Lundi soir, une touriste descend du TGV en gare de Perpignan, en provenance de Paris, et entre dans la première brasserie que son regard croise, côté avenue Charles-de-Gaulle.

Elle demande au cafetier : “Pouvez-vous m’indiquer un hôtel sympa dans les parages ? C’est juste pour passer la nuit car demain matin je dois prendre un train pour aller à Vernet-les-Bains”.

Le commerçant lui indique un hôtel tout proche. Elle s’y rend, pose ses bagages, et revient pour consommer un plat. Avant de s’installer, elle souhaite aller dans une épicerie juste pour faire deux-trois achats dont une bouteille d’eau minérale pour emporter avec elle le lendemain dans le train. Le cafetier l’envoie à la supérette du Centre-du-Monde, le G-20, situé à deux pas de là. Il lui montre le passage souterrain qui permet d’y accéder. Elle y va. Puis en revient un quart d’heure plus tard pour s’attabler.

  • “Alors, cela s’est bien passé ?”, lui demande à son tour le commerçant, histoire d’engager un brin de conversation.
  • “Ne m’en parlez pas ! A l’aller, dans ce passage souterrain, j’ai dû franchir une barrière de SDF qui n’ont cessé de me réclamer 1€… Mais ils n’ont pas été agressifs ; cela s’est plutôt bien passé… Au retour, c’est une autre paire de manches ! Je suis tombé sur un groupe de jeunes gens en casquettes qui m’ont littéralement harcelé pour… 10€. Je leur ai dit qu’il n’en était nullement question. Ils m’ont alors traité de tous les noms d’oiseaux, dont l’inévitable “Salope!”… J’ai continué ma route comme si de rien n’était”.

“Bienvenue à Perpignan !”, lui lance alors le cafetier. “C’est là mon lot quotidien, ce que je subis tous les jours en tentant d’écarter ces bandes de jeunes qui trafiquent aux abords de ma terrasse. J’avoue que ce n’est pas facile. Certaines fois j’ai envie de baisser les bras et de mettre la clé sous la porte pour aller me retirer dans le Haut-Vallespir ou en Conflent… Ras-la-casquette !”.

Le commerçant regagne son comptoir à l’intérieur de l’établissement. La cliente, confortablement installée en terrasse face à la gare, sirote tranquillement une boisson en attendant le plat du jour.

Un individu s’approche alors d’elle pour essayer de lui vendre des bijoux fantaisie. A deux tables d’elle, un autre consommateur la prévient : “N’achetez rien ! C’est du faux”.

Elle n’achète rien.

L’homme qui l’a avertie quitte sa table et part. D’un seul coup, derrière lui, déboule à vive allure un véhicule qui tente de le renverser volontairement. L’homme a le bon réflexe de s’écarter de justesse en se jetant sur la terrasse de l’établissement. Au volant du véhicule se trouvait le vendeur à la sauvette qui tentait d’écouler de faux bijoux en or.

Le cafetier sort immédiatement. Il a vu la scène depuis son comptoir. Il vient rassurer sa clientèle, dont la passagère du TGV : “ça va Mme, rien de grave ?”. Et celle-ci de lui répondre illico : “Vous savez, je vis à Paris. Et à Paris, croyez-moi, ça bouge ! Mais, là, j’avoue, ce que je viens de vivre, à Perpignan, en une durée de temps aussi courte, c’est exceptionnel. Je n’avais jamais connu ça ailleurs. Quel concentré !”.