“Marasme au Conservatoire

 

 

Le Conservatoire Monsterrat-Caballe à rayonnement régional est l’un des plus importants services de la communauté Urbain Perpignan-Méditerranée Métropole (PMM) par le nombre d’agents qu’il emploie, une des vitrines incontournables de son activité. Mais, depuis l’arrivée d’une nouvelle gouvernance en juin 2020, il est directement pointé du doigt comme pesant de façon trop importante sur le budget de la collectivité

 

On se souvient d’annonces remarquées en septembre dernier évoquant une réduction de près d’un tiers (quatre millions) de son budget. Celui-ci étant constitué à plus de 90% par la masse salariale de ses employés, c’était alors le spectre d’un dégraissage conséquent du personnel (les agents du conservatoire sont des fonctionnaires territoriaux) qui s’annonçait, la préfiguration d’un plan social annoncé qui mobilisa alors les syndicats FO et UNSA majoritaires dans l’établissement.
Ces prévisions assez hasardeuses, car peu ciblées, furent alors tempérées par des propos plus rassurants de Robert Vila, qui évoqua alors la nécessité de certaines réformes ou ajustements tout en rejetant l’idée d’un « Trafalgar » de l’enseignement artistique sur la métropole.
Parmi ses prévisions d’alors, était mise en avant la nécessité de préparer une nouvelle ère à l’établissement avec le recrutement et l’arrivée dès mars 2021 d’un nouveau directeur, car Daniel Tosi, en poste depuis 1989, arrive cette année au bout de sa mission.
Cette procédure a bien eu lieu avec un appel national à candidature, mais aujourd’hui, aucun recrutement n’a abouti même si l’administration de Perpignan-Méditerranée estime que cette procédure n’est pas terminée, puisque le dernier candidat en lice (il a été reçu le 10 février dernier) n’a pas encore reçu de réponse. Le président réfléchit… mais pour le moment, force est de constater que les meilleurs candidats potentiels ont décliné la possibilité de participer au second tour de la sélection, faute d’avoir senti chez leurs interlocuteurs (le jury, principalement constitué d’élus de Perpignan-Méditerranée et de représentants de l’administration) la volonté d’un réel projet de développement de l’enseignement artistique sur le territoire métropolitain.

 

En attendant, s’est confirmé aussi au conservatoire le prochain départ d’un des deux directeurs des études, le principal bras droit pédagogique de Daniel Tosi, non retenu pour assurer un intérim en attendant l’arrivée d’un nouveau directeur, et dont le remplacement n’est pas prévu.

À venir encore, la suppression des décharges horaires d’une partie des enseignants amenés jusqu’alors sur leur temps d’emploi pédagogique à diversifier leur activité en participant en tant que musiciens aux formations orchestrales que Daniel Tosi mène encore aujourd’hui avec le brio qu’on lui connait depuis longtemps.

 

Mais, comme la nature et l’administration de Perpignan-Méditerranée ont horreur du vide, il y a eu cette semaine l’annonce de la très prochaine nomination d’un directeur-adjoint, en fait, la même personne –et sur le même poste– (supprimé en 2018) que l’on avait dû rapatrier à l’administration centrale à la suite de multiples déboires relationnels avec une bonne partie de l’équipe pédagogique… Ce cadre administratif a
de surcroît un profil identique à la responsable de l’administration et des ressources humaines arrivée en poste en septembre dernier qui donne pourtant entière satisfaction, sans pour autant être pour sa part à même
de remplacer ni le directeur, ni le directeur des études.

Quant au second directeur des études, en froid avec l’administration scolaire et peu apprécié par l’équipe pédagogique, il passe le plus clair de ses journées, enfermé dans son bureau, ou plus souvent encore, ailleurs (?) profitant des toutes les ressources offertes par la crise sanitaire (télétravail, asa) lorsque sa voiture n’est pas en panne, devenant ainsi au fil des jours un peu plus virtuel et fantomatique…

 

Dans le contexte général que l’on connaît aujourd’hui, en rien favorable à l’enseignement ou à l’activité artistique, c’est donc bien –plus que de la morosité – un véritable marasme qui s’abat un peu plus chaque jour
sur un établissement pourtant remarquable et florissant il y a peu encore, mais qui prend aujourd’hui le risque, pire que de se banaliser, de péricliter de façon forcément déplorable.
Pourrons-nous encore demain inscrire nos enfants au conservatoire avec la même confiance et l’assurance qu’ils pourront s’initier, apprendre et pratiquer aussi bien qu’aujourd’hui à la musique, à la danse et au
théâtre ? Ce conservatoire conservera-t-il à terme son label de rayonnement régional qui le place sur la même ligne que ceux de Toulouse ou Montpellier ? Profiterons-nous encore de concerts, spectacles, opéras, de sa politique de diffusion très éclectique ? Nous pouvons hélas commencer sérieusement à nous poser cette question !”.

 

A.K.