Une Education Nationale : pour quoi faire ?

(Par Claude Barate, universitaire, ancien député RPR des P-O)

 

Dans une interview donnée au magazine d’une fédération de parents d’élèves (APEL) « Famille et Education », le nouveau ministre de l’Education fait le point sur les problèmes de l’Education Nationale avant la rentrée scolaire.

Le ton est plutôt tranquille, mais le ministre commet, à mon avis, deux erreurs d’analyse qu’il me semble utile de corriger. La première porte sur le principe d’égalité, la deuxième sur la place des parents dans le système éducatif.
Concernant le principe d’égalité il dit qu’il aura des points d’insistance plus nets (par rapport à son prédécesseur), du côté de la réduction des inégalités entre élèves.
Cette position de caractère idéologique, n’a aucun sens. Ou plus exactement n’aurait comme but que de niveler par le bas dans une démarche d’égalitarisme, détournement de l’esprit républicain et fléau de la Nation.
L’égalité comme moyen n’aurait pas davantage de sens, car il faut donner plus à ceux qui en ont besoin. C’est d’ailleurs ce qui est fait déjà dans des quartiers difficiles avec le dédoublement des classes.
En réalité le but ultime de l’enseignement, c’est d’élever chaque enfant au maximum de ses capacités en essayant de dégager en lui les talents cachés, c’est de lui apprendre à raisonner sur la base de connaissances, élément essentiel de sa formation à sa vie d’homme et de citoyen.
Bref, c’est le contraire du nivellement !

Concernant la place des parents dans le système éducatif, le ministre rappelle que « les parents d’élèves font partie de la communauté éducative »et qu’ils doivent «se sentir partie prenante des projets pédagogiques et de cette communauté éducative grâce aux grands débats que nous allons initier cet automne. »
Je ne peux pas imaginer, un seul instant, que l’idée du ministre est de rejoindre celles de Platon ou de Robespierre, qui voulaient reprendre l’éducation des enfants aux parents pour la confier à l’Etat.
Je préfère penser qu’il veut consulter les associations de parents d’élèves pour demander leur point de vue sur les réformes y compris des projets pédagogiques.
En tout cas une chose doit être claire. Eduquer les enfants doit être de la seule responsabilité des parents. Le rôle de l’Education Nationale doit se limiter à l’instruction des enfants : savoirs et raisonnement en soutien des parents, contacts avec eux pour leur indiquer les forces et les faiblesses de chaque enfant, leur conseiller les actions à entreprendre pour remédier aux faiblesses et libérer les forces.
Les parents n’ont nul besoin de rentrer dans la définition classe par classe des projets pédagogiques, ce n’est pas de leur compétence. D’ailleurs dans un pays gaulois comme le nôtre, chacun aurait rapidement son propre projet pédagogique… naturellement supérieur à celui des autres et même de l’enseignant…! Il ne faut pas mélanger les genres.
Par contre, le ministre ne dit pas un mot du problème principal de son ministère. Comment se fait-il que la France est dans le peloton de tête des pays de l’OCDE, pour les dépenses par tête d’élève, tout en ayant des enseignants très mal payés, et des résultats scolaires de faible niveau. Où passe l’argent ?
C’est portant là-dedans qu’il faudra tirer les ressources nécessaires pour augmenter les salaires des enseignants, diminuer le nombre d’élèves en classe et assurer un soutien scolaire individuel, clé de la réussite pédagogique.
Et si les grands débats de l’Automne portaient sur ce sujet. Chiche !

 

Claude Barate.