(Vu sur la Toile)

 

Surtourisme : l’Hérault sous la pression des meublés saisonniers selon une étude de la start-up Ville de rêve
Une étude publiée par la start-up Ville de Rêve, en partenariat avec le Collectif National des Habitants Permanents, dresse un classement des villes françaises affectées par le surtourisme. Dans l’Hérault, Béziers, Agde, Sète ou Montpellier sont confrontées à des formes variées de pression touristique, particulièrement liées à la prolifération des meublés de courte durée.
(Garlonn Gaud – Rédaction Hérault Tribune)

Hérault Tribune.- La question du surtourisme dépasse aujourd’hui les seules stations balnéaires. C’est ce que révèle l’étude publiée par la start-up Ville de Rêve, qui analyse les données Airbnb en 2021, 2024 et 2025, croisées avec des bases publiques (Insee, Siren, valeurs foncières) et privées (Airdna, Mylighthouse, Lodgify…). À partir de ces données, un Touriscore a été attribué à plus de 1 600 villes françaises de plus de 10 000 habitants.

La méthodologie, décrite comme “transparente et publique”, repose sur une spatialisation précise des annonces Airbnb par quartier, afin d’identifier les zones où la pression touristique modifie les équilibres résidentiels. L’étude a défini les centres-villes en croisant la densité des commerces, des restaurants et des meublés touristiques. Elle a ensuite comparé les niveaux de pression entre centre et périphérie, pour mesurer l’impact du tourisme sur l’équilibre résidentiel local.

 

 

Béziers : concentration et déséquilibre

 

À Béziers, le Touriscore D signale une pression significative, malgré un tourisme moins visible qu’en bord de mer. Plusieurs indicateurs illustrent cette réalité. “Les annonces de meublés touristiques représentent 8 % des annonces de locations longue durée à Béziers. Autrement dit, une réduction de 50 % du nombre de Airbnb dans le centre-ville de Béziers permettrait de loger 532 habitants“, affirme l’étude.

Cette tension est particulièrement marquée en cœur de ville. “39,4 % des annonces de meublés de tourisme sont localisées dans le centre-ville de Béziers, alors qu’il ne représente que 3,8 % de la superficie habitable de la commune. Dit autrement, la densité de logements meublés de courte durée est dix-sept fois plus élevée dans le centre-ville que dans le reste de la ville. » En complément, « les meublés de tourisme représentent 97 % de la capacité touristique traditionnelle à Béziers. »

 

 

Agde et Sète : la pression du littoral

 

Dans les villes côtières, les déséquilibres sont encore plus visibles. Commune littorale fortement exposée, Agde subit une transformation profonde de son parc immobilier touristique. “La densité de logements meublés de courte durée est quatre fois plus élevé dans le centre-ville que dans le reste de la ville ”, avec “761 meublés de tourisme par km² dans le centre-ville d’Agde”, affirme Ville de rêve. Surtout, “les nouvelles annonces sur airbnb représentent 906 % des logements nouvellement construits à Agde”. Son Touriscore est D, tout comme la ville de Sète. “La densité de logements meublés de courte durée est six fois plus élevé dans le centre-ville de Sète que dans le reste de la ville”. On y recense “567 meublés de tourisme par km²”. Selon les estimations, “une réduction de 50 % du nombre de airbnb dans le centre-ville de Sète permettrait de loger 1 194 habitants”.

 

 

Montpellier : une pression en progression

 

À Montpellier, le Touriscore C indique une situation intermédiaire. Capitale régionale et pôle universitaire, Montpellier connaît une pression touristique croissante. “24,3 % des annonces de meublés de tourisme sont localisées dans le centre-ville de Montpellier, alors qu’il ne représente que 3,3 % de la superficie habitable de la commune. Dit autrement, la densité de logements meublés de courte durée est dix fois plus élevé dans le centre-ville que dans le reste de la ville”, analyse l’étude qui recense “610 meublés de tourisme par km² dans le centre-ville de Montpellier”.

Donc si la ville bénéficie d’une offre résidentielle plus vaste que les communes littorales, certains quartiers — comme l’Écusson — voient la cohabitation entre tourisme et habitat permanent devenir plus difficile. Ville de rêve nous apprend également que “les nouvelles annonces sur airbnb représentent 23 % des logements nouvellement construits à Montpellier”. Selon l’étudse, “une réduction de 50 % du nombre de airbnb dans le centre-ville de Montpellier permettrait de loger 1 492 habitants”.

 

 

Lunel, Frontignan, Saint-Jean-de-Védas : des situations contrastées

 

D’autres communes héraultaises apparaissent plus préservées, pour l’instant. Lunel et Saint-Jean-de-Védas affichent un Touriscore modéré, tandis que Frontignan se distingue par une relative dispersion des meublés touristiques hors du centre. A titre de comparaison avec une ville comme Montpellier, “il y a quarante meublés de tourisme par km² dans le centre-ville de Saint-Jean-de-Védas ” et “1,8 % des logements du centre-ville de Lunel sont des meublés touristiques, mis en ligne sur airbnb”.

Ville de Rêve avertit toutefois que “dans les zones périurbaines, les effets d’éviction résidentielle peuvent s’accélérer dès que les seuils sont franchis”. L’alerte porte notamment sur les territoires situés entre métropole et littoral, exposés à une double pression : hausse des prix du foncier et attrait touristique saisonnier.

 

 

Un enjeu territorial et social

 

Au-delà de l’Hérault, l’étude met en lumière des cas emblématiques au niveau national : Cannes, Nice, Marseille, Annecy ou Paris sont classées en Touriscore E, le niveau d’alerte maximal. Le rapport estime que “le surtourisme est devenu un enjeu d’aménagement du territoire et de justice sociale”.

Loin d’opposer tourisme et vie locale, Ville de Rêve plaide pour “un équilibre durable entre attractivité et qualité de vie”, fondé sur une régulation des meublés touristiques, un encadrement des plateformes et une fiscalité différenciée.

(Source : magazine hebdomadaire Hérault Tribune)

Les dernières actualités Hérault Tribune