Le centre de vacances désaffecté “Les Palmiers”, à Banyuls-sur-Mer.

Excédés par la prolifération de SDF dans leur village, des commerçants de Banyuls-sur-Mer ont lancé récemment une pétition dans laquelle ils expriment leur ras-le-bol, soulignant que ces SDF “deviennent de plus en plus nombreux et de plus en plus nombreux (…)”.

Dans cette pétition, ils réclament notamment aux pouvoirs publics “de prendre les arrêtés municipaux nécessaires pour que les forces de l’ordre puissent interpeller et expulser les gens qui pratiquent la mendicité et le racolage sur la voie publique (…)”.

Dans le premier volet de notre enquête, publié hier dans ces mêmes colonnes, nous avons donné la parole à la direction du foyer Saint-Joseph, pointé du doigt dans cette pétition dont les auteurs demandent – “à tort” selon les élus de la Majorité municipale qui siège au Conseil de Banyuls-sur-Mer – “la fermeture de l’Accueil de nuit”.

A y regarder de plus près, la réalité des faits à l’origine de cette situation, qui semble empoisonner localement le quotidien de certains habitants, se situe ailleurs que dans l’environnement du foyer Saint-Joseph.

Dans ce dossier, la position officielle du maire, Jean Rède (UMP), est claire : “Il existe bien à Banyuls-sur-Mer un centre qui accueille principalement des familles avec des enfants, en situation précaire. Cette maison d’accueil, le foyer Saint-Joseph, a pour mission d’aider ces familles à se réintégrer de façon progressive et pérenne dans la société. Le centre peut héberger également, pour de très courtes périodes, jusqu’à six personnes, dans le cadre d’un Accueil de nuit. Il y a toujours eu à Banyuls-sur Mer des personnes Sans Domicile Fixe (SDF), certainement attirées par la situation de la commune ainsi que par les possibilités d’accueil temporaires existantes. Jusqu’à présent, et contrairement à ce qui se passe dans d’autres communes, cela ne posait aucun problème ne pouvant être résolu (…). L’ensemble immobilier que la rumeur a transformé en nouveau lieu d’hébergement est en fait un centre de vacances appartenant au comité d’entreprise de la société Total/ Elf Aquitaine, fermé depuis plusieurs années et laissé à l’abandon par ses propriétaires (…)”.

C’est effectivement cet ancien centre de vacances, “Les Palmiers”, qui est désormais sous les projecteurs de la Municipalité : “Après avoir été vandalisé et vidé de pratiquement tout le mobilier et matériel qu’il contenait, l’endroit a été transformé en “squat”, sans aucun entretien et souffrant d’un total manque d’hygiène. Ceci n’empêche pas que la rumeur, toujours elle !, fasse état de la possibilité d’y louer des chambres, alors que l’occupation des bâtiments est tout à fait illégale et dangereuse (…)”. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Jean Rède s’est appuyé sur ses pouvoirs de police “pour sommer les propriétaires de réagir en urgence (…)”.

Le maire de Banyuls-sur-Mer a obtenu jusqu’à présent que les lieux soient sécurisés – retrait de la citerne de gaz, piscine vidée… – il a également demandé de fermer les accès.

Les travaux demandés ont été réalisés, par exemple nombre d’accès au centre “Les Palmiers” ont été murés, une passerelle pour piétons facilitant l’entrée au site a été détruite, etc-etc.

Mais cela semblerait encore insuffisant, puisque la rumeur continue de sévir avec entêtement : un SDF affirme que sur place un individu “propose aux routards, dans le centre des Palmiers, une location hebdomadaire moyennant 50 euros…”. Le comble est que ce SDF a choisi de s’installer dans un caveau désaffecté du cimetière de la Réthorie, qu’il a bien sûr quitté depuis…

Bref, de rumeur en rumeur, l’affaire connaît un rythme pour le moins “Dali-rant”…

Jean Rède enfonce le clou : “Le centre de vacances Les Palmiers étant une propriété privée, seule une plainte des propriétaires eux-mêmes pourrait entraîner une intervention efficace des forces de l’ordre. Mais il semble que lesdits propriétaires ne se sentent pas assez concernés pour le faire… La seule solution satisfaisante actuellement, serait la vente de cet immeuble et sa réhabilitation ou sa destruction (…)”. Toujours selon le maire de Banyuls-sur-Mer, cette cession serait en bonne voie… Des investisseurs intéressés pour reprendre le programme se seraient déjà manifestés, certains d’entre eux auraient même été reçus en mairie, mercredi après-midi.

Pour les élus banyulencs qui, mercredi dernier, se sont rendus au foyer Saint-Joseph pour y rencontrer la direction et s’imprégner de l’ambiance des lieux, il est évident que “c’est cette confusion entre le foyer Saint-Joseph agréé et le squatt qu’est devenu le centre de vacances Les Palmiers, qui est à l’origine des informations erronées répandues sur la voie publique et qui ont conduit les responsables sociaux de communes environnantes (et jusqu’à la ville de Perpignan !), à prendre pour habitude de diriger les personnes en situation précaire et encombrante vers Banyuls-sur-Mer, provocant une détérioration inquiétante des relations entre les SDF eux-mêmes ainsi qu’entre eux et une partie de la population (…)”.

Cette conséquence d’une situation locale particulière, officiellement et énergiquement dénoncée par les élus, donne du grain à moudre à André Centène, président de l’association qui gère le foyer Saint-Joseph : “Vous voyez que nous n’avons rien à voir là-dedans ! Ce sont des phénomènes de groupes qui ne nous concernent pas (…)”.

Un autre phénomène vient compliquer cette situation déjà suffisamment complexe : la grave crise économique et sociale en Espagne ! 

Nombre de Catalans du sud espèrent trouver un mini-Eldorado en France… “Certains d’entre eux, isolés, témoigne un élu de Banyuls-sur-Mer, qui empruntent le train à partir de la gare de Cerbère, descendent au premier arrêt lorsqu’ils sont contrôlés sans billet. C’est-à-dire à Banyuls-sur-Mer ! Puisque nous sommes la première gare en venant du sud, de de l’autre côté des Pyrénées. C’est un facteur agravant pour nous, puisque ces personnes-là, totalement démunies, se greffent forcément autour des SDF, ou d’une partie de la population locale en difficulté sur le plan social… sans oublier une poignée de délinquants”.