La Fédération départementale des chasseurs de l’Hérault a tenu son assemblée générale l’autre vendredi, à Lamalou-les-Bains, en présence du maire Guillaume Dalery. Une fédération qui a à la fois des missions de service public, de formation, d’éducation, de gestion de l’environnement, de la biodiversité et du grand gibier. L’occasion de faire un point sur la dernière saison de chasse et sur les perspectives pour la prochaine avec son président, Max Alliès
(Interview réalisée par Thea Ollivier – Rédaction Hérault Tribune)
-Hérault Tribune : quels ont été les sujets discutés lors de votre assemblée générale ?
Max Alliès : “On a discuté de l’approbation du schéma départemental de gestion, c’est-à -dire du document qui fixe les orientations pour la chasse pour les six ans qui viennent. L’autre point concernait la gestion de nos deux sites, l’un à Saint-Jean-de-Védas et l’autre à Bédarieux, dans lesquels nous avons douze salariés. Avec les frais fixes, les impôts et les charges, ça représente une somme importante et on anticipe pour avoir un seul site dans lequel on pourrait regrouper tous les personnels dans un lieu central du département dans le but de faire des économies. On est en pourparlers pour un site à Canet, vers Clermont l’Hérault”.
-Hérault Tribune : vous avez 14 500 adhérents dans le département – dont 3 à 5% de femmes. Comment est-ce que ça évolue ?
Max Alliès : “La fédération de l’Hérault est toujours celle qui a le plus grand nombre de chasseurs de l’Occitanie. Mais on a une perte de chasseurs liée au fait qu’on a une population de moins en moins rurale et de plus en plus urbaine”.
-Hérault Tribune : comment arriver à intéresser les jeunes chasseurs ?
Max Alliès : “Nous pensons que le petit gibier peut davantage attirer les jeunes que le grand gibier. Parce que la chasse aux sangliers obéit à beaucoup de règles de sécurité et d’organisation. C’est une chasse collective qui implique de partir le matin de bonne heure pour y passer la journée. Alors que pour chasser le petit gibier, il est possible de sortir une ou deux heures avant de rentrer chez soi”.
-Quel est l’état de ce petit gibier dans le département ?
Max Alliès : “Le petit gibier, c’est notre axe fort de développement. Mais la difficulté, c’est qu’il est plus fragile que le sanglier, il est plus sensible aux pesticides utilisés dans l’agriculture et aux effets du changement climatique. Pour qu’il se développe, il faut aménager le territoire pour qu’il lui soit le plus favorable possible. Par exemple en prévoyant des lieux où ils peuvent boire et pour qu’ils ne souffrent pas de la chaleur. L’an dernier, on a eu une très bonne reproduction sur la perdrix, idem pour le lapin et le lièvre se portent très bien. Dans certains secteurs comme dans l’est de l’Hérault, il y en a même trop donc on en capture pour les réintroduire dans des zones où il n’y a pas de risque de dégâts agricoles. On travaille aussi avec des scientifiques pour comprendre pourquoi la population de lapins a augmenté malgré les maladies. Après le reste, c’est du gibier migrateur dont la bécasse, les grives, les palombes, les oiseaux d’eau, les différents types de canard. Ce gibier est lié à la migration donc nous devons faire en sorte que le territoire soit accueillant, par exemple en s’assurant d’avoir des arbres avec des graines et en préservant les haies”.
-Hérault Tribune : qu’en est-il du grand gibier ?
Max Alliès : “Il y a deux espèces qu’on arrive à contenir dans leur territoire d’origine : les cerfs qui sont situés dans les Monts d’Orb, et puis le mouflon qui est situé dans le massif de l’Espinouse. Après, on a le chevreuil sur lequel on n’intervient quasiment pas”.
-Hérault Tribune : et le sanglier ?
Max Alliès : “Il a colonisé tout le département, y compris les villes et les zones périurbaines. Les sangliers cohabitent plus ou moins bien avec la population humaine parce qu’on a beaucoup de circulation, beaucoup de routes, beaucoup d’animaux présents dans des lieux où ils n’étaient pas mais où ils sont venus. On est le deuxième département le plus peuplé de la région Occitanie, on a donc une urbanisation importante qui crée des difficultés à chasser. Le sanglier est alors un animal très opportuniste qui profite du réchauffement climatique favorable à sa reproduction et qui mange des agricultures diversifiées. Il s’adapte donc à la vie en milieu urbain puisqu’il fait les poubelles. Il sait que dans ces zones-là , il a de l’alimentation et la quiétude alors il se développe et il se reproduit”.
-Hérault Tribune : quelle est la solution pour lutter contre cela ?
Max Alliès : “La solution c’est d’en prélever le plus possible. Avec 26 000 bêtes abattues, on est le troisième département où on a prélevé le plus de sangliers en 2024. La moitié sont des mâles, l’autre moitié sont des femelles qui ne se sont pas reproduites. Si on n’avait pas prélevé, si on n’avait pas tué tous ces animaux, combien seraient-ils sur le département ?”.
-Hérault Tribune : pourquoi l’indemnisation des dégâts des sangliers reste un point sensible ?
Max Alliès : “L’indemnisation des dégâts de gibier en incombe entièrement aux chasseurs alors qu’ils peuvent chasser sur à peine 70% du territoire. Donc nous luttons depuis longtemps contre la loi de 1968 qui nous oblige à payer tous les dégâts. Quand elle a été mise en place, il y avait beaucoup moins de grands gibiers que maintenant et beaucoup plus de chasseurs. On a inversé les courbes : les chasseurs diminuent et le grand gibier augmente. Il y a plus de dégradation des sangliers mais moins de chasseurs pour payer. Donc certaines fédérations sont à la limite de la cessation de paiement et ne peuvent plus assumer cette mission de service public. Dans l’Hérault, on est en moyenne à 300 000 euros de dégâts par an. Nous tenons car nous avons encore beaucoup d’adhérents. Mais notre objectif est de modifier cette loi d’indemnisation parce que c’est anormal de payer 100% des dégâts alors qu’on considère qu’on est responsable que de 70% des dégâts. C’est une aberration”.
(Source : rédaction journal Hérault Tribune)
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