Certes, on connaît la chanson. Et la musique qui va avec ! La manipulation des chiffres, dans un sens comme dans l’autre, peut évidemment déboucher et produire l’effet inverse du phénomène recherché…

Au dernier recensement INSEE connu, celui de 2013, il y avait très exactement 462 705 habitants dans le département des Pyrénées-Orientales. La manifestation pour le “Oui au Pays Catalan” qui s’est déroulée aujourd’hui a attiré dans le meilleur des cas 7 000 personnes en prenant la fourchette haute… et en intégrant les participants venus d’Espagne.

Le 8 octobre 2006, selon les divers témoignages des journalistes publiés dans les medias, la manifestation contre l’appellation Septimanie chère à feu Georges FRÊCHE, alors président PS de la Région administrative Languedoc-Roussillon, avait été suivie par 6 000 à 9 000 personnes. Et le département des Pyrénées-Orientales comptait alors plus précisément 432 112 habitants. Soit 30 593 habitants de moins qu’aujourd’hui. A l’époque, une pétition intitulée “No a la septimania” avait recueilli environ 20 000 signatures.

Alors que la manifestation du 8 octobre 2006 – c’était il y a dix ans, déjà – était pratiquement spontanée, improvisée en tout cas, et ne mobilisait qu’à l’appel des partis catalanistes et d’élus de droite, la manifestation de ce samedi 10 septembre 2016 a bénéficié du soutien très actif de toute la classe politique et médiatique des P-O. Le seul journal local, L’Indépendant, a fait quotidiennement un (r)appel à la Une depuis deux mois (avec des tonnes de communiqués en faveur du “Oui au Pays Catalan”) pour inciter les habitants des P-O à se mobiliser, avec la télévision et la radio publiques ils ont bien relayé, voire amplifié la polémique. Quant aux partis, à l’exception du Front National de Louis ALIOT, ils étaient tous à l’unisson pour faire monter et prendre la mayonnaise : PS + PCF + ERC + DvG + LR (Les Républicains) + UDI + PR (Parti Radical) + DLF (Debout La France en Pays Catalan) + CDC (Convergence Démocratique de Catalogne) + UC (Unitat Catalana)… Sans oublier les initiatives créées tout-spécialement pour cet événement : “Oui au Pays Catalan” & “Recours Citoyen” qui ont incontestablement soulevé la dynamique de ce rendez-vous.

Alors, à l’arrivée, qu’est-ce qui a cloché ? Qu’est-ce qui a fait que le compte, au niveau de la mobilisation populaire, n’y est pas ?

Celles et ceux qui restent déterminés dans l’action vont demander à la Présidente du Département, la sénatrice socialiste Hermeline MALHERBE, de mettre prochainement tous les bus à 1€ à disposition du public pour “monter” un jour (la date reste à définir) à Toulouse et manifester sous les fenêtres du parlement “Occitanie/ Pyrénées-Méditerranée”. Et s’ils échouent à la Région, c’est sur Mme MALHERBE qu’ils espèrent bien maintenir la pression et appuyer sur la seringue (c’est une autre image) “afin qu’elle rebaptise le département Pays Catalan ou Pyrénées Catalanes”… Mais que diable Hermeline et Ségolène (NEUVILLE/ notre ministre catalane) – tiens ? on ne l’a pas vu dans la manifestation… – allaient-elles faire dans cette galère ?

Les autres, la “Majorité silencieuse” comme on dit, ont peut être une partie de la réponse à cette question de la démobilisation d’aujourd’hui. Et c’est un maire de droite qui l’a lâché : “Comment peut-on être encore crédibles vis-à-vis des habitants du département et défendre une entité, une identité aussi belle et forte que Pays Catalan, lorsque les élus laissent fleurir dans leurs communes des lotissements low-cost, défigurent la plaine avec de monstrueuses éoliennes, plantent des zones commerciales ou des casse-autos à l’entrée de nos villages ?… Et continuent de tirer le tourisme vers le bas !”.

A méditer.