De grands travaux sont entrepris depuis de longues semaines autour des quais de Port-Vendres. Ils étaient nécessaires
Les architectes et les concepteurs, les décideurs publics, avaient toutes les cartes en main pour réaliser un beau projet. Un projet qui aurait conjugué originalité, créativité, audace et subtilité. Celles des formes, certes, mais aussi des couleurs, des couleurs qui donnent de la gaieté, de la fantaisie et de la vie.
Mais non ! Rien de tout cela pour le moment ne voit le jour !
A mi-travaux, c’est une fastidieuse uniformité qui pointe son nez, comme un mauvais grain de levain qui fermente, un mauvais vin qui cache son aigreur…
A l’image de l’esplanade du Faubourg à Collioure, où la confrérie des carreleurs a laissé sa malheureuse empreinte indélébile, le minéral occupera une nouvelle fois toute la palette, un minéral insipide, fade, froid, quelconque et sans attrait, d’une immobilité tragique, sans aucune émotion.
L’idée de réhabiliter les pavés mis à jour par ces travaux en exploitant une perspective pavimenteuse hors du commun eût été un excellent choix. Un choix qui valorisait le pittoresque et l’inattendu, celui d’une chaussée dévoilant avec force et pertinence les vestiges d’un passé récent, celui de la reconstruction d’après-guerre.
Mais non ! Rien de tout cela !
Ces pavés seront recouverts d’un bitume des plus quelconque, des plus commun.
Quand on connaît le dessous des cartes, on apprend de vilaines choses. On fait puis on défait des jardinières. Leurs dimensions beaucoup trop grandes ont obligé, aussitôt construites, à les détruire ou les déplacer pour en reconstruire de nouvelles mieux adaptées. C’est le bal de la désinvolture, celui du manque de sérieux dans la préparation.
Qui débourse ? Qui paye ces erreurs ?
Si je continue mon tour de port, je ne peux que m’interroger sur la destination et l’utilité de cette pergola d’acier, son alignement froid, sans âme, aménagée sur un petit tiers de l’espace de l’ancien parking de la capitainerie. On y installera paraît-il des bancs et l’on y sera à l’ombre les jours de grande chaleur. Quel projet audacieux !
L’emplacement stratégique de ce lieu méritait une profonde réflexion. Privilégier l’ombre était le dernier des choix à faire. Présenter un jardin botanique aux essences méditerranéennes rares avait une autre allure, un lieu qui soit une ode à la lumière, à la diversité des couleurs et des parfums naturels de notre belle nature.
Je regrette de devoir dire que le choix des nouveaux lampadaires et de leur grossière esthétique est du plus mauvais goût, même si l’on a voulu « se la jouer modernité ». C’est raté !
Ce grand projet de rénovation élaboré entre le maire et les bureaux d’études commissionnés a-t-il donné une place aux échange avec la population ? Il semblerait que non ou alors je n’en ai pas eu vent! Des idées intéressantes auraient pourtant pu être proposées et prises en compte.
Vénus, déesse de la beauté, déesse éponyme de notre petit port, continue de grimacer, d’avoir le vertige et le souffle court. Son port, le Portus-Veneris, continue d’enlaidir dans ce décor d’opérette comme je l’écrivais dans ce même journal en ligne il y a quelques mois.
A quand le coup de grâce ?
Pierre Leberger (Conseiller municipal d’opposition à Port-Vendres pendant les mandats
de Jean-Jacques Vila et Jean-Pierre Roméro)