La Toussaint, le moment privilégié de l’année où le souvenir de ceux qui sont partis, toujours aussi chers à nos cÅ“urs, sont présents dans nos pensées. C’est le souvenir de nos proches, mais aussi celui de celles et ceux ayant fait l’histoire de notre village qui refait surface en ces journées du souvenir. Il en est ainsi de la famille Arago. Famille prestigieuse pour Estagel, mais en fait, pour notre pays, la France

 

Pour le quart d’heure, il est question dans nos propos de Marie Roig, femme de François Bonaventure Arago, mère de la fratrie dont François Arago a été le plus illustre des fils, en tout cas, le plus connu.

 

Devoir de mémoire

 

Il se trouve, qu’en ces jours de Toussaint, à la suite d’une rencontre, avec une personne résolument d’Estagel, mes pas de visiteur du cimetière, ont été orientés vers les tombes de la famille Arago. Il est vrai que mon père, aujourd’hui disparu, et par soucis certainement de passer le relais de cette mémoire du village, alors que je n’étais qu’un gamin, m’avait montré cet endroit du cimetière dit ”vieux”, où se trouvent ces tombes. Vous entrez dans le cimetière, vous prenez la légère pente pour arriver en haut. Sur votre gauche et dans le coin, votre curiosité sera récompensée.

 

Marie Arago-Roig

 

Trois tombes sont visibles. Une seule, malheureusement, peut être identifiée. C’est celle de Marie Arago-Roig dont Maurice Daumas* dans son livre, ”Arago, la jeunesse de la science” disait : “digne et brave pagesa, portant fièrement le bonnet catalan, à l’Å“il vif, étincelant, à la voix fine et vibrante…” et encore ‘‘Par la pensée elle suivait leurs (les fils) carrières tourmentées, satisfaite sans doute de les savoir célèbres, mais craignant toujours que les soubresauts de la vie publique, à laquelle ils se mêlaient, ne leur fussent dangereux”.

Marie Arago-Roig, est née à Corneilla-la-Rivière le 3 novembre 1755. Elle est décédée à Estagel le 5 septembre 1845.

Nous pouvons dire, sans peur de nous tromper, que depuis la date de son décès, uniquement le strict minimum d’entretien a été accompli par les diverses municipalités qui se sont succédé depuis lors.

Soyons clairs ! La question n’est pas de savoir qui a fait ou pas. La question est d’avoir le souci de faire et de réparer cet oubli, cette injustice.

Ceci d’autant plus, que dans tous les écrits que vous pourrez entreprendre de lire sur la famille Arago, tous les historiens qui ont rédigé ces ouvrages, ne manquent pas de louanges pour cette femme présentée comme exemplaire à plus d’un titre.

Le souvenir qui lui est dû, doit être honoré par notre village.

Cela passe immanquablement, par un entretien amélioré de sa sépulture, une mise en lumière de cette dernière.
Ainsi, tous les ans, pour la Toussaint, les habitants d’Estagel, avec un bouquet de fleurs, pourront honorer la mère de François Arago, mais aussi rendre hommage à cette illustre famille. Ils pourront ainsi, passer le relais du devoir de mémoire aux générations futures.

Il est à noter que Félix Savary**, astronome, est aussi enterré dans ce coin du cimetière. Sous les conseils de F.Arago son ami, il était venu se soigner à Estagel, hébergé par la famille Morat, il n’en est plus reparti.

Dans le même esprit, pourquoi ne pas donner le nom de Marie Arago-Roig à la prochaine inauguration d’une avenue par exemple ? Ou alors, placer la prochaine journée de la femme qui se déroulera cette année 2025 le 8 mars, sous la clé de son souvenir ?

 

Joseph Jourda

**Félix Savary – Naissance : 4 octobre 1797 à Paris – Décès : 15 juillet 1841 à Estagel (Pyrénées-Orientales)
Félix Savary est un astronome français. 1830 à 1842. Professeur d’astronomie, de géodésie et de machines, à l’École Polytechnique. 1836. Membre du Bureau des Longitudes. Élu, le 24 décembre 1832, membre de l’Académie des Sciences (section d’Astronomie).

*Maurice Daumas – (Béziers, le 19 décembre 1910 – Paris, le 18 mars 1984) est un chimiste et historien français, l’un des pionniers de l’histoire des techniques en France. Il consacra une partie essentielle de son travail à l’archéologie des techniques et au patrimoine industriel français.