-“Nous n’accréditerons pas nos journalistes pour couvrir les manifestations” : les directions de rédactions françaises* (ré)affirment leur attachement à la loi de 1881 sur la liberté de la presse…

Responsables de rédaction, ils s’inquiètent de la volonté du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, de porter, selon eux, “atteinte à la liberté de la presse dans le cadre des manifestations. La volonté exprimée d’assurer la protection des journalistes revient à encadrer et contrôler leur travail. Ce dispositif s’inscrit dans un contexte particulièrement inquiétant avec la proposition de loi sur la “sécurité globale” qui prévoit la restriction de la diffusion des images de policiers et de gendarmes (…). Nous refuserons, pour cette raison, d’accréditer nos journalistes pour couvrir les manifestations. Nous réaffirmons notre attachement à la loi de 1881 sur la liberté de la presse et serons vigilants pour qu’elle soit préservée”.

On croit rêver ! Les journalistes se rebiffent… pour défendre leur bout de gras corporatiste ! Ah si Alphonse Allais, Fernand Raynaud, Francis Blanche, Michel Audiard, Coluche, Serge Gainsbourg, Pierre Desproges, Guy Bedos and C° “étaient encore de ce monde… Qu’est-ce qu’on se marrerait !

Depuis l’entrée en scène médiatique d’Internet, des réseaux sociaux, des lanceurs d’alerte, il y a belle lurette que ces journalistes-là ne font plus leur job, en tout cas avec l’objectivité et la soi-disant déontologie qui devraient caractériser leur trait de plume ou leur clic-clac-merci-Kodak.

Invoquer la loi de 1881 pour se draper au-dessus de tout soupçon et exprimer une menace pour l’exercice de leur profession est, en 2020, une fanfaronnade des plus grandguignolesques.

D’ailleurs, l’opinion publique française ne s’y trompe pas, elle qui considère aujourd’hui que la presse – écrite, radiophonique, audiovisuelle… – ne remplit plus son rôle : les journalistes sont devenus des leaders d’opinion, des éditorialistes boboïsés, plus grave encore des commentateurs de rumeurs !

Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, à maintes reprises le Président Macron a démontré combien il était très attaché à la Liberté de la Presse, à la Liberté d’Expression, mais pas à la Liberté de désinformation. C’est aussi ça l’Objectivité. Force est de constater que les médias nationaux, chaînes “d’information” en continu comprises, n’ont pas souvent épaulé cette difficile et courageuse démarche du Chef de l’Etat. D’ailleurs, que Charlie-Hebdo soit parmi les signataires de cette pétition est incompréhensible. A moins qu’il ne s’agisse-là d’un pied-de-nez…

Que cherchent ces rédactions* ? A se refaire une virginité littéraire ? Tellement elles ont perdu pied dans le dédale des réseaux sociaux qui, désormais, semblent véhiculer moins de fake news que certains porteurs de carte de presse ?

A travers l’article 24 du projet de Loi “Sécurité globale”, le Gouvernement souhaite simplement protéger celles et ceux, policiers et gendarmes, chargés de nous… protéger. Et dans l’exercice de leur profession, les vrais journalistes – pas ceux qui encombrent les plateaux télés et/ ou qui bossent depuis leurs smartphones en pillant les réseaux sociaux – mais ceux qui arpentent le terrain, sont bien contents de trouver à leurs côtés ces policiers, gendarmes, alors qu’il se retrouvent encerclés dans une manif’, ou menacés dans une banlieue sensible, ou encore pris en étau dans un conflit…

“Je croirais vraiment à la liberté de la presse quand un journaliste pourra écrire ce qu’il pense vraiment de son journal. Dans son journal” (Guy Bedos).

 

L.M.

 

* Les signataires : 20 Minutes, AFP, BFMTV, Le Canard enchaîné, Charlie Hebdo, CNews, Courrier international, Europe 1, les rédactions de France Télévisions, le HuffPost, La Croix, La Croix Hebdo, La Vie, LCI, Le JDD, Le Pèlerin, Les Echos, L’Express, Le Figaro, Le Figaro Magazine, Le Point, Le Monde, Le Parisien/Aujourd’hui en France, Libération, L’Obs, M6, Marianne, Mediapart, Paris Match, Politis, Slate, Télérama, les rédactions des antennes de Radio France, RMC, RTL, TF1, L’Alsace, Le Bien public, Le Dauphiné libéré, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, L’Est républicain, Le Journal de Saône-et-Loire, Le Progrès, Le Républicain lorrain, Vosges Matin, la Nouvelle République du Centre-Ouest, Centre-Presse, La Montagne, La République du Centre, L’Eveil de la Haute-Loire, L’Echo républicain, L’Yonne républicaine, Le Berry républicain, Le Populaire du Centre, Le Journal du Centre, Le Pays roannais, La Ruche, Le Régional de Cosne, La Gazette de Thiers, La Voix du Sancerrois, Le Courrier du Loiret, L’Eclaireur du Gâtinais, Le Journal de Gien, L’Eveil Hebdo, le Journal de la Haute-Marne, la Provence, la Marseillaise, Sud Ouest, La République des Pyrénées, L’Eclair, Charente libre, Dordogne libre.