(Communiqué)

 

 

A Thuir, des Cogitations estivales prométhéennes au niveau des enjeux de civilisation fixés…

 

 

-“La quatrième édition des Cogitations estivales prométhéennes se sont déroulées hier, mardi 29 juillet, à Thuir, organisée par l’AGAUREPS-Prométhée en partenariat avec La France Insoumise

 

Le thème retenu cette année, selon le principe habituel (un sujet historique possédant une résonance et une actualité politiques), invitait à se demander si l’arrivée au pouvoir d’Hitler en 1933 en Allemagne relevait du domaine de l’irrésistible ou au contraire ressortait à celui du résistible. L’intitulé montre immédiatement les implications qu’une telle réflexion peut porter quant à la situation politique actuelle, et en filigrane, à la fois sur les mobilisations sociales et sur les échéances électorales de la prochaine séquence politique.

L’orateur, Francis Daspe, président de l’AGAUREPS-Prométhée et animateur de La France Insoumise, partait tout d’abord des faits historiques. A l’explication paresseuse faisant reporter l’arrivée au pouvoir des nazis à la quasi seule division des partis de gauche, incapables de s’unir après la féroce répression de la révolution spartakiste de 1919 (exécution de Rosa Luxembourg par exemple) par les socio-démocrates, il opposait une pluralité de facteurs ayant contribué à la catastrophe. « C’est d’abord un épisode supplémentaire de la lutte des classes dans lequel les possédants ont fini par se rallier aux nazis, adoubés par les milieux d’affaire comme un rempart commode à la peur du rouge », expliquait-il. Pour étayer sa démonstration, il faisait remarquer qu’Hitler arrive au poste de chancelier après que le parti nazi ait perdu en quelques mois quatre millions de voix. « Il n’était clairement plus en dynamique ».

D’autres éléments ne peuvent pas être minorés dans l’accession du parti nazi au pouvoir : l’impact de la crise économique, la funeste illusion du prétendu « sauveur pas encore essayé », un « parfum d’ambiance » nauséabond s’installant progressivement, le sentiment d’humiliation engendré par la défaite de la première guerre mondiale, une unité nationale récente (comme l’Italie) exacerbant dangereusement les passions nationalistes, le manque de culture démocratique de l’Allemagne, la déliquescence de la fragile démocratie parlementaire de la République de Weimar, l’étroitesse du corps sociologique soutenant ce régime politique etc.

Sans verser dans des comparaisons hasardeuses anachroniques, des analogies étaient faites avec la situation politique du moment présent en France. « Extrême-droitisation des idées renforcée par la bollorisation des médias, hystérisation et polarisation accrues du débat public, recours de plus en plus fréquent à des artifices autoritaires comme l’utilisation du 49-3 ou la criminalisation de la contestation, relativisation de l’Etat de droit et du droit international, situation de blocage en raison de l’enfermement du pouvoir dans une démocratie minoritaire, tout montre que les ingrédients du pire sont potentiellement rassemblés ».

Francis Daspe terminait son exposé en posant deux questions essentielles, et qui allaient alimenter les nombreux échanges stimulants avec une assistance particulièrement concernée : « en quoi consiste une politique antifasciste, comment élaborer une stratégie d’union populaire permettant de barrer la route au pire ? ».

De nombreuses réflexions fusèrent. Parmi celles qui revinrent de manière récurrente, citons la nécessité de s’en tenir à un programme de ruptures améliorant concrètement le quotidien du plus grand nombre, la capacité de constituer une dynamique de large rassemblement populaire qui ne soit pas un simple cartel dépourvu de toute force propulsive et qui ne se résume pas pour certains qu’à un moyen de préserver leurs rentes, la construction d’une perspective majoritaire seule à même de créer une dynamique, la mobilisation de celles et ceux qui se détachent de la chose politique faute d’espoir, la récusation des impasses stratégiques et politiques que sont les expédient style front républicain sans contenu ou programmes édulcorés selon le principe éculé du plus petit dénominateur commun etc.

Francis Daspe mettait en garde contre d’éventuels manquements coupables à ces boussoles. « Si l’extrême droite représente un recours pour les possédants et les oligarchies en quête de maintien de leurs privilèges menacés, il existe cependant un plan B ultime : le recours à la guerre, ni plus ni moins. Les lourdes menaces géopolitiques marquées du sceau de l’impérialisme montrent le changement d’échelle de la lutte des classes. En cela, pour reprendre la formule de Clausewitz, la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens ».

En tout état de cause, ces réflexions justifièrent pleinement l’ambition affichée de faire de cette réunion publique un moment à la fois d’éducation populaire et de formation militante. Tout en illustrant concrètement le terme de « cogitations », estivales de par la saison, mais aussi prométhéennes en raison des enjeux de civilisation en résultant urgemment”.