de la côte vermeille, qui manque terriblement aux fanfaronnades apéritives. Jouanin affectionnait comme personne d’autre en Pays Catalan ce genre de situation grandguignolesque, dont bien souvent il était à l’origine, ne serait-ce que pour hameçonner la bêtise humaine et l’ériger ensuite en spectacle pyrotechnique à coups de mots, d’expressions et d’anecdotes, ces dernières étant revisitées lors de l’AG virtuelle des Leveurs de coudes, ne serait-ce que pour Baranner la légende…

Revenons à nos moutons. Ou plutôt à nos dédicaces. L’association à l’origine de cette pétition aura réussi, dans un premier temps, à médiatiser sa contestation. La démarche est tout à fait respectable. Tout comme les riverains qui en sont à l’origine.

Ce qui interpelle ici, c’est le poids des chiffres : près de 17 000 signataires, dont environ trois cents du département et (à ce jour) une maigre centaine au demeurant domiciliés in situ, dans la commune de Collioure laquelle, rappelons-le, compte moins de 2 500 habitants !

Donc, quel que soit notre lieu de résidence, en France ou ailleurs dans le monde (en attendant que la planète Mars soit habitée), il est possible de voter pour se solidariser du maintien d’un… talus d’herbe, même si on n’y a jamais mis les pieds ou posé un simple regard. De la Bretagne, du Royaume-Uni, de la Suède, de l’Erythrée, du Congo, de Turkménistan, de la Corée, du Venezuela… chacun(e) peut cliquer. Oh my God !

“Allez-y, c’est open bar !”. Voilà un constat qu’aurait fait en son temps notre irremplaçable Jouanin, trônant en salle ou en terrasse du Café Sola ou des Templiers. Cotlliure serà sempre Cotlliure. Endavant !

Sauf qu’à vouloir faire de Collioure une sorte de musée à ciel ouvert – une carte postale inamovible -, une action commanditée par une minorité de gens aisée qui souvent ne résident pas à l’année dans la commune, le village pourrait bien y perdre son âme, son identité… ou comme c’est déjà le cas, en partie, sa jeunesse qui est obligée de migrer à Saint-André, à Sorède, Palau-del-Vidre ou à Port-Vendres pour se loger “à moindre frais”.

On se souvient de notre Coluche colliourenc (toujours lui) qui dans les années 80, éternellement scotché sur son Scooter, avaient ripoliné un transformateur d’EDF (il y a prescription depuis) sur sa route qui conduit au hameau du Rimbau : “Pauvres, mangez du riche !”. Certes, loin de nous l’idée d’inciter à un tel festin.

 

L.M.

*Recensement officiel de 2020 (INSEE). Dans son évolution démographique contemporaine, la commune a compté plus de 3 100 habitants entre les deux Grandes guerres… L’INSEE recensait encore 2 944 habitants à Collioure en 2007. Une situation que la nouvelle Municipalité de Guy Llobet, élue en 2020, a pris à bras le corps pour inverser la tendance.