Tribune Libre/ Claude Barate* : “Dépenser moins, produire plus”
par adminLuc le Avr 21, 2025 • 6 h 18 min Aucun commentaire*par Claude Barate, universitaire, député honoraire
-A nouveau le débat revient sur la place publique, comment réduire les déficits budgétaires de la France et retrouver un endettement acceptable.
Il faut dire que si les budgets de la France étaient en équilibre jusqu’à l’arrivée de François Mitterrand au pouvoir, ils ont considérablement dérapé depuis.
Rappelons simplement qu’avant de prendre le pouvoir en 2017, Emmanuel Macron promettait d’économiser soixante milliards d’euros par an, alors qu’au bout de huit ans de mandat, la France aura vu sa dette augmenter de 1 000 milliards d’euros, soit 125 millions par an d’augmentation!
A plus de 3 000 milliards d’euros, ce n’est pas le montant de la dette qui est inquiétant, mais sa nature.
Si cette dette reposait sur les investissements en matière d’infrastructures ou d’équipements de futur, si elle permettait de préparer l’avenir en termes de formation, de recherche, d’innovation, si elle permettait à la France de se protéger, au plan militaire ou économique. Bref si elle nous modernisait en préparant l’avenir de nos enfants, je ne serais pas inquiet.
Mais lorsqu’on sait que pour l’essentiel elle a servi à payer des déficits de fonctionnement et que le déficit budgétaire est creusé par le remboursement de frais financiers exorbitants à des capitaux majoritairement étrangers, on ne peut que prendre des mesures radicales et d’abord informer le peuple de la situation en appelant son attention et son réveil…
Je dis attention et réveil du peuple parce que lui aussi a sa part de responsabilité dans la situation.
Certes la politique du « quoi qu’il en coûte » est responsable de l’essentiel, mais le peuple a sa part, puisque c’est lui qui choisit ses dirigeants. C’est lui qui enivré par les promesses des démagogues veut toujours gagner plus en travaillant moins.
Cependant tout n’est pas à la charge du peuple. La part la plus importante est de la responsabilité des dirigeants.
Il faut dépenser moins, disent-ils. Ils ont raison, mais pourquoi poser le problème uniquement en termes de dépenses sociales, de retraites ou de santé. Diminuer dans ces secteurs les dépenses c’est prendre sur le portemonnaie des français et baisser leur pouvoir d’achat, alors qu’il faut faire le contraire.
Supprimer des niches fiscales pourquoi pas, mais c’est oublier qu’elles ont été mises en place pour essayer de corriger les méfaits d’une fiscalité la plus élevée au monde.
Supprimer les aides aux entreprises, c’est oublier qu’elles ont été mises en place là aussi pour corriger les méfaits de charges sociales et fiscales, trop lourds comptes tenus de la concurrence internationale.
Pourtant il existe un secteur dont trop peu de responsables parlent, celui de l’hypertrophie administrative.
Le service public est de moins en moins performant et pourtant il y a de plus en plus de fonctionnaires.
J’ai déjà écrit dans ces lignes combien il était préoccupant de savoir par exemple que dans l’éducation nationale sur 1 200 000 fonctionnaires, il y en a 300 000 mille qui n’ont aucun contact avec des élèves ou qu’à cause de l’organisation de la santé avec des ARS technocratiques, pour la même dépense par tête d’habitant, il y a 15% de plus de soignants en Allemagne qu’en France.
Quand on saura que l’Allemagne avec 15 millions d’habitants de plus que nous a 1 million de fonctionnaires en moins (cinq millions pour l’Allemagne, six millions pour la France). Voilà ce qu’il faut corriger en priorité : moins de fonctionnaires, mieux payés.
D’autre part combien de comités Théodule peut-on supprimer : ils ne servent à rien mais coûtent beaucoup. Les français ne s’apercevront même pas de leurs disparitions !
Mais le problème français n’est pas uniquement sur la dépense de l’Etat, il est aussi sur le manque de production des Français.
Mon Dieu, comme c’est facile d’écouter les démagogues de tout poil, qu’ils soient syndicalistes ou politiques. Combien il a été agréable de passer de 65 à 60 ans l’âge de départ à la retraite, ou encore baisser à 35, le nombre d’heures de travail par semaine. Bien sûr, il y a des métiers plus pénibles que d’autres, et il faut en tenir compte. Mais quand même…
La démagogie n’a aucune limite, si on en croît Sandrine Rousseau qui défend le droit à la paresse.
La vérité, c’est que les français travaillent moins que la quasi-totalité des pays européens, hormis la Finlande : 1 673 heures par an pour les salariés français à temps complet contre 1 790 heures pour l’Allemagne qui est dans la moyenne européenne.
Mais quand on regarde le pouvoir d’achat des européens, force est de constater qu’il est d’autant plus important que le pays est resté industrialisé et que les personnes y travaillent plus longtemps.
Alors quand on nous dit qu’il faut partir à la retraite plus tôt, qu’travailler moins pour gagner plus, on marche sur la tête. Malheureusement les français paraissent aimer ça : ils adorent les causes dont ils détestent les effets !
On a aimé croire des pseudos intellectuels comme Alain Minc ou Jacques Attali, nous raconter que la mondialisation allait régler tous les problèmes, qu’on pouvait désindustrialiser la France et faire produire moins cher ailleurs. Une politique de la demande, destructrice d’emplois en France.
Mais maintenant le monde nous présente l’ardoise. Et ce fou de Trump et son acolyte russe Poutine accentuent l’addition puisqu’il faut impérativement s’armer pour nous défendre et avec nous notre civilisation européenne.
Alors oui, pour notre liberté et nos enfants, il faut relever la tête, se retrousser les manches et se battre pour nous et pour la France.
Claude Barate, universitaire, député honoraire