-“Je ne sais qui a lu ou pas la charte de la laïcité écrite et signée par M. Louis Aliot Maire rassemblement national de la commune de Perpignan. Pour ma part, je l’ai lu et étant attaché à la loi de 1905 sur la laïcité, je veux la commenter car elle est interpellative à plusieurs titres et non des moindres

 

Cette loi permet de croire ou de ne pas croire. C’est un concept de vie afin que chacune, chacun vive sa foi, sa religiosité comme il l’entend fort heureusement mais dans la sphère privée. La loi sur la laïcité n’est en rien une contrainte comme d’aucuns s’évertuent à le laisser penser voire à le colporter en travestissant les mots.

Là, le Rassemblement National récupère à son profit le concept de Laïcité, à quelle fin?

Devons-nous nous en étonner ou pas ? Je serais tenté de dire, non! pas du tout. Pourquoi ? Tout d’abord, parce que l’extrême droite dans sa “dédiabolisation” depuis des lustres travestit et détourne les mots de leur sens originel. La liberté d’expression qui n’est pas un de ses atouts principaux, elle en use et en abuse à l’envi. Ceci afin de se poser en victimes expiatoires dès que les démocrates l’attaquent sur ses positions discriminantes, racistes, nationalistes et autres. Ses transformations sont parties intégrantes de la sémantique du fascisme d’alors aux fins d’habituer les citoyens à les entendre et donc à les banaliser : la façon de traiter les autres de « collabos » lorsqu’une loi ne leur sied pas ? Parler de « l’Etat français » alors que «l’ Etat » suffit ? et bien d’autres ..

Remémorons nous l’histoire vraie. Et non celle interprétée par des histrions actuels et d’alors. lorsque le national-socialisme s’adressait aux masses pour les séduire, il accentuait le mot socialisme et ne développait pas ainsi les relents sous capes du racisme et/ou de l’antisémitisme.

Mais je dis ne soyons pas dupes de la laïcité à la sauce aigre-doux de M. Aliot maire de Perpignan, M. Ménard maire de Béziers, M. Rachline maire de Fréjus et bien d’autres. Ne leur faisons pas le grief de ne pas connaître les limites du droit. Pour ce faire, il fait appel à des agences de communication expertes dans la façon de ne jamais prononcer les mots qui heurtent et ainsi être dans le tout interprétation. Avouons-le, tout est finesse et rouerie ! Enfin fort heureusement pas pour tout le monde.

Le maire M. Aliot dans sa charte Perpignano-Perpignanaise se pare en quelque sorte des vertus de la déclaration des Droits de l’Homme de 1789 avant celle de 1948. Tiens, tiens mais pourquoi donc ? Ce subterfuge lui permet mine de rien de minimiser l’universalité de la loi de 1948. Doit-on y voir une manipulation future pour y revenir dans l’avenir ? à suivre ne soyons ni naïfs ni dupes !

Il parle plus loin dans la charte de la laïcité de la « lutte contre le communautarisme » ? Contre lequel je suis dans notre République une et indivisible. Ne sentez-vous rien se dessiner à l’horizon ? à suivre !

Tout va mieux dans le meilleur des mondes en avançant dans le texte de l’article 1 à l’article 6, les définitions de la Laïcité, peu ou prou, peuvent être acceptées par ce que les humanistes de tous bords ont pu écrire antérieurement et actuellement. Mais quid de la suite ?

Dérapage des écrivains concernant l’article 7 ? ou alors confirmation de leur état d’esprit politique et de la sémantique employée ? Il eut été plus simple de déclarer qu’elle ne subventionnera pas les associations qui ne respectent pas la Charte de la Laïcité ! Que nenni la sémantique permet de franchir toutes les règles afin d’obliger les associations à respecter les règles de la laïcité, là s’affranchissant de la neutralité, ce qui à l’évidence est fondamentalement contraire à l’esprit laïque, donc anti-Laïque. Le vrai visage du Rassemblement National ? Et qu’en penserait la justice ? voire l’État tout d’abord ?

En principe, n’importe quelle association religieuse ou pas a le droit de limiter les membres qui en font partie ou veulent y adhérer.

Pour comprendre, je tente une explication/obligation/interrogative; les associations de Perpignan doivent afficher l’adhésion à la charte en question dans leur fonctionnement afin d’avoir la possibilité de solliciter une demande de subvention communale. Pourquoi pas ? D’autres communes agissent ainsi. Mais là, en l’espèce, ne sommes-nous pas devant une “ruse” ? celle-ci ayant pour but, je pense, d’annihiler, par le nerf de la guerre, l’argent, toutes les initiatives cultuelles et culturelles de son choix! Ne sommes-nous pas devant une entorse au fondement de la laïcité ? la question est posée?

L’article 8 est lui le marteau qui enfonce le clou! Pourquoi donc ? En principe, il s’adresse à tous, soi-disant, interdisant toutes les manifestations cultuelles de rue sauf, sauf… les processions traditionnelles quasi millénaires ( contre lesquelles j’ai mon avis) sur la commune de Perpignan. Chacune, chacun pense ce qu’il veut bien concernant la Confrérie de la Sanch comme de la Procession. Mais là encore était-il nécessaire d’ajouter que pour les autres, les gens de la mosquée, alors que même ils n’ont rien demandé, c’est non ! Je rappelle que je suis attaché à la laïcité sans adjectif et appliquée sans exclusive ni à géométrie variable. Les expressions et les actes (tous) concernant, la religiosité, le culte, la foi, la croyance ont droit d’être vécues par chaque citoyenne, citoyen. Et je me bats afin que chacune, chacun puisse le faire, mais dans la sphère privée.

La question est posée ; la charte de la laïcité de M. Aliot ne présente-t-elle pas tout simplement les prémices, voire la justification des choix discriminants à venir? Les interrogations sont légitimes concernant la laïcité ? Pourquoi ? Sans prétention et pour connaitre un peu notre histoire, il y a un peu plus d’un siècle la France était divisée en deux, d’un côté les républicains Dreyfusards et laïcs et de l’autre côté les nationalistes antidreyfusards et catholiques; à tel point qu’il a pu être écrit : “la guerre des deux France”.

Aujourd’hui, nous avons une France dans laquelle les populismes d’extrême droite, de droite extrême et de gauche radicale extrêmiste qui frayent avec le racisme, la xénophobie, le nationalisme, le communautarisme, l’antisémitisme, l’homophobie cherchent aussi à nous diviser !!

Comme M. Michel Wieviorka le dit à juste titre en sa qualité d’éminent sociologue reconnu internationalement : ” le vrai danger pour la démocratie est dans l’après-populisme, quand s’imposent la haine de l’autre, l’autoritarisme, la violence, les extrémismes en tous genres”.

A méditer… à réfléchir… pour les citoyens et pourquoi pas l’Etat et la justice !!?

 

*Elie Puigmal, ex-maire socialiste de Saint-Estève (de mars 2001 à octobre 2010 – démission), ex-conseiller général des P-O

**La Charte de la Laïcité Ville de Perpignan, “pour la défense des valeurs de la République française et la promotion de la Citoyenneté et de la Laïcité… 

La Ville de Perpignan s’engage à préserver et défendre les valeurs inscrites dans les textes
fondateurs de la République Française que sont la Déclaration des Droits de l’Homme et du
Citoyen (1789), le Préambule de la Constitution (27 octobre 1946) et la Constitution (4
octobre 1958), ainsi que le principe de laïcité garanti par la loi du 9 décembre 1905.

Elle décide de promouvoir et de faire respecter les principes fondamentaux des Valeurs
Républicaines, la Citoyenneté et la Laïcité, dans tous les champs de son intervention, en
garantissant à toutes et tous la liberté d’adhésion et d’accès aux services, la non-
discrimination, la non-tolérance des incivilités et le refus des provocations, violences et
incitations à la haine.

Sa Charte Communale pour la défense des valeurs de la République Française, la
promotion de la Citoyenneté & Laïcité et la lutte contre le communautarisme, est l’expression de cet engagement. La Charte s’impose à tous ses usagers ainsi qu’aux partenaires dont la ville soutient financièrement l’action.

Notre Ville, confrontée à d’importants enjeux sociaux et soucieuse de renforcer la cohésion
citoyenne, se pose en espace privilégié d’exercice de la démocratie locale. Elle entreprend
une démarche de reconquête républicaine dans le respect des valeurs fondamentales de la
République française en s’appuyant sur trois axes essentiels :
1 -Décliner un programme d’intervention autour de la consolidation du « Socle Républicain ».
2 -Lutter contre les intégrismes, le communautarisme et toute forme de prosélytisme ou
endoctrinement spirituel ou religieux portant atteinte aux libertés individuelles.
3 -S’assurer que les associations subventionnées sont respectueuses du principe de laïcité
et garantissent la liberté de conscience, l’égalité et l’accueil de toutes et tous sans distinction

Article 1 :
La laïcité contribue à l’égalité entre les femmes et les hommes et à la dignité des personnes.
La République laïque ne tolère aucune discrimination, qu’elle découle d’un motif religieux ou
autre, et promeut une culture commune du respect, du dialogue et de la considération
d’autrui comme semblable doté de la même dignité et des mêmes droits.
Article 2 :
La laïcité, socle de la citoyenneté, est notre bien commun. Elle doit être promue et défendue
par les pouvoirs publics et par tous les acteurs de la vie associative ; elle soit rassembler et
non être source de divisions. La République laïque se fixe pour objectif de regrouper autour
de valeurs partagées telles que la liberté de conscience et l’égalité de tous.
Article 3. :
La laïcité garantit la liberté de conscience : celle de croire, de ne pas croire, de ne plus croire
ou de changer de religion. Cela inclut la liberté de pratiquer une religion dès lors que les
manifestations de cette pratique ne portent pas atteinte à l’ordre public. La République laïque
permet à toutes et tous d’affirmer publiquement leurs convictions sans que cela ne puisse les
mettre en danger.
Article 4 :
La laïcité contribue à la fraternité. Elle fédère et renforce l’unité de la nation en contribuant à
la mise en œuvre de l’idéal républicain de fraternité. La laïcité contribue à l’égal accès aux
services et équipements
Article 5 :
La laïcité garantit le libre arbitre en offrant à chacun les conditions d’exercice de sa
citoyenneté. La République laïque n’admet aucune injonction ni contrainte visant à imposer
l’adhésion à une conviction, religion, ou pratique : celles-ci ne peuvent pas imposer leurs
prescriptions à la République
Article 6 :
La laïcité contribue à l’égal accès aux services et équipements publics et garantit la
neutralité de l’État, des collectivités locales et des services publics et leur parfaite impartialité
vis-à-vis de tous les usagers sans distinction. La neutralité s’impose aux agents et salariés
du service public : toute discrimination à raison de la religion, de la conviction, du sexe ou de
l’orientation sexuelle doit être poursuivie. Nul usager ne peut être exclu de l’accès aux
services et équipements publics en raison de ses convictions et de leur expression, dès lors
qu’il ne perturbe pas le bon fonctionnement du service et respecte l’ordre public

Article 7 :
Les associations participent à la promotion de la laïcité. L’organisation de leurs activités
garantit la liberté de conscience, l’égalité et l’accueil de toutes et tous quelles que soient
leurs convictions ou religion. Les associations respecteront les textes législatifs en vigueur
quant aux signes ostensibles et ostentatoires. Ces règles doivent être précisées dans leur
règlement intérieur. La Ville de Perpignan peut de plein droit supprimer les aides
communales pour les auteurs de comportement incivique et les non-signataires de la Charte
Laïcité

Article 8 :
La laïcité inclut la liberté de culte. Celui-ci ne pourra se manifester que dans les lieux prévus
à cet effet et jamais sur le domaine public. Toutefois, les processions et autres
manifestations traditionnelles et/ou religieuses exercées depuis plusieurs décennies dans la
commune de Perpignan seront maintenues.

Considérant que la République Française laïque oblige autant qu’elle protège et garantit
l’égalité entre toutes et tous, les signataires de cette charte communale s’engagent :
• à faire respecter, à promouvoir et à faire partager, dans chacune des actions menées, la
mise en œuvre de la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » en veillant à une juste
application du principe de laïcité ;
• à prévenir les phénomènes de pression, de rejet de l’autre ou de discriminations
notamment à cause de sa religion, de sa conviction, de son sexe, ou d’une quelconque
appartenance réelle ou supposée

Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 « Article 4 La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de ces mêmes droits.
Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi. Article 10 Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi. »
Extrait du Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 « 3. La loi garantit à la femme, dans
tous les domaines, des droits égaux à ceux de l'homme »
Extrait de l’article le1 de la Constitution du 4 octobre 1958 – La France est une République
indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances (…)
Article 1 de la loi du 9 décembre 1905 concernant la séparation des Eglises et de l’Etat «la
République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public. »

M. Louis Aliot, maire de Perpignan