L’eau, quel avenir ?

 

 

Fini le lieu commun souvent avancé : “De l’eau, il y en a toujours eu, il y en aura toujours…” Le dérèglement climatique nous met face à nos responsabilités et à une prise de conscience. Trop d’eau et sècheresse en seront les conséquences majeures.

La fonte des glaciers et des calottes polaires entrainera la disparition de nos traits de côte dans un proche avenir. Déjà, la montée du niveau des mers provoque des désastres écologiques et repousse vers l’intérieur des terres les constructions possibles. Mais la sécheresse, le manque d’eau, ce bien si précieux modifiera les paysages, l’économie générale, nos façons de vivre. Il faut réagir et vite, il n’est plus possible d’attendre. La bonne maitrise de l’eau douce sera l’enjeu majeur de la prochaine décennie.

 

Les petites économies d’eau seront nécessaires :

• Non arrosage des espaces verts ;
• Plantation d’espèces végétales adaptées à la sécheresse ;
• Non remplissage des piscines ;
• Récupération des eaux domestiques…

Mais ces pratiques, seules, ne règleront pas le problème car très insuffisantes. Nous devrons, avant tout, retenir l’eau lorsqu’elle tombe et évite de l’envoyer, en abondance, vers la mer.

Malgré le dérèglement climatique, il y aura toujours, avec moins de fréquences, bien sûr, des pluies, des orages que nous devrons apprendre à dompter le long de nos fleuves, de nos rivières.

Pour cela la construction de nouveaux barrages s’impose, ceux de la Bouilleuse, Vinça et caramany avec une retenue totale possible de 60 à 65 millions de m3 resteront les solutions majeures du département. Mais de nouveaux sites de petite capacité (5 à 6 millions de m3) peuvent encore trouver leur place, ils permettront, en période estivale, lorsque le littoral fait le plein de touristes, que l’agriculture est fortement demandeuse en eau, de faire le lien et assurer nos besoins. Les hautes vallées de la Têt, du Tech et de l’Agly regorgent de sites propices à ces constructions modestes. Nous devrons aussi repenser aux retenues collinaires, à la mise en place de bassines…

Nous devrons aussi nous intéresser, rapidement, à l’énorme réserve d ’eau douce que renferme le massif des Corbières. Cette barre calcaire qui s’étend sur une soixantaine de km, en bordure de notre département entre Salses et Quillan, présente des cavités aux volumes impressionnants, des rivières souterraines regorgeant d’eau douce ayant la particularité de se recharger rapidement à la moindre pluie.

Autre solution à étudier, amener l’eau du Rhône, par le truchement du canal du Bas Rhône-Languedoc (canal Philippe Lamour).

Un projet d’adduction d’eau du Rhône à Barcelone avait été travaillé par le B.R.L. en 1995 et repris par Christian Bourquin en 2000-2001 lorsqu’il était président du Conseil Général des P-O. Il avait, à l’époque, judicieusement proposé aux Catalans du Sud d’autoriser le passage du tuyau sur le territoire départemental à condition d’avoir un droit de tirage d’eau gratuit en période estivale.

Malheureusement, les lenteurs administratives françaises, feront que ce projet ne verra pas le jour, mais non enterré, car les Catalans du Sud préfèreront, momentanément, construire une usine, la plus grande du monde, de désalinisation de l’eau de mer, près de Tarragone.

Ce procédé, très onéreux et écologiquement contestable est aujourd’hui très critiqué et nous pourrions revenir au projet initial, pour le plus grand bien de tous.

La situation des nappes phréatiques, par contre, est plus complexe, mais là aussi des solutions existent. Si nos retenues, nos capitalisations d’eau stockées devenaient abondantes, nous pourrions revenir à des pratiques ancestrales qui assureraient la réalimentation des nappes phréatiques :
• Laisser couler l’eau des canaux dans les rivières en hiver notamment, pour recharger les nappes.
• Retour à l’arrosage gravitaire ou à pleine eau, pour certaines cultures. Car cette eau n’est jamais perdue ou gaspillée, elle s’infiltre dans les sols et recharge les nappes.

Les solutions ne manquent pas. Certes elles ont un coût. Il faudra aussi changer les mentalités, les positions de certaines idéologies politiques, mais ce sera un passage obligé. A l’état, aux politiques de tous bords de convaincre, responsabiliser, d’affirmer des ambitions pour un avenir plus serein.

 

*Fernand Roig, ancien président du SYDETOM66 (Syndicat départemental de transport, de traitement et de valorisation des ordures ménagères des Pyrénées-Orientales).