Dans un entretien accordé cette semaine au journal local L’Indépendant, entre autres propos Jean-Paul ALDUY, septuagénaire bon pied bon Å“il, ancien sénateur-maire centriste de Perpignan, ex président de l’Agglo, s’indigne du comportement d’élus des P-O qui, face “à la menace d’une élection de la candidate du FN à la Présidence de la République n’appellent pas à voter pour Emmanuel MACRON…”.

Pour faire vite, on dira que Jean-Paul ALDUY a la mémoire courte, qu’il ne manque ni de culot ni de toupet pour se lancer dans de telles diatribes.

Comment un personnage comme lui, qui, hier, a réveillé Perpignan-La-Catalane au point de lui rendre sa fierté identitaire, sa jeunesse, sa générosité et son intelligence, peut-il sombrer aujourd’hui dans un tel chaos mental en voulant s’ériger en moraliste et, cela va de soi, en donneur de leçon(s) ? Lui qui pourtant nous a habitué a de grands moments de Démocratie, lui qui a arrimé Perpignan dans la cour des grandes villes françaises.

En 2011, lors des élections cantonales, Jean-Paul ALDUY à la tête de l’UMP’66 (le président était François CALVET), sénateur des P-O, n’a pas hésité à investir un ancien cadre du Front National (FN) pour affronter Louis ALIOT, alors patron régional du FN et compagnon de Marine LE PEN. Cela se passait dans l’un des quartiers les plus populaires de Perpignan, le Vernet. Et “l’investi” adoubé par Jean-Paul ALDUY était un certain… Jean-Louis de NOËLL, encarté au FN de 1995 à 1998, dont il fut d’ailleurs secrétaire départemental !, et même candidat tête de liste FN aux élections municipales de 1995 face à Jean-Paul ALDUY, lui-même. Ce dernier ne pouvait donc pas ignorer – à moins d’être victime d’une affection sélective du cerveau – le parcours politique de Jean-Louis de NOËLL, lorsque en 2011, six ans plus tard, il décide de le présenter sur le Bas-Vernet, le soutenir et l’accompagner sur le terrain lors de traditionnelles opérations de tractage électoral. Mieux encore : Jean-Paul ALDUY, à l’époque, apparaît aux cotés de Jean-Louis de NOËLL sur l’affiche officielle du candidat. Pire : Jean-Paul ALDUY trouve au sein du parti qu’il dirige localement, le Parti Radical, la suppléante de Jean-Louis de NOËLL : Nicole AMOUROUX. (A ce propos, il est pathétique de voir aujourd’hui la fédération départementale du Parti Radical des Pyrénées-Orientales insulter les électeurs de Marine Le PEN après avoir été complice le temps d’une élection heureusement ratée d’un candidat qui fut LE secrétaire départemental du FN des P-O…).

En 2012, souvenez-vous, Louis ALIOT, vice-président national du FN, décide, au second tour, de retirer sa candidate Irina KÖRTANEK de la 2ème circonscription des P-O, alors qu’elle pouvait se maintenir face à la candidate de la gauche, Toussainte CALABRèSE (PS), et au député sortant maire de Saint-Laurent-de-la-Salanque, le docteur Fernand SIRé (UMP), ami d’un certain Jean-Paul ALDUY ! Louis ALIOT, dans cette élection, en fin stratège et connaisseur de la politique à la sauce catalane, ne voulait surtout pas offrir sur un plateau d’argent les quatre circonscriptions des P-O à la gauche, sachant déjà que les trois autres circonscriptions étaient acquises au PS : la 1ère à Jacques CRESTA, la 3ème à Ségolène NEUVILLE et la 4ème à Pierre AYLAGAS. Maintenir Irina KÖRTANEK sur la 2ème circonscription, c’était à coup sûr faire élire un 4ème député socialiste sur le sol roussillonnais, en la personne de Toussainte CALABRèSE (qui au passage avait battu le candidat nationaliste de Jean-Paul ALDUY en 2011 sur le Bas-Vernet perpignanais…). A cette époque, on n’a pas entendu Jean-Paul ALDUY appeler à voter pour Toussainte CALABRèSE…Lorsque Fernand SIRé a été élu, nous n’avons pas entendu non plus Jean-Paul ALDUY, alors président de l’Agglo Perpignan-Méditerranée s’en offusquer et dénoncer cette combine qui a permis à un candidat de son camp de se faire réélire avec les voix du FN… Il fut même l’un des premiers à le féliciter !

Deux exemples qui illustrent hélas les dérives politiciennes de “l’Alduyisme”. Il est bon de le rappeler. Au nom de la Mémoire ! Alors certes, d’autres barons locaux de l’UMP étaient aux côtés de Jean-Paul ALDUY dans ces moments là, pour soutenir Jean-Louis de NOËLL, pour approuver le geste amical de Louis ALIOT envers Fernand SIRé, mais ces barons-là ont au moins le mérite de se taire ; de ne pas se présenter tels des donneurs de leçon(s), en accusant, fustigeant, insultant le peuple qui a décidé, au bout du bout, à bout de force et de patience, de se refugier dans des votes extrêmes, et ce pour corriger une classe politique à l’agonie, usée, engluée dans le mépris de celles et ceux qui sont obligés de (sur)vivre avec un SMIC par foyer pour, au bout de quelques années, sombrer tout droit dans l’abîme du surendettement. Tout le désarroi des électeurs qui ont décidé de voter pour les extrêmes est là et nulle part ailleurs. Si on ne comprend pas cela, les LE PEN entreront à l’Elysée la prochaine fois, à coup sûr.